Très rare potiche de forme balustre en porcelaine du Japon à décor Imari, d'époque fin XVII°- début du XVIII° siècle
Très rare potiche de forme balustre en porcelaine du Japon à décor Imari, d'époque fin XVII°- début du XVIII° siècle (période Genroku). Époque Louis XV. Photo Europ Auction
Riche monture rocaille en bronze ciselé et doré. Elle repose sur une base chantournée composée de rinceaux, volutes et coquilles stylisées. Les anses sont formées d'élégantes volutes. Elle est ornée sur la panse d'une pendule retenue par un noeud enrubanné et des guirlandes de laurier. Le cadran en émail blanc indique les heures et les minutes en chiffres romains.. Le couvercle de la potiche est surmonté d'un personnage en ronde-bosse figurant un Bouddha tenant une ombrelle. La pendule est marquée LE ROY À PARIS. Les bronzes attribués à Jean-Claude Duplessis (1699-1774) H 74 cm. Estimation 200 000 - 300 000 €. Résultat 150 000 €
Bibliographie: Guilhem Sadde, « Jean-Claude Duplessis, la liberté du style rocaille », in L'estampille - L'objet d'Art, n° 392, Juin 2004.
Jean-Claude Duplessis était tout à la fois orfèvre, bronzier, cartonnier, marchand et fournisseur de modèles pour la manufacture royale de porcelaine de Vincennes-Sèvres. Jean-Claude Duplessis est reconnu comme l'une des plus importantes figures des arts décoratifs français.
Si son oeuvre reste cependant mal connue, il est en revanche avéré que les bronzes dorés furent le domaine dans lequel il s'illustra le plus talentueusement, véritable révélation de l'esprit rocaille français. Né en 1699, vraisemblablement à Turin, c'est dans cette ville que l'on trouve en effet une première mention le concernant sous le nom de « Giovanni Claudio Chiamberlano, detto Duplessi ». Selon la tradition, il aurait été attiré à Paris par Juste-Aurèle Meissonnier, mais il semble beaucoup plus probable qu'il prit pied dans la capitale française entre 1734 et 1737 à la demande de son protecteur, Victor-Amédée de Savoie, 3e prince de Carignan, lieutenant général des armées du Roi de France, qui le logea à l'hôtel de Soissons, en qualité d'orfèvre protégé par ce dernier. Le prince de Carignan l'avait probablement rencontré à l'occasion des commandes royales que Duplessis avait exécutées pour Turin, l'un de ses clients n'étant autre que Victor-Amédée II, duc de Savoie et roi de Sardaigne.
La carrière de Duplessis est atypique. Il n'eut jamais aucun titre de maîtrise, et pourtant il portait celui en 1758 d' «orfèvre du roi», dûment mentionné dans les comptes de la manufacture de Sèvres. Il fut certainement aidé pour cela par l'invention qu'il fit en 1755 d'un tour à calibrer les formes pour la manufacture de Vincennes, et par le soutien de Jacques-René Boileau, son directeur, ainsi que celui, plus considérable encore, du comte d'Argenson, qui lui avait obtenu entre 1749 et 1755 un logement-atelier au Louvre, situé dans les anciens appartements d'Anne d'Autriche. Duplessis devint un ordonnateur de modèles non seulement pour la manufacture, mais aussi pour les grands marchands merciers, à commencer par Lazare Duvaux déjà mentionné.
Dans le domaine du bronze doré où il excella, l'étude de son atelier, inventorié après son décès, laisse à penser qu'il pratiquait à la fois la fonte et la ciselure. Nous savons également qu'il maîtrisait de surcroît la technique de la dorure au mercure.
L'une de ses oeuvres capitales, qui contribua grandement à sa renommée, fut la célèbre paire de braseros commanditée par le ministère des Affaires étrangères, vraisemblablement grâce à Machault d'Arnouville, et que Louis XV offrit comme cadeau diplomatique à l'Ambassade de Turquie en 1742. Un seul de ces braseros est aujourd'hui conservé au palais de Topkapi, à Istanbul.
Le succès qu'il remporta avec cette commande hors norme amena de nombreux marchands merciers à faire désormais appel à ses services pour «monter» en «bronze doré d'or moulu» leurs plus belles céramiques, qu'elles soient orientales ou européennes. Toutes les oeuvres de Duplessis se singularisent par une très grande qualité de ciselure, des montures d'un style acéré voir déchiqueté, et témoignent d'un sens aigu du détail. L'homme excellait en effet dans le travail de finition, se jouant des surfaces - poli, mat, lisse et reliefs - afin d'amplifier les effets d'ombre et de lumière.
Duplessis développa également une activité marchande, certes annexe mais loin d'être anodine. Au fil des années, sa réputation devint telle que l'on vit de riches amateurs et collectionneurs d'objets de luxe, parmi lesquels Blondel de Gagny, le marquis de Voyer ou encore le duc de Chaulnes, faire directement appel à lui. Cela l'amena en conséquence à se constituer son propre stock de pièces de porcelaine, essentiellement orientales, afin de les monter, et d'éviter ainsi l'étape intermédiaire des marchands merciers. Lors de la vente de la collection Jullienne qui se tint à Paris en 1767, il acquit pour 3800 livres de céramiques - «des pots pourris de porcelaine d'ancien Japon », « un magot », « un grand vase de porcelaine de Chine » [...] - qu'il revendit assurément avec une solide plus-value, dotées de montures de sa création. Duplessis continua en parallèle à oeuvrer pour la manufacture de Sèvres, cela jusqu'en 1773. Il s'éteignit à Paris au cours de l'année suivante, en 1774.
A Paris, au milieu du XVIII° siècle, Lazare Duvaux (vers 1703-1758), l'un des marchands merciers les plus en vue de la capitale, établi rue Saint-Honoré, s'était spécialisé dans les objets montés. Son Livre-Journal couvrant les années 1748-1758 fut publié par Louis Courajod en 1873 et fait état de nombreux objets pour lesquels le marchand s'octroyait les services des plus grands bronziers de son temps, dont Duplessis, afin de les garnir « en bronze doré d'or moulu ».
Parmi ces objets recherchés tant par les membres de la famille royale, que ceux de la haute aristocratie, des financiers ou encore des grands fonctionnaires de l'administration de la Couronne, quelques-uns atteignirent des sommes très importantes.
Ainsi le 13 septembre 1750, le marquis de Voyer se portait acquéreur de « Deux gros vases de porcelaine céladon, montés par Duplessis en bronze doré d'or moulu » pour la somme exorbitante de 3000 livres. Le 11 janvier 1752, le prince de Turenne dépense 1680 livres pour « Un vase en hauteur de porcelaine céladon, monté en bronze doré d'or moulu ».
Le 5 août 1755, la marquise de Pompadour achetait pour 1500 livres « un gros vase couvert de porcelaine céladon, brodé en bas-relief, garni en bronze doré d'or moulu » qu'elle fit livrer au château d'Arnouville, cadeau à Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville (1701-1794), contrôleur général des Finances, pour le soutien qu'il lui avait apporté, à la cour, contre le parti dévot. Ce fameux vase, aux montures également attribuées à Duplessis, fut vendu à Paris 1.520.000 par Sotheby's, le 23 juin 2004 (lot n° 58).
Vase céladon de Machault d'Arnouville, vente Sotheby's Paris, 23 juin 2004, découvre une monture en bronze attribué à Jean-Claude Duplessis, similaire à notre monture
Vase en porcelaine Imari, conservé au musée National de Kyushu
Jardinière conservée au Musée du Louvre
Trois vases en porcelaine bleue, vente Sotheby's Paris, 2 octobre 2008, ancienne collection Léon Levy
Paire de pots- pourris en céladon et bronze doré, vente Sotheby's Paris,18 octobre 2006, ancienne Collection E.M. Hodgkins
Europ Auction. Mercredi 14 décembre à 14h30. Drouot Richelieu - Salle 4. info@europauction.com - Tél. 01 42 46 43 94