Suite de huit fauteuils en cabriolet à dossier médaillon par Claude I Séné, époque Louis XVI, vers 1775.
Suite de huit fauteuils en cabriolet à dossier médaillon par Claude I Séné (1724 - 1792) Reçu Maître en 1743 Paris, époque Louis XVI, vers 1775. Photo Marc-Arthur Kohn
Bois de hêtre doré, velours vert. H. 92 cm, L. 58 cm, P. 54 cm - Estimation : 50 000 - 70 000 €
Cette très rare suite de huit fauteuils en cabriolet à dossier médaillon adopte une forme à la fois sobre et élégante que l'on retrouve dans les grands ouvrages de menuiserie de l'époque Louis XVI. Le châssis en hêtre doré s'agrémente sur le pourtour du dossier d'un décor de « rubans tortillés », motif que l'on retrouve sur la ceinture moulurée et légèrement cintrée. Les deux montants arrières légèrement sinueux sont finement sculptés d'un motif de feuillages et soutiennent le dossier avec force mais tout en élégance. Un décor similaire orne les accotoirs recouverts de velours vert embrevés vers le centre du médaillon. Les supports d'accotoirs de forme courbe sont sculptés de « sequins » naissant d'une large feuille d'acanthe. Quatre dés de raccordement centrés d'une fleurette unissent les quatre pieds cannelés et rudentés à la ceinture. Les deux pieds postérieurs sont en position oblique vers l'extérieur, atténuant par là même la puissance qui se dégage en façade en ajoutant une touche de fragilité.
Sous Louis XV comme sous Louis XVI, on recherchait en permanence le confort, allié au plus grand raffinement. C'est pourquoi, les menuisiers en siège, sous l'impulsion notamment des marchands merciers, vont tenter de multiplier les formes, les noms ainsi que l'ornementation. Notre suite de fauteuils traduit parfaitement cette envie de chercher de nouveau modèle où, ici, Claude I Séné, n'hésita pas à mélanger les formes droites et sévères des pieds et des supports d'accotoirs aux courbes des montants et du dossier incurvé inscrit dans un médaillon caractéristique des sièges Louis XVI. La réalisation de ce superbe témoignage de l'art des menuisiers en siège de cette époque est due à Claude I Séné.
Installé à Paris rue de Cléry, il s'associe avec son beau-frère Jean Etienne Saint Georges, autre grand créateur de siège, mais produisent individuellement et signent chacun leurs propres oeuvres. L'estampille de Claude I Séné est insculpée en assez gros caractère et le « N » est inversé. Cette particularité permet de distinguer son travail de celui de son fils, Claude II (ou Séné le Jeune) et de Jean-Baptiste-Claude Séné, son
second fils, illustre artisan qui travailla pour la Couronne. Une certaine critique signale que les fauteuils de style néoclassique, à l'instar de ceux que nous présentons, sont rarissimes alors qu'il a exercé son art jusque dans les années 1780, alors que le goût « à la grecque » était déjà bien présent dans les esprits. On peut expliquer ce phénomène notamment par une trop grande attribution de ce type de fauteuil à son fils Claude II car, comme on l'a vu, il est aisé de confondre leurs deux estampilles.
Les ornemanistes ont également joué un grand rôle dans le génie créateur des sièges de l'époque Louis XVI. Ainsi, au regard des gravures de Lalonde, on constate que celui-ci semble avoir inspiré le décor de notre fauteuil, notamment les supports d'accotoirs, où l'on retrouve le même motif feuillagé
Marc-Arthur Kohn. Mercredi 16 novembre à 14h00. DROUOT-RICHELIEU SALLE 1. EMail : auction@kohn.fr - Tél. : +33 1 44 18 73 00