From A European Private Collection, Formerly the Property of Her Imperial Highness Princess Neslishah Abdelmoneim, A superb suite of imperial jewels, a magnificent and unique diamond parure, mid-19th century. Est. in the region of $10 million. Photo Sotheby's

Dans le cadre de sa vente de haute joaillerie du 15 novembre 2011, Sotheby’s Genève présentera une superbe parure de joyaux impériaux. Cette pièce unique est sans doute la plus importante parure de diamants de couleur anciens mise aux enchères depuis 50 ans. Issus d’une collection privée européenne, ces joyaux uniques, estimés à environ 10 millions de dollars*, ne sont pas apparus sur le marché depuis 1963.

Selon David Bennett, Président du Département de Haute Joaillerie de Sotheby’s pour l’Europe et le Moyen-Orient et Co-Président de Sotheby’s Suisse: «Il est difficile d’exagérer la rareté de tels joyaux. Il s’agit de l’une des plus somptueuses parures de bijoux anciens que j’ai vues au cours de ma carrière. Le [ait qu’elle réapparaisse sur le marché après près de 50 ans constitue un véritable événement. »

Comprenant un collier, une broche et une paire de boucles d’oreilles datant de la moitié du XIXème siècle, cette parure en diamants est composée de joyaux ayant très certainement été offerts par l’impératrice Catherine 1ère de Russie, épouse de Pierre le Grand, au 23ème Sultan ottoman, Ahmed III (1673-1736) dans le but de négocier la paix avec la Sublime Porte après la bataille du Pruth. En novembre 1710, l’Empire Ottoman, poussé par la France et le roi de Suède Charles XII, avait déclaré la guerre à la Russie. Après avoir tenté d’envahir la Moldavie, les troupes tsaristes se trouvèrent assiégées sur une rive du Pruth en juillet 1711.

Voltaire, qui a consacré un chapitre entier à la « Campagne du Pruth» dans son Histoire de l’Empire de Russie, sous Pierre-le-Grand (1759), décrit comment, après des jours de siège, Catherine« persuada son époux de tenter la voie de la négociation ». « C’est la coutume immémoriale dans tout l’Orient, quand on demande audience avec souverain ou avec leur représentants, de ne les aborder qu’avec des présents. Catherine rassembla le peu de pierreries qu’elle avait apportées dans ce voyage guerrier » et les fit porter avec une lettre du Tsar au Grand Vizir. Le présent de l’impératrice fut accepté et la paix signée.

Il semble que les joyaux de l’impératrice Catherine aient ensuite intégré les Trésors de la couronne ottomane. La tradition veut que le Sultan Abdul-Hamid II (1842-1918) ait offert le collier sous sa forme actuelle à l'épouse du Prince Tawfik Pacha, Vice-Roi d’Egypte pour la naissance de l’héritier au trône, Abbas II Hilmi Paa (1874-1944). Née Princesse Emine-Nacibe Hanimefendi, la « Sultane Valida » devint l’une des femmes les plus puissantes de la région. A la mort de son époux, elle dirigea le royaume aux côtés de son fils jusqu’en 1914, date à laquelle I’Egypte devint un protectorat britannique. Détrôné, le dernier khédive d’Egypte s’exila à Genève où il mourut en 1944. Son fils, le Prince Muhammad Abdul Moneim (1899-1979) était l’époux de la Princesse Neslishah Abdul Moneim qui consigna la parure lors de sa vente chez Christie’s Londres le 22 mai 1963.

1 Voltaire, Histoire de (‘Empire de Russie, sous Pierre4e-Grand (1759), Chapitre XX.