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Alain.R.Truong
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8 novembre 2011

Sotheby's Paris to sell important items owned by antiques dealer Adriano Ribolzi

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Important Pair of Gilt-Bronze Tritons – circle of Gianlorenzo Bernini (1598-1680), Rome, early 18th century. Estimate: €200,000-400,000 / $274,850-550,000. Photo: Sotheby's.

PARIS.- Sotheby’s Paris to offer for sale on 30 November 2011 an Important Collection of Furniture & Works of Art owned by antiques dealer Adriano Ribolzi. This refined and homogenous ensemble consists of a hundred works presenting a rich overview of late 17th and 18th century French creativity: cabinet-making, furniture, bronzes, carpets and precious textiles, along with scientific objects, are all represented by major works from the period. Throughout his career Adriano Ribolzi, a highly cultivated man with an in-depth knowledge of the art market, has rigorously selected works imbued with the characteristics sought by the world's most demanding connoisseurs.

'The criteria guiding my choices have always been perfect quality, aesthetic appeal and authenticity. I believe that the evocative nature of a work
of art lies in the simultaneous perception of its timeless aesthetic value and the circumstances in which it was created, which help us appreciate its origins. Its beauty then assumes its true emotional dimension.'– Adriano Ribolzi

After studying art and specializing in interior design, Adriano Ribolzi became the first foreign antiques dealer to open a gallery in the Principality
of Monaco, in 1974. He was pursuing a family tradition: his father opened his first gallery in Lugano back in 1920.

Adriano Ribolzi holds to the view that, whatever the period or field of art, it is quality and intrinsic value alone which matter. He has established a reputation as a refined connoisseur of works of art, which he selects with exemplary rigour and scholarship. His professional career has been studded with success: his first participation in the Florence Biennale, in 1971, saw him receive the city's Gold Medal; for ten years he was a committee-member of the world's leading antiques fair, TEFAF Maastricht – where he has exhibited for 18 years, and remains a member of the experts' vetting commission. In 2007 he was made an Officer of the Order of St Charles by Prince Albert II, and in 2009 received the Monaco Medal of Cultural Merit from Princess Caroline of Hanover.

For over 50 years his eye, appreciation of works of art, technical skill and artistic knowledge have guided his choices, and these gifts have been constantly acknowledged by the international market. Although he has now decided to offer part of his collection for sale at Sotheby’s, Adriano Ribolzi continues to enrich his holdings of French 18th century furniture and Old Master paintings. Since 2009 has also added a new string to his bow: modern and contemporary art. In 2010 his gallery staged an exhibition of works by Raza, Husain and Souza, three of India's leading contemporary artists; it was the first time their work had been shown in Monaco.

Perhaps the highlight of the collection is an important Régence brass, ebony and gilt-bronze marquetry bureau plat (c.1720), which illustrates a key moment in the evolution of taste and style. The bureau plat had been designed and introduced by A.C. Boulle a decade earlier; here we see a refined version that already announces the premises of the Louis XV style, while retaining Louis XIV marquetry motifs heightened in gilt-bronze in a way that is already typical of the Régence period (est. €300,000-500,000 / $412,000-687,000).

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Important Régence brass, ebony and gilt-bronze marquetry bureau plat (c.1720). Bureau plat en marqueterie ^pemière partie de latoin et d'ébènen et bronze doré, d'époque Rége,ce, vers 1720. Photo: Sotheby's.

la marqueterie à décor de rinceaux, richement ornée de bronzes dorés tels que lingotière godronnée, écoinçons aux masques de satyre, chutes d'angle à têtes de femme, poignées, entrées de serrure et sabots ; ouvrant à cinq tiroirs en ceinture, dont deux plus petits au-dessus des tiroirs latéraux sous le plateau ; dessus de cuir ocre ; (cuir remplacé). Haut. 78 cm, larg. 178 cm, prof. 85,5 cm. Height 30 3/4 in; width 70 in; depth 33 2/3 in Estimate : €300,000-500,000 / $412,000-687,000.

PROVENANCE: Vente à Paris, le 28 novembre 1927, lot 70

Ancienne collection galerie Didier Aaron, Paris

Vente Christie's à New York, le 18 mai 1989, lot 131

BIBLIOGRAPHIE : G. Janneau, Les Grands Meubles, Paris, 1977, pl. XI

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES : P. Grand, "Le mobilier Boulle et les ateliers de l'époque", in L'estampille, l'Objet d'art, février 1993

C. Demestrecu, Le style Louis XIV, Paris, 2002

C. Demestrecu,  Le style Régence, Paris, 2003

NOTE: Notre bureau plat appartient à un ensemble de bureaux présentant les mêmes proportions, les mêmes enroulements de marqueterie au sommet du pied et des motifs de marqueterie de cuivre en arabesques et clochettes identiques sur la façade du tiroir central.

- Celui de l'ancienne collection Didier Aaron, Paris, reproduit dans le catalogue n°IV de la galerie, n° 28.

Probablement le plus proche de celui présenté avec notamment les caractéristiques mentionnées supra et la bordure du plateau marquétée et son quart-de-rond godronné orné des mêmes écoinçons. Le notre présente la particularité de posséder deux petits tiroirs au-dessus des tiroirs latéraux alors qu'ils sont simulés sur l'autre.

- Celui de l'ancienne collection Bernard Steinitz , vente Me Millon, St-Ouen, le 11 novembre 1993, lot 654.

-Celui de la vente Sotheby's à Paris, le 24 juin 2000, lot 80 puis galerie Partridge, reproduit dans "Recent acquisitions", Londres, 1995, n° 30.

Ce dernier possède une ceinture plus simple, l'idée de la superposition des tiroirs ayant été abandonnée. Il est néanmoins très intéressant car fait le trait d'union avec certains bureaux plats attribués à André-Charles Boulle qui ont la particularité de posséder un épaulement du haut du pied beaucoup plus massif et trapu tel que l'on peut le voir sur un dessin conservé au musée des arts décoratifs à Paris (inv. 723. B2). Notre bureau pourrait être une évolution de ce type de bureau réalisés une dizaine d'années plus tôt.

Les sources d'inspirations communes des ateliers parisiens réalisant de la marqueterie de cuivre et les échanges entre ces ateliers au début du XVIIIe siècle rendent très délicate toute attribution à tel ou tel ébéniste qui travaillait dans la mouvance de Boulle.

Un dessin de Robert de Cotte, vers 1715 (reproduit ci-dessus) montre également une étape dans l'évolution des formes des bureaux plats par rapport à ceux, légèrement antérieurs d'André-Charles Boulle dont les projets nous sont parvenus. L'évolution vers plus de fluidité est déjà perceptible.

Another eagerly awaited piece is sure to be a Louis XVI ebony-veneered table with pewter and gilt-bronze inlay, stamped A. Weisweiler (est. €250,000-400,000 / $343,500-549,700). Such tables are typical of the Weisweiler pieces sold by Dominique Daguerre towards the end of Louis XVI’s reign, when the revival of taste for the antique was in full swing, with the more severe ‘Greek taste’, adopted a few years earlier, giving way to the ‘Arabesque’ or ‘Etruscan’ styles; the patinated bronze vase on the crosspiece reflects this perfectly. Two pairs of almost identical tables are to be found in the Nissim de Camondo Museum in Paris and the Wrightsman Collection in the Metropolitan Museum in New York.

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Table à l'étrusque en placage d'ébène, poirier noirci, filets d'étain et bronze doré d'époque Louis XVI, vers 1785-1790, estampillée A. Weisweiler. A giltbronze mounted ebonised pear-wood, pewter inlaid and ebony table, Louis XVI, circa 1785-1790, stamped A. Weisweiler. Photo: Sotheby's.

la ceinture moulurée, reposant sur quatre pieds fuselés à facettes et cannelures simulées en étain, réunis par une entretoise en X ajourée et ornée en son centre d'une aiguière en bronze patiné, les pieds terminés par des roulettes ; dessus de marbre Verde Antico encastré. Haut. 80 cm, larg. 56,5 cm, prof. 41,5 cm - Height 31 1/2 in; width 22 1/4 in; depth 16 1/3 in. Estimate €250,000-400,000 / $343,500-549,700

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES: F.J.B Watson, The Wrighstman Collection, vol. I, 1966, pp. 220-221, n° 115 A-B

P. Lemonnier, Weisweiler, Paris, 1983, p. 185

NOTE: Adam Weisweiler, ébéniste reçu maître en 1778

Ce type de table est typique de la production de Weisweiler et commercialisée par Dominique Daguerre à la fin du règne de Louis XVI, l'une est décrite dans l'inventaire après-décès du marchand-mercier : XXIX ...une petite table quarrée longue établie en ébene avec pieds en guêne à cannelures d'étain entrejambe à filets, baguette et carderons en cuivre doré et marbre moucheté vert et blanc prisé quatre cent livres. 

Le renouveau antique est en pleine vogue, le strict "goût grec" adopté quelques années plus tôt a tendance à se modérer pour être qualifié de "goût arabesque" ou "goût étrusque". C'est d'ailleurs en 1786 que le comte d'Angivillier, Directeur général des Bâtiments du Roi et des manufactures, achète la collection de vases étrusques de Vivant Denon qu'il destinait au Louvre mais dont il avait pris le soin d'expédier à Sèvres les modèles qui pourraient "être utiles pour donner de charmantes idées de décoration" (voir C. Baulez, "Vers un retour des Sèvres", Revue du Louvre 5/6, 1991). Le vase en bronze patiné ornant l'entretoise de notre table en est une illustration parfaite. Des artistes comme Hubert Robert, ambassadeur de renouveau classique, ont puisé dans les formes antiques leur inspiration comme on peut le voir sur un dessin reproduit ci-dessus.

Il existe quelques exemples de tables identiques, parfois estampillées de Weisweiler :

- Une paire probablement livrée en 1785 par le marchand-mercier Dominique Daguerre au comte Stroganoff à St-Petersbourg, puis vendue par le gouvernement soviétique, galerie Lepke à Berlin, le 13 mai 1931, lots 185 et 186, et acquise par Moïse de Camondo. Cette paire est toujours conservée au musée Nissim de Camondo à Paris, inv. CAM 242. Cette paire est estampillée et possède sur l'entretoise un vase en forme d'aiguière.

- Une table achetée chez Jacques Helft & Cie à New York en 1946 et présentée en vente chez Christie's à Paris, le 16 décembre 2008, lot 230. Non estampillée ; sans vase d'ornement sur l'entretoise. Elle sera mise en vente chez Sotheby's à Londres le 6 décembre 2011.

- Une paire de tables conservée autrefois dans la collection Wrightsman, provenant de l'ancienne collection Potocki au château de Lancucki en Pologne, présente les mêmes caractéristiques, mis à part les plateaux qui sont en porphyre d'Egypte. Elle fut vendue chez Christie's à New York le 3 octobre 1993, lot 402, puis galerie Steinitz, Paris. Estampillées ; sans vase d'ornement.

-Une table similaire se trouvait sur le marché de l'art parisien en 2006 (galerie Steinitz). Estampillée, sans vase d'ornement. 

Gilt-bronze items include a sumptuous pair of bronze Régence wall-lights with winged infants (c.1730), derived from a 1730s design by Gilles-Marie Oppenordt, engraved by Hucquier for the Livre de Différentes Décoration d'Appartements par G. M. Oppenordt Architecte. The elaborate design of these lights reflects the remarkable savoir-faire of Paris bronziers, and the supreme quality of their chasing and gilding (est. €40,000-60,000 / $55,000-82,500).

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Paire d'appliques aux enfants ailés en bronze doré d'époque Régence, vers 1730. A pair of giltbronze wall-lights, Régence. Photo: Sotheby's.

chaque enfant portant deux bras de lumières en enroulement, à décor de feuillages, supportant des bassins et des binets asymétriques ; les culs-de-lampe terminés par des roses Quantité: 2. Haut. 50 cm, larg. 27 cm - Height 19 2/3 in; width 10 2/3 in - Estimate €40,000-60,000 / $55,000-82,500

PROVENANCE: Ancienne collection Jacques Guerlain

LITERATURE: C. Demetrescu, Le style Régence, Paris, 2003

NOTE: L'inspiration de ces appliques est un dessin de Gilles-Marie Oppenordt des années 1730 gravé par Hucquier dans le Livre de différentes décoration d'appartements par G. M. Oppenordt architecte. Sur le dessin de Oppenordt, on observe des figures en forme de termes dont le bas du corps se prolonge en un mouvement sinueux terminé par du feuillage et une gerbe de fleurs. Comme sur le dessin, les personnages tiennent les bras de lumière qui se terminent
par des bassins et bobêches différents. Plusieurs modèles aux enfants sont connus, mais à chaque fois on retrouve une composition caractéristique, à la fois vigoureuse et asymétrique.
Les bronziers firent preuvent d'une grande imagination, adaptant à cette structure différents personnages : enfants ailés, dieux antiques et figures mythologiques ou exotiques.
Parmi les différents modèles, on note toutefois une forte analogie avec la paire d'appliques passée en vente chez Sotheby's à Monaco le 20 juin 2000, lot 98 mais plus encore avec celle de la vente Christie's à Monaco le 20 juin 1994, lot 142, on peut aisément imaginer qu'elles furent réalisées dans le même atelier.
Gilles-Marie Oppenordt (1672-1742), l'un des principaux ornemanistes de la Régence, devint l'architecte attitré du Régent, duc d'Orléans (1674-1723) qui le nomma directeur des Manufactures Royales. Toutefois, sa principale activité fut celle d'un architecte d'intérieur. Il participa notamment à la décoration du Palais Royal (où il réalisa vers 1720 le célèbre salon d'angle), puis, sous la direction de Robert de Cotte au décor des palais de l'Electeur de Cologne. Dans certains décors parisiens, comme le salon de l'hôtel d'Assy (1719), on voit les motifs d'espagnolettes qui devaient influencer toute une génération d'ornemanistes, bronziers et ébénistes.

Equally refined is another pair of gilt-bronze Régence wall-lights, attributed to André-Charles Boulle, with two scrolling branches decorated with fruit and  foliage (est. €50,000-80,000 / $68,700-110,000).

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Paire d'appliques en bronze doré d'époque Régence, attribuée à André-Charles Boulle. A pair of giltbronze wall-lights, Régence, attributed to André-Charles Boulle. Photo: Sotheby's.

à deux bras de lumières en enroulement, à décor de feuillages et fruits, supportant des bassins et des binets asymétriques. Quantité: 2. Haut. 46 cm, larg. 23,5 cm - Height 18 in; width 9 1/4 in - Estimate €50,000-80,000 / $68,700-110,000

LITERATURE: J. N. Ronfort et alii, André-Charles Boulle, un nouveau style pour l'Europe, cat. expo. Kunst Museum, Frankfurt, octobre 2009-janvier 2010

NOTE: Ce type d'applique, à la composition feuillagée et très naturelle appartient typiquement au répertoire des bras de lumières dessinés par André-Charles Boulle illustrés sur la planche 8 des Nouveaux desseins de meubles et ouvrages de bronze et de marqueterie inventés et gravés par André-Charles Boulle chez Mariette.

Les bras proprement dits sont très mouvementés, avec des enroulements caractéristiques, ils possèdent le même répertoire ornemental, volutes feuillagées, graines et sphères godronnées. Ils sont l'aboutissement d'un enchevêtrement de feuilles d'acanthe sur lesquelles se détachent des pampres et feuilles de vignes (comme celles figurant sur la paire d'appliques vendue chez Christie's à New York, le 21 octobre 1997, lot 14). Une paire d'appliques identique a été vendue à Paris, palais d'Orsay, le 14 décembre 1979, lot 100.

Masterful 18th century seating is also prominent. An extraordinarily creative  Louis XVI sofa attributed to Louis Delanois reflects Delanois' contribution to the renewal in classical taste (est. €50,000-80,000 / $68,700-110,000).

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A rare carved, painted and giltwood sofa, Louis XV, circa 1768, attributed to Louis Delanois. Rare canapé à châssis en bois sculpté, laqué vert d'eau et rechampi or d'époque Louis XV, vers 1768, attribué à Louis Delanois  Photo: Sotheby's.

le dossier médaillon et la ceinture sculptés d'une guirlande de fleurs, frise de rais-de-coeur et frise de perles ; les supports d'accotoir en enroulement, rehaussés de tiges grainées ; reposant sur des pieds fuselés à cannelures rudentées ; garni à châssis et recouvert de soie verte. Haut. 102 cm, larg. 130 cm, prof. 65 cm. Height 40 1/4 in; width 51 1/4 in; depth 25 1/2 in. Estimate €50,000-80,000 / $68,700-110,000

PROVENANCE:

- Ancienne collection Arturo Lopez-Willshaw

- Galerie Didier Aaron, Paris

- Ancienne collection Karl Lagerfeld, vente Christie's à Monaco, les 28 et 29 avril 2000, lot 48

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES:

- Svend Eriksen, Louis Delanois, menuisier en sièges (1731-1792), Paris, 1968

- Svend Eriksen, Early neo-classicism in France, Londres, 1974

- Bill G.B. Pallot, L'Art du siège au XVIIIe siècle en France, Paris, 1987

- Bill G.B. Pallot, "Les Sièges de la collection Karl Lagerfeld" in L'Estampille-L'Objet d'art n°346, avril 2000

NOTE: Louis Delanois, menuisier reçu maître en 1761

En juillet, puis en septembre de l'année 1768, Delanois, secondé par le sculpteur Denis Coulonjon, livrait successivement deux importants ensembles de sièges dont certains modèles se distinguaient par leur radicale nouveauté. La première commande émanait du comte Grimod d'Orsay ; la seconde, suivant les ordres de l'architecte Victor Louis, avait été exécutée d'après les dessins de Jean-Louis Prieur, afin de renouveler l'ameublement du palais royal Lazienki, alors résidence du roi Stanislas Auguste Poniatowski à Varsovie.

Dans le mémoire de Delanois adressé au comte d'Orsay était fait mention, entre autres, de quatre fauteuils « les dossiers oval et les pieds à gaine », qui n'avaient donc plus guère en commun avec les sièges rocaille traditionnels.

Quant au palais Lazienki, sous l'influence de Louis et Prieur, il devint le reflet fidèle des dernières modes parisiennes ; déjà en 1764, lors d'une première campagne d'acquisitions menée à Paris par l'homme de confiance du roi, Casimir Czempinski, ce dernier avait affirmé : « Dans tous les achats que je fais, je donne la préférence au bel antique, au Grec décidé ». Les sièges de Delanois connurent un tel succès à Varsovie que des artisans polonais furent chargés de réaliser de nouveaux exemplaires afin de compléter l'ameublement de la demeure royale.

Le palais Lazienki conserve toujours une partie de ce mobilier. A quelques variantes près, notamment dans la sculpture de la ceinture, il s'agit du même modèle que le canapé présenté ici : sa principale caractéristique réside dans l'emploi de la console renversée comme support d'accotoir. D'autres sièges estampillés de Delanois présentent une structure similaire :

- une suite de sièges conservée au Metropolitan Museum de New York (ill. dans Eriksen, Louis Delanois, menuisier en sièges (1731-1792), pl. XXXV)

- une suite de six fauteuils (fig. 1 et 2), autrefois dans la collection Lopez-Willshaw, puis celle de Karl Lagerfeld, comme notre canapé, vente Christie's à Monaco, les 28 et 29 avril 2000, lot 47 (ill. dans Pallot, L'Art du siège au XVIIIe siècle en France, p. 190)

- une suite de six fauteuils conservée dans une collection particulière parisienne (ill. dans Eriksen, Early neoclassicism in France, pl. 165)

- une paire de fauteuils, autrefois dans la collection Ogden Phipps, vendue chez Sotheby's à New York, le 19 octobre 2002, lot 134

- un fauteuil conservé dans une collection particulière parisienne (ill. dans Pallot, op. cit., p. 288)

En exécutant cette série de sièges, Delanois traduisait à sa façon le goût grec en menuiserie. Au même moment, Heurtaut donnait une autre interprétation, moins tranchée, du mobilier néoclassique avec l'ensemble livré à la duchesse d'Enville pour son château de La Roche-Guyon (aujourd'hui conservé au Louvre) : la corne d'abondance y remplaçait la console renversée. Ces deux productions firent date et jouèrent un rôle décisif dans l'élaboration du style qui devait pleinement s'épanouir sous Louis XVI.

Then there are two armchairs by Georges Jacob (c.1780) with a most prestigious provenance: they were made for the Paris town-house of the Comte d’Artois at the Palais du Temple (est. €200,000-300,000 / $275,000-412,000). 

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Importante paire de fauteuils en bois sculpté et doré d'époque Louis XVI, vers 1780, estampillée G. Jacob et livrée pour le comte d'Artois au palais du Temple. An important pair of carved and giltwood armchairs, Louis XVI, circa 1780, stamped G. Jacob, delivered for the comte d'Artois at the Temple. Photo: Sotheby's.

à dossier plat, cintré dans le haut et sommé de panaches ; le dossier et la ceinture sculptés d'une guirlande de feuilles de laurier, et les supports d'accotoir ornés d'une frise d'entrelacs et de feuilles d'acanthe ; reposant sur des pieds fuselés à cannelures torses ; garnis à carreau et recouverts de soie brochée à décor de fleurs sur fond ivoire ; l'un des fauteuils marqué au feu du T couronné et au fer AT/GM, l'autre avec une trace d'étiquette ancienne, tous deux marqués à l'encre 1; (très légère différence dans le traitement de la sculpture entre les deux). Quantité: 2 - Haut. 97,5 cm, larg. 66 cm, prof. 70 cm - Height 38 1/3 in; width 26 in; depth 27 1/2 in. Estimate €200,000-300,000 / $275,000-412,000

NOTE: Georges Jacob, menuisier reçu maître en 1765

Le 6 aout 1775 naissait à Versailles le premier enfant du comte d'Artois et de son épouse, née princesse de Savoie. L'enfant fut tout de suite titré duc d'Angoulême par son oncle Louis XVI ; un an plus tard, le prince de Conti, cousin du roi, décédait, laissant sans occupant le palais du Temple.

Les biens de l'Ordre du Temple, après sa suppression en 1314, avaient été donnés à l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, dit aussi de Malte. L'enclos du Temple jouissait d'une quasi-extraterritorialité avec ses propres juridictions civile et criminelle. De nombreux artisans s'y étaient installés fuyant ainsi les poursuites du Parlement de Paris. Au centre s'élevait la fameuse tour ou donjon du Temple qui servit de prison à Louis XVI et à sa famille à partir de la fin août 1792.

A l'angle de la rue de la Corderie s'élevait le palais du Prieur, construit à partir de 1667 sur les dessins de Pierre Delisle Mansart. Remanié par Gilles Marie Oppenord (1672-1742), le palais fut à nouveau modernisé par le comte d'Artois. Louis XVI octroya ce palais à son neveu et l'honora du titre de « Grand Prieur de l'ordre de Malte en France ». Ce fut donc son père, le comte d'Artois qui, à titre de tuteur de son fils, s'appropria le palais en août 1776.

Il y entreprit immédiatement des travaux de rénovation, notamment dans le grand appartement qu'il s'octroya dans l'aile droite ; les petits cabinets situés au rez-de-chaussée furent également réhabilités, puis refaits en grande partie de 1782 à 1785 car les planchers, trop vermoulus, menaçaient de céder. Dans le même temps, au premier étage un petit appartement était aménagé somptueusement.

Ce fut le premier Architecte du prince, François Joseph Belanger (1744-1818), qui entreprit la rénovation de ces trois appartements. Le petit appartement du premier étage se composait d'une antichambre, d'une salle à manger, d'un salon de compagnie, d'une chambre, d'un boudoir et d'un cabinet turc, ainsi que de quelques pièces de commodité.

Au même moment, la reine Marie-Antoinette se faisait aménager un grand et un petit appartement au château des Tuileries, lui permettant de dormir à Paris quand elle allait aux bals de l'Opéra. Le salon de compagnie vit son décor sculpté limité à la corniche et aux dessus-de-porte ornés de médaillons traités en camée. Sur les murs, un somptueux Pékin peint par Félix de fruits et d'animaux fut tendu. Dans les quatre angles furent disposées des girandoles dont une paire venait d'être achetée à la vente Montribloud. Le lustre, restauré par Delaroue, fut complété par des chenets livrés par François Rémond.

Les sièges furent livrés le 22 décembre 1783 par Georges Jacob, menuisier attitré du prince : « Quatre fauteuils à la Reine cintrés en plan et en élévation, ornés et sculptés de tors de lauriers au pourtour des dossiers et des assemblages avec des feuilles d'acante sur la face des consoles et des entrelacs régnant sur la tête des accotoirs avec des petits parasols au-dessus des montants, les pieds en gaine cannelés, des rosaces dans les coins ». Ils furent alors dorés « du plus bel or fin et vernis » par le doreur Jean-Gilles Ramier. Ce mobilier était complété par un grand canapé, deux bergères et quatre fauteuils provenant d'un ancien mobilier appartenant au prince.

Réservé à la Révolution pour l'usage de l'administration républicaine, l'ensemble se composait d'un canapé, de deux bergères et de huit fauteuils toujours couverts de leur Pékin peint ; il fut envoyé au Luxembourg afin de meubler le cabinet du Directeur Barras « les bois sculptés richement, pieds à cannelures torses, dossier et ceintures à ornements de laurier en paquet et consoles à piastres le tout d'or bruni 2500 ». L'absence de marque du garde-meuble au XIXe siècle nous indique très certainement que ces sièges quittèrent les collections de l'Etat rapidement, soit par don, soit par vente. 

Precious rugs and textiles, key components of early 18th century furnishings, are other features of the collection, led by a rare Louis XIV Savonnerie needlework carpet dating from 1650-60 (est. €300,000-500,000 / $412,000-687,000).

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Tapis Au Point De La Savonnerie d'époque Louis XIV, vers 1650-1660. A Savonnerie manner carpet, Louis XIV, circa 1650-1660. Photo: Sotheby's.

à décor polychrome sur fond noir, à motif de bouquet de fleurs dans un cartouche ovale fleuri noué de quatre rubans bleus, les rubans retenant des rinceaux et des vases godronnés d'où s'échappent d'autres fleurs et fruits, dans un encadrement d'entrelacs à rosettes bleues ; la bordure ornée de rinceaux, cartouches et corbeilles de fleurs, dans un encadrement d'entrelacs à fleurettes vertes ; (réduit en longueur et en largeur ; une partie, correspondant à l'emplacement d'une cheminée, retissée postérieurement); 420 x 330 cm - 13 3/4 x 10 3/4 ft - Estimate €300,000-500,000 / $412,000-687,000

NOTE: Ce tapis, très probablement exécuté à la manufacture de la Savonnerie à Chaillot sous la direction des Lourdet, présente le même compartiment central qu'un tapis conservé au château de Vaux-le-Vicomte, également attribué à cet atelier (Un temps d'exubérance, Les Arts décoratifs sous Louis XIII et Anne d'Autriche, cat. expo., Paris, 2002, p.187-188). Sa bordure, à décor de cartouches et de corbeilles de fleurs, est à rapprocher de celle d'un tapis de la Savonnerie conservé au Louvre (inv. OA 6256) et de celle d'un autre exemplaire quasi-identique, visible à Waddesdon Manor.

On relève également dans l'inventaire du cardinal Mazarin en 1653 la mention d'un "un grand tapis de Savonnerie à fonds noir, dans le milieu duquel il y a une cartouche en ovalle, remplie de fleurs et de fruits, à l'entour de laquelle sont plusieurs branches de feuillages liées ensemble d'où sortent quantité de fleurs, et entre les dites branches il y a des pots remplis de fleurs et de fruits, le dit tapis ayant une grande frize remplie de fleurs, de pots et de panniers plains de fleurs entre deux petites bordures, l'une ornée de coquilles blanches, et l'autre de rozettes bleües et feuilles vertes".

En 1661, la reine Marie-Thérèse d'Autriche fait l'acquisition auprès de Lourdet d'un tapis très similaire, décrit plus tard dans un inventaire de 1684 : "237- Un autre tapis de la Savonnerie fonds brun [...], au milieu duquel est un gros bouquet de fleurs dans une bordure ovale de fleurs, liée de quatre rubans bleu, avec deux vazes bleus à godrons jaunes remplis de fleurs, et d'où il sort des rinceaux qui remplissent le hault et le bas dudit tapis, dans une grande bordure aussy fonds brun" (J. Guiffrey, Inventaire général du mobilier de la Couronne sous Louis XIV (1669-1705), Paris, 1885-1886, vol. I, p. 410). 

Le foisonnant décor de motifs floraux, mais aussi le fonds noir ou bleu nuit - dit "fonds brun" au XVIIe siècle - les rubans bleus, les vases godronnés, les corbeilles de fleurs, la frise de rosettes bleues, le tournesol figurant parfois au centre de la composition, sont autant d'éléments qui caractérisent donc la production des ateliers de la Savonnerie au début du règne de Louis XIV.

A superb ensemble of 17th and 18th century French and Italian bronzes headlines the sculpture and works of art.

An important pair of gilt-bronze candlesticks, after models by Gianlorenzo  Bernini (1598-1680) representing Tritons holding horns of plenty (Rome c.1700), will delight connoisseurs of Italian Baroque (est. €200,000-400,000 / $275,000-550,000). The elaborate subject and composition, and the exceptional chasing and finish of these magnificent bronzes, recall the Fontane del Tritone on Piazza Barberini, and Bernini’s Neptune fountain on the Piazza Navona in Rome. The strongly marked, African-looking facial traits evoke those of Bernini's famous Moor in the centre of the Fontano del Moro on Piazza Navona.

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Importante paire de tritons tenant une corne d'abondance vers 1700, d'après les modèles de Gianlorenzo Bernini (1598-1680). Italie, Rome. An important roman, circa 1700, pair of gilt-bronze tritons holding a cornucopia, after the models of Gianlorenzo Bernini (1598-1680); on painted wooden pedestals imitating porphyry. Photo: Sotheby's.

se regardant en face, les tritons tiennent une corne d'abondance dans le bras, leurs corps se terminant par une queue de dauphin. Quantité: 2.
en bronze doré et finement ciselé ; sur des socles en bois peint à l'imitation du porphyre . Haut. (bronzes) 31,3 cm ; larg. 13,5 cm; haut. (socles) 13,5 cm - Height (bronzes) 12 1/3 in; width 5 1/2 in; height (bases) 5 1/2 in. Estimate: €200,000-400,000 / $274,850-550,000

Références bibliographiques: C. L. Visconti, I Monumenti del Museo Torlonia, Rome, 1885, n° 193.

P. Vitali, Museo Torlonia, Rome, (s.d.), n° 41. 

C. Strunck, "Neue Überlegungen zur Künstlerfamilie Schor" dans Johann Paul Schor und die internationale Sprache des Barock. Akten des Int. Studientages des Bibliotheca Hertziana, Munich, 2008, p. 7-30 et p.97, fig.2. 

A. Angelini, cat. exp. Alessandro VII Chigi (1599-1667), Rome, 2000. 

T. Clifford, "John Bacon and the Manufacturers" dans Apollo, octobre 1985, p. 288-304.

NOTE: Ces importants Tritons en bronze doré montrent une forte influence des oeuvres de Gianlorenzo Bernini (1598-1680). Par leur sujet et leur composition, ces bronzes ne sont pas sans rappeler les marbres de la fontaine du Triton (vers 1642-3) au Palazzo Barberini, et la fontaine de Neptune sur la Piazza Navona (vers 1653-5), tous deux réalisés par Bernini à Rome au milieu du XVIIe siècle. Leurs traits de visage, légèrement négroïdes et marquants, rappellent tout à fait ceux du célèbre Moro en terre cuite du Bernin (au Kimbell Art Museum à Fort Worth. Montanari suggère une attribution à Johann Paul Schor (1615-1674), ornemaniste et orfèvre d'origine autrichienne, connu sous le nom de Giovanni Paolo Tedesco, élève du Bernin et de Pietro da Cortona à Rome. Selon lui, ces tritons demontrent une influence des dessins du Bernin pour les tables composées au centre d'un socle rocheux, très similaire à notre bronze. Schor participe à la décoration du Palazzo Quirinale avec Cortona et reconstruit d'après les dessins du Bernin, en 1659, la chapelle de la famille Chigi pour le pape Alessandro VII. De plus, Schor assiste le Bernin dans la réalisation de la monture en bronze doré de la Chaire de Saint-Pierre. On retrouve des tritons et chevaux marins sur le lit monumental dessiné par Schor en 1663 pour Contestabile Colonna (cf. C.Strunck, op.cit, p.97, fig. 2). Bernini décrit Schor, comme 'ce Tedesco, ... un homme ayant un fond de dessin et d'invention inépuisable, et propre à tout....'

Néanmoins, Schor est surtout réputé pour ses dessins d'ornemanistes et d'orfèvrerie, peu d'oeuvres sculptées ou bronzes sont connus de sa main, à l'exception d'une paire de bustes reliquaire en bronze à la chapelle de Madonna del Voto à Sienne (cf. Angelini, op. cit.).

Montagu rapproche nos bronzes à un Triton qui figurait au XIXe siècle au Palazzo Torlonia à Rome, un 'Tritone di bronzo che sorregge una tazza di porfido. Elegante modello di una fontana. I particolari anatomici nel torso espressi molto accuratamente'. Cette sculpture représente une composition identique d'un triton à queue de dauphin, agenouillé sur un rocher, et tenant un vase en porphyre à la place de la corne d'abondance (publié dans Visconti, op. cit. n° 193).

Il est intéressant de noter que ces tritons apparaissent dès 1773 dans le catalogue des biscuits de Wedgwood sous forme de candelabres décrits comme 'des modèles d'après Michelangelo' (haut. 11 inch.). Une correspondance de 1769 de l'architecte William Chambers à Josiah Bentley montre un dessin du triton, auquel a été rajouté un pendant avec une composition inversée pour former une paire.

Si on résume les études des différents historiens, il est certain que ces bronzes dérivent indeniablement d'un modèle de Gianlorenzo Bernini, dont la composition a sans doute été affinée par l'un de ses suiveurs. La qualité exceptionnelle de ces oeuvres, la précision de leur fontes et la finition de la ciselure est tout à fait caracteristique des bronzes romains de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. En s'inspirant de modèles de Gianlorenzo Bernini, elles ont sans doute été exécutées par l'un de ses successeurs.

Un examen de thermoluminescence, analysant les restes du noyau en terre cuite à l'intérieur du bronze, confirme une datation de la fonte entre 1650 et 1710, est disponible sur demande. 

Nous remercions Jennifer Montagu et Stefanie Walker pour leurs indications précieuses dans nos recherches.

Sleeping Ariadne was already a popular subject in France during the Renaissance, although the Louis XIV bronze version to be offered by Sotheby’s dates from the start of the 18th century (est. €30,000-50,000 / $41,000-69,000). Similar figures can be seen in the Palace of Fontainebleau; the Belvedere Courtyard in Rome; the Villa Corsini near Florence (formerly at the Villa Medici in Rome); and the gardens of Versailles.

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Ariane endormie. Marqué du C couronné; bronze à patine brune, sur un socle en marbre blanc. Epoque Louis XIV, début XVIIIe siècle  France  A french, Louis XIV, early 18th century brown patinated bronze reclining figure of the sleeping Ariadne, marked with the crowned C; on a white marble  Photo: Sotheby's.

vêtue d'une longue robe à l'antique enveloppant son corps, Ariane est allongée sur un lit, son bras droite levé pour soutenir sa tête, un serpent enroulé sur son épaule gauche. Quantity: 2. Haut. 21 cm ; larg. 37 cm ; prof. 12 cm ; haut. (socle) 12 cm ; larg. 41,5 cm - Height 8 1/4 in; width 14 1/2 in; depth 4 3/4 in; height (base) 4 3/4 in; width 16 1/3 in  Estimate €30,000-50,000 / $41,000-69,000

Références bibliographiques: G. de Bellaigue, The James A. de Rothschild Collection at Waddesdon Manor. Furniture, Clocks and Gilt Bronzes, Fribourg, 1974, t. 1, p. 31-35.

L. Seeling, "Ariadne und Kleopatra in Marmor und Bronze, Kopien und Variatione eines antiken Bildwerks", dans Die Welkunst, 15 octobre 1979, p. 2548-2549.

F. Haskell, Taste and the Antique, Londres, 1981, p. 184-187.

G. Bresc-Bautier et A. Pingeot, Sculptures des jardins du Louvre, du Carroussel et des Tuileries, Paris, 1986, t. II, p.376-378.

NOTE: L'Ariane endormie est un sujet très prisé en France, déjà depuis la Renaissance lorsque François Ier, en 1543, commande au Primatice un bronze grandeur nature d'après le marbre antique du Vatican pour le château de Fontainebleau (inv.n°M.R.3284). Jules II découvre en 1512 le marbre antique, copie romaine d'un archetype grecque, de Cléopatre ou Ariane endormie pour la placer dans la cour du palais du Belvedere. Une deuxième version figurait dans le jardin de la villa Médicis à Rome, avant d'être envoyée au musée archéologique à Florence en 1787. A la demande de Louis XIV, en 1684, Corneille Van Clève (1646-1732) réalise un marbre grandeur nature pour les jardins de Versailles.

Le poinçon au C couronné correspond à un impôt levé sur les objets en bronze, doré ou mis en couleur, apposé entre février 1745 et mars 1749.

Other exquisite works of art include Venetian door-knockers with angels (c.1600) (est. €20,000-30,000 / $27,500-41,000), and a bronze bust of Louis XV by Jean-Baptiste Lemoyne, dated and marked with the crowned C (est. €40,000-60,000 / $55,000-82,500).

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Beau marteau de porte, bronze à patine brune ; socle en pierre composite peinte à l'imitation du marbre, vers 1600. Italie du Nord, Venise. A North Italian, Venitian, circa 1600, bronze door knocker with two putti, surmounted by a shield of arms of the Malfatti or Sansedoni family.  Photo: Sotheby's.

deux Amours ailés dont les corps forment une queue de poisson enveloppée de feuilles d'acanthe; le haut orné d'un écusson. Haut. 34 cm ; larg. 28 cm - Height 13 1/3 in; width 11 in  Estimate  €20,000-30,000 / $27,500-41,000

Référence bibliographique: V. Krahn, Bronzetti Veneziani. Die venezianischen Kleinbronzen der Renaissance aus dem Bode-Museum Berlin, Berlin, 2003, p. 258, n° 78.

NOTE: Par leurs traits de visages et le modelé des cheveux, les Amours peuvent être rapprochés des oeuvres du sculpteur Niccolo Roccatagliata (1560-1636). La queue de poisson enveloppée d'une feuille d'acanthe est caractéristique d'éléments du décor architectural vénitien (cf. V. Krahn, op. cit., p. 252). L'écusson ornant le marteau de porte à été identifié comme les armoiries de la famille Malfatti de Padoue ou celles des Sansedoni de Sienne.

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Jean-Baptiste Lemoyne (1704 - 1778), Buste de Louis XV, signé et daté par.J.B. Le moyne. 1746. et marqué du C couronné. A patinated bronze bust of Louis XV by Jean-Baptiste Lemoyne, dated and marked with the crowned C (1745-1749). Photo: Sotheby's.

bronze patiné ; sur piédouche en marbre bleu turquin. Haut. 25 cm ; haut totale 37 cm - Height 9 3/4 in; total height 14 1/2 in  Estimate  €40,000-60,000 / $55,000-82,500

PROVENANCE: Vente Me Claude Aguttes, Neuilly-sur-Seine, 12 juin 2007, lot 210

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE: L. Réau, Une dynastie de sculpteurs au XVIIIe siècle, les Lemoyne, Paris, 1927.

NOTE: Fils du sculpteur Jean-Louis Lemoyne (1665-1755), Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778) fut l'un des plus éminents représentants de la sculpture française du XVIIIe siècle. Prix de Rome en 1725, professeur puis directeur de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1768, il eut notamment pour élève Augustin Pajou (1730-1809). Au même titre que le peintre Van Loo, il demeura durant quarante ans le portraitiste officiel et préféré de Louis XV, réalisant notamment sa statue équestre à Bordeaux et son monument à Rennes, mais également quantité de bustes et statues du monarque. Selon Louis Réau, une dizaine d'exemplaires de ce buste de Louis XV subsiste encore aujourd'hui. Le regard dirigé vers la droite, le souverain est représenté cuirassé à la Romaine, ses longs cheveux tombant sur son épaule gauche, arborant une cape fermée par une agrafe fleurdelisée. Marqué du poinçon au C couronné, qui correspond à un impôt levé sur les objets en bronze, doré ou mis en couleur, apposé entre février 1745 et mars 1749, notre bronze se distingue par sa belle patine brune à vernis translucide et par la finition de sa surface finement ciselée.  

Given the close links between the arts and sciences throughout the 18th century, it is natural for the collection to contain a variety of scientific objects, such as a pair of Louis XVI celestial and terrestrial globes (est. €80,000-120,000 / $110,000-165,000) by François de Lalande (1732-1807) & Rigobert Bonne (1727-94); or an astonishing ensemble of 16 watercolour-drawings portraying scientific apparatus and physical instruments (est. €20,000-30,000 - $27,500-41,000) by P.C. de la Gardette (c.1745-81), once owned by Marie-Joseph d'Albert d'Ailly, 5th Duc de Chaulnes (1741-92).

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Paire de globes célestes et terrestre d'époque Louis XVI , par Lalande (1732-1807) et Bonne (1727-1794). A pair of celestial and terrestrial globes, Louis XVI , by Lalande (1732-1807) and Bonne (1727-1794). Photo: Sotheby's.

le globe céleste portant l'étiquette imprimée GLOBE CELESTE ou toutes les étoiles observées jusqu'à présent sont réduites à l'anée 1800 [...] M. DE LA LANDE de l'Acad. Rle des Sc. 1775 et l'inscription Avec Privilège et Approbation de Mrs de l'Académie Rle des Sc.es / A PARIS Chez Lattré Grav. ordin.re de M. le Dauphin et de M. le Duc d'Orléans ; 
le globe terrestre portant l'inscription GLOBE TERRESTRE dreffé par M. Bonne, Premier Hydrographe du Roi au Depôt de la Marine, avec Privilège et Approbation de Mrs de l'Académie Rle des Scienc. 1776 et l'inscription A PARIS Chez Lattré Graveur ord.re du Roi, de Monseig. le Duc D'Orléans et de la Ville, rue S. Jacq. vis-à-vis la rue de la Parcheminerie 
Quantity: 2 . Diam. globes 32 cm, larg. support 47,5 cm - Diam. globes 12 1/2 in; width stand 18 2/3 in  Estimate €80,000-120,000 / $110,000-165,000

NOTE: Au tout début du XVIIe siècle, le fait de vendre les globes par paires, un céleste et un terrestre, est une pratique courante. La plupart du temps, les deux présentent le même diamètre et sont montés sur un socle semblable. C'est seulement à partir du XIXe siècle que la production de globes terrestres devient largement majoritaire et que celle des globes célestes se raréfie.

Dans un premier temps, les globes servent comme instruments auxiliaires de calculs astronomiques et d'observation.

Plus tard, l'uniformisation de la représentation de la terre et du ciel devient primordiale. Les premiers globes célestes découlent de la vision du firmament : les étoiles positionnées sur une large sphère, au sein de laquelle prennent place la terre, le soleil, la lune et les planètes. Les étoiles sont alors réparties par constellations qui portent des noms dérivés de la mythologie, souvent dessinées avec beaucoup de couleurs et de détails qu'il devient parfois difficile de les distinguer.

La construction des globes débute avec la fabrication de l'axe, une tige cylindre en bois, sur laquelle on place une sphère en plâtre simplement poncée. L'image en miroir des éléments de la carte est gravée sur une plaque de cuivre, ce qui demande une grande habilité car la transposition se fait en une douzaine de segments qui doivent être parfaitement ajustés sur la surface du globe. La sphère est ensuite montée sur un anneau-méridien, attaché à l'axe des pôles et comportant une graduation en degrés. Enfin, cette unité est fixée sur un support en bois qui permet de placer l'anneau du méridien dans un angle particulier et surtout de faire tourner la sphère autour de son axe.

La conception et la production des globes en France au XVIIIe siècle En juin et juillet 1666, les premiers savants de la future Académie des Sciences à se réunir sont des astronomes, afin d'observer l'éclipse de lune et de soleil depuis le jardin de l'hôtel Colbert, rue Vivienne à Paris. L'Académie royale des Sciences à Paris attire de nombreux artistes étrangers vers la capitale, comme l'astronome de Bologne, Jean-Dominique Cassini, qui dirigera l'Observatoire à partir de 1671 jusqu'à la fin de sa vie. La plupart des cartes éditées à cette époque sont « dessinées en accord avec les observations de ces Messieurs de l'Académie », gage de légitimité scientifique.

On assiste alors au début d'une politique royale de soutien aux mouvements scientifiques qui se multiplient dans toute l'Europe. Le souverain ajoute ainsi à sa gloire, la réputation d'être le monarque le plus moderne de son époque. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, une amplification des explorations due à une rivalité avec l'Angleterre conduise les Français vers le Pacifique. Les intérêts économiques et militaires dominent, ce qui a pour conséquence d'impliquer les scientifiques dans des entreprises à caractère clairement politique.

L'engouement de la bonne société pour les sciences au XVIIIe siècle est un fait établi. Certains savants sont reçus dans les salons de la capitale et les amateurs fortunés se constituent des cabinets abritant nombre d'instruments et autres belles « machines », favorisant ainsi l'émergence d'un nouveau marché, celui de l'ostentation scientifique. La production de globes se développe et se renouvelle régulièrement au fur et à mesure des découvertes.

Les globes de Lalande et Bonne. A la suite des fabricants français du début du siècle tels Nicolas Bion ou Guillaume Delisle, ou encore de l'abbé Nollet (voir les globes conçus et réalisés par l'abbé entre 1728 et 1730 et provenant du château de La Roche-Guyon, aujourd'hui conservés à la BNF), Charles-Marie Rigobert Bonne (1727-1795) et Joseph-Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) conçoivent cette paire de globes éditée par le graveur Jean Lattré (1722-1788), dont ce dernier fait ainsi la publicité en 1775 : « Nouveaux globes céleste et terrestre, d'un pied de diamètre, le céleste par M. de La Lande, le terrestre par M. Bonne ».

Ce n'est pas la première fois que l'ingénieur Bonne collabore avec Lattré : depuis 1771, ils se sont lancés dans la publication d'un Atlas moderne ou collection de cartes sur toutes les parties du globe terrestre, ouvrage qui connaîtra plusieurs rééditions jusqu'en 1783 et dans lequel le burin de Lattré reproduit les savantes cartographies de Bonne, ainsi que celles d'autres éminents savants.

1775 est justement l'année où Bonne accède au poste de cartographe du Roi au service hydrographique de la Marine. Quant au célèbre astronome Lalande, il fait partie de l'Académie des Sciences depuis 1762. La brochure accompagnant les globes, également éditée par Lattré, précise alors : "M. de La Lande a marqué sur notre Globe Céleste, d'un pied de diamètre ,4311 étoiles, suivant leur longitudes & latitudes réduites à l'année 1800. M. Bonne a employé pour le Terrestre, de pareil diamètre, les nouvelles déterminations géographiques déduites des plus récentes observations. La célébrité de ces deux auteurs est assez connue pour nous assurer que ces deux Globes répondront à l'attente du public".

L'oeuvre conjointe de Bonne et Lalande devient en effet rapidement une référence, si l'on en croit L'Encyclopédie méthodique : Arts et Métiers mécaniques, publiée à Paris chez Panckoucke en 1784, qui au chapitre "Globes Célestes et Terrestres (Art de la construction de)" distingue "parmi les plus nouveaux [...] ceux de M. de Lalande & Bonne" (p. 227).

Lorsque Bonne décède à Paris en 1795, c'est Lalande qui lui rend hommage en publiant une notice nécrologique dans le Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts (t. V, n°18, p. 165-169). Il y dresse le portrait d'un scientifique doué et sérieux, absorbé dans ses travaux, et y mentionne leur collaboration en 1775.

Lalande mourra, couvert d'honneurs, en 1807. Notons enfin que le stock de Lattré sera plus tard racheté par Charles-François Delamarche (1740-1817) qui contribuera à démocratiser la vente de globes en maintenant un coût de production peu élevé.

Une seule paire de globes identique à celle présentée ici est connue et est aujourd'hui conservée à l'Institut géographique de Göttingen. Un autre exemplaire du globe céleste se trouve à Gotha.

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P.C. de la Gardette (vers 1745 -1781)  et école française de la seconde moitié du XVIIIe siècle, suite de seize dessins provenant du portefeuille de Marie-Joseph d'Albert d'Ailly, cinquième Duc de Chaulnes (1741-1792). A set of sixteen drawings by P.C. de la Gardette (circa 1745 -1781) and others, from the portfolio of the Duc de Chaulnes. Photo: Sotheby's.

ensemble de seize dessins aquarellés (mine de plomb, encre et aquarelle), dont dix dessins signés en bas à gauche "de la Gardette", parmi lesquels six dessins sont paraphés en bas à droite avec l'inscription : "Le Dessin de l'autre part m'a été présenté le Samedi 20 avril 1776 par Monsieur le Duc de Chaulnes pour estre paraphé et en retenir date de ce que j'ay fais et le luy ay rendu", signés "Defouchy" , pour J-P. Grandjean de Fouchy (1708-1788), secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences en 1743 . Ces dessins représentent des appareils scientifiques.Trois dessins signés Percenet, représentant des instruments de physique ; trois dessins anonymes représentant des instruments de physique. Sept dessins (en deux séries, de trois et quatre dessins) sont encadrés  Quantity: 16. Chaque dessin : 20,5 x 16,5 cm approx. Each drawing: 8 x 6 1/2 in. Estimate  €20,000-30,000 - $27,500-41,000

PROVENANCE; Portefeuille du cinquième duc de Chaulnes

NOTE: Le quatrième duc de Chaulnes, Michel-Ferdinand (1717-1769) joua un rôle principal dans l'évolution des sciences naturelles dans le courant du XVIIIe siècle. Astronome et physicien, il fut l'auteur d'un article précédant le Quatrième Livre de l'Optique d'Isaac Newton concernant essentiellement l'étude des rayons lumineux et voua notamment un grand intérêt au développement et la conception d'instruments scientifiques. C'est dans ce contexte qu'il mit au point vers 1740-1745 un nouveau type de microscope dont Sotheby's à vendu un exemplaire à Paris, le 22 octobre 2008, lot 65.

Son fils Marie-Joseph d'Albert d'Ailly (1741-1792), duc de Picquigny puis cinquième duc de Chaulnes fut comme son père un collectionneur passionné, qui accumula dans son cabinet autant d'objets d'histoire naturelle que d'objets d'art.

Il réunit une importante collection composée d'instruments scientifiques, d'un cabinet de minéralogie et un vaste cabinet d'antiquités égyptiennes, chinoises et grecques. Thiery a donné une description de son hôtel dans l'édition de 1787 dans son Guide des Voyageurs à Paris indiquant que les objets étaient disposés au milieu des tableaux, des vases de marbres, de sculptures, de porcelaine de Chine et de Wedgwood qu'il fut un des premiers français à apprécier.

Doté d'un caractère assez fantasque, il partit en Egypte dans les années 1760 et dirigea des fouilles à Saqqarah. Les dessins illustrent des appareils inventés ou améliorés par le duc de Chaulnes pour ses expériences. L'un des dessins a été publié dans "Nouvelles méthode pour saturer d'air fixe, à la fois & en moins d'une minute, vingt-cinq ou trente pintes d'eau & même plus" dans Rozier, Observations et Mémoire sur la physique, sur l'histoire naturelle et sur les arts et métiers, t. IX, Paris, 1777, pp. 287 à 291, pl. II.

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