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Alain.R.Truong
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9 avril 2012

Allégorie du Printemps. Attribué à Hans Reichle (Schongau, vers 1565/70 - Brixen, 1642). Allemagne, vers 1600

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Allégorie du Printemps. Attribué à Hans Reichle  (Schongau, vers 1565/70 - Brixen, 1642). Allemagne, vers 1600photo Kohn

Bronze à patine brun nuancé. H. 35, 5 cm, L. 9, 9 cm, P. 9, 2 cm.. Lot 39. Estimation : 60 000 / 100 000 €

Cette remarquable sculpture en bronze à patine brun nuancé représentant l'Allégorie du Printemps reprend avec génie et élégance les canons esthétiques du grand art maniériste. Une très belle jeune femme nue se tient assise sur une colonne de section carrée, la jambe gauche passant derrière son mollet droit. Elle tient avec une grande délicatesse un petit bouquet de fleurs qu'elle observe avec tendresse. Son long cou et son visage aux traits fins et réguliers sont encadrés par une magnifique chevelure bouclée relevée en chignon à l'arrière par une longue tresse. De petites fleurs parsèment sa coiffure. Son abdomen, affaissé du fait de sa position assise, adopte de très souples modelés soulignés par une poitrine fine et altière. Une très belle étoffe aux drapés fluides s'enroule autour de sa cuisse droite et se poursuit sur l'arrière du socle lui donnant ainsi une assise confortable.

Son dos à la longueur vertigineuse est marqué par une épine dorsale sinueuse et accentue toute la sensualité de cette œuvre. Sa main droite saisit les branches d'un très beau rosier aux fleurs épanouies se développant sur le côté du socle. Au bas de cette végétation émerge le visage d'un garçon joufflu personnifiant le vent Zéphir qui souffle l'air sous le pied de la nymphe. Sa superbe chevelure longue et bouclée, traitée avec virtuosité, prend quasiment l'aspect d'un nuage.
En partie basse, un quart de cercle représente les signes du zodiaque du Bélier, du Taureau et des Gémeaux. L'ensemble de la composition repose sur un triple gradin. Tous ces symboles conduisent à voir cette œuvre comme une Allégorie du Printemps. Le vent chaud insufflé par Zéphir, les fleurs ouvertes, la nudité suave de la jeune femme et les signes zodiacaux couvrant les mois de Mars à Juin sont autant de signes faisant allusion à cette saison de renouveau.

Ce corps magnifique, long et sinueux trouve son inspiration dans le grand style maniériste apparu en Italie au milieu du XVIe siècle.

Ceci apparaît au niveau de la longueur extravagante et la finesse des membres de cette femme. Elle se tient dans une position extraordinaire, légèrement déhanchée, une jambe repliée. Son cou exagérément long supporte un visage lui aussi très effilé.

Les mouvements qu'elle décrit sont également très surprenants, sa tête tournée sur la gauche pour regarder le bouquet de fleurs. Toute cette exubérance est ici parfaitement maîtrisée par l'harmonie des modelés, leurs fluidités ainsi que par la superbe qualité de fonte, de ciselure et de patine.

Ce chef-d'œuvre de l'art bronzier situé au tournant des XVIe et XVIIe siècles peut être attribué à Hans Reichle, sculpteur et architecte allemand de grande renommée. Il fut surtout un élève fameux du grand sculpteur florentin Jean de Bologne (Douai, 1529 - Florence, 1608) et fréquenta son atelier à deux reprises (de 1588 à 1594 et de 1601 à 1602). L'influence du maître est ici tout à fait palpable au regard des modèles créés par ce dernier comme la célèbre Venus Uranie ou la Vénus au Bain conservées au Kunsthistorisches Museum de Vienne. La plastique, la position et le regard présents dans ces œuvres ont indiscutablement marqué le travail de Reichle qui a pu les voir à Florence dans l'atelier de Giambologna. Reichle ne se contente pas de faire une imitation servile des modèles déjà créés ; il se plaît à les réinterpréter comme ici avec génie en modifiant et ajoutant des éléments comme ces symboles printaniers.
Il accentue ici l'empathie des gestes et du corps avec une amplitude différente de celle de Bologne.

L'éducation florentine de Reichle transparaît également au regard des œuvres du sculpteur Pietro Francavilla (1553 - 1616) qui ornent le Ponte della Trinita à Florence et qui symbolisent les quatre saisons. Dans celle représentant le Printemps réalisée en 1593 pendant le séjour de Reichle dans cette cité, on peut observer cette prédilection pour les roses, le cou interminable de la nymphe, cette petite tête d'enfant échevelé au pied et ce cadran indiquant les signes du zodiaque. Toujours dans cette veine florentine, on peut noter que la très belle qualité de fonte, sa texture douce et fluide, sa patine et sa ciselure est à rapprocher du travail d'Antoni Susini, l'un des meilleurs maîtres bronziers de Florence à cette époque.

Le Staatliche Kunstsammlungen de Dresde possède un modèle tout à fait identique au nôtre signé de Reichle et daté vers 1601 - 1602 .

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Celui-ci semble être d'une très grande rareté car seul un second bronze de ce type attribué à Hans Reichle est indiqué par la critique dans la Collection de Sir Leon Bagrit à Londres.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES: Collectif, Von allen Seiten schön : Bronzen der Renaissance und des Barock : Wilhelm von Bode zum 150. Geburtstag : Skuturensammlung, Staatliche Museen su Berlin-Preussicher Kulturbesitz, (im Alten Museum, Berlin, vom 31. Oktober 1995 bis zum 28. Januar 1996)

Thomas P. Bruhn, Hans Reicle - a reassessment of his sculptures, thèse présentée à l'Université de Pennsylvanie, 1981

Kohn - Paris. Vendredi 13 avril 2012. Drouot Richelieu - Salle 1. Tel. +33 (0) 1 44 18 73 00.

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