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Alain.R.Truong
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8 novembre 2011

Meuble oratoire en laque du Japon « A paniers fleuris ». Par Adam Weisweiler, époque Louis XVI

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Meuble oratoire en laque du Japon « A paniers fleuris ». Par Adam Weisweiler (1744 - 15 juin 1820) Reçu Maître le 26 mars 1778 Paris, époque Louis XVI. Photo Marc-Arthur Kohn

Bâti de chêne, placage d'ébène, laque du Japon, bronze doré, étain, laiton et marbre blanc Estampillé Weisweiler H. 90 cm, L. 97 cm, P. 32 cm? Estimation 180 000 - 220 000 €

Meuble oratoire en ébène plaqué, la partie supérieure en léger ressaut souligné de filets d'étain. Un mécanisme situé en façade libère un pupitre. Une superbe frise de rinceaux feuillagés en bronze ciselé et doré parcourt la largeur du meuble en ceinture. Celle-ci ouvre par un tiroir central et deux tiroirs latéraux arrondis pivotants commandés par un poussoir. Il ouvre en façade par deux vantaux en laque du Japon ornés d'un panier fleuri, d'un grand naturalisme dans les tons ocres se détachant sur un fond noir. Une fine baguette en bronze ciselé et doré à frises d'oves encadre ces motifs végétaux. En partie basse, la plinthe en ébène soulignée de filets d'étain coulisse en façade par un mécanisme dévoilant un tiroir qui contenait à l'origine un coussin. Les pieds antérieurs possèdent des roulettes incorporées aux sabots permettant le dégagement de ce tiroir. Les quatre pieds sont en forme de toupie rythmée par une bague de bronze doré. Les côtés arrondis du meuble forment deux étagères recevant chacune un plateau de marbre blanc ceint d'une galerie en bronze doré repercé. Un encadrement en étain orne les fonds.

Ce meuble, rare par sa fonction et d'une exceptionnelle qualité d'exécution est l'oeuvre d'Adam Weisweiler, célèbre ébéniste qui travailla notamment pour Louis XVI, Marie-Antoinette et les hauts dignitaires de la Cour de France. Comme bien d'autres membres de la corporation des ébénistes, il était originaire de Rhénanie, région limitrophe de la Belgique et des Pays-Bas. On ne sait rien quant à son apprentissage ni même la date de son arrivée à Paris. Il accéda à la maîtrise le 26 mars 1778 à l'âge de trente trois ans. Il vécut dans le grand quartier dévolu aux artistes du bois, rue du Faubourg Saint-Antoine jusqu'en 1797. Compte tenu de l'éloignement de ce lieu avec les centres de commerce de luxe situés rue Saint Honoré, il est probable que Weisweiler fut peu en contact avec la grande clientèle parisienne et que l'essentiel de sa production était vendue par le biais des marchands-merciers. Plusieurs documents révèlent qu'il entretenait de grandes relations avec Dominique Daguerre qui obtint la quasi exclusivité de la vente de ses oeuvres. C'est lui notamment qui livra la table pour le cabinet intérieur de la Reine à Saint-Cloud, le secrétaire en laque pour celui de Louis XVI à Versailles ou encore la commode pour le souverain également à Saint-Cloud. La clientèle de Weisweiler fut donc principalement celle de Daguerre, à savoir la famille royale, l'aristocratie française et étrangère comme la reine de Naples ou la Cour de Russie. Il est probable que notre ébéniste travailla aussi avec le marchand-mercier Claude Julliot pour qui il réalisa des meubles en pietra dura. On sait également qu'il travailla avec Riesener au moins dans la première partie de sa carrière, entre 1778 et 1785. On observe en effet une influence de cet autre grand maître de l'ébénisterie dans notre meuble au regard de ce léger ressaut en façade et de ses angles arrondis. Weisweiler se fit une spécialité des meubles à vantaux à l'image de celui que nous présentons qu'il plaquait d'acajou ou de panneaux de laque, une autre de ses caractéristiques. Comme en témoigne notre meuble, la marqueterie est quasiment absente de l'oeuvre de l'artiste, préférant se concentrer sur la
sobriété et les qualités intrinsèques de ses matériaux de prédilection (couleur et flammage de l'acajou, naturalisme et harmonie des décors du laque d'un noir profond, qualité de ciselure des bronzes). L'élégance de cette forme dictée par le goût du néoclassicisme de l'époque alliée à la préciosité et la qualité des matériaux se retrouvent dans d'autres chefs-d'oeuvre de notre artiste conservés dans les plus importants musées.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Alexandre Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, éd. Chêne, Paris, 1989
Patricia Lemonnier, Weisweiler, éd. Monelle Hayot, Paris, 1983

Marc-Arthur Kohn. Mercredi 16 novembre à 14h00. DROUOT-RICHELIEU SALLE 1. EMail : auction@kohn.fr - Tél. : +33 1 44 18 73
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