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Alain.R.Truong
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30 avril 2012

Verre aux armes de la famille Sforza, probablement ommandé par Ludovic le More. Murano, fin du XVe siècle

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Verre aux armes de la famille Sforza, probablement ommandé par Ludovic le More. Murano, fin du XVe siècle. Photo Kohn - Paris

Verre et émaux polychromes Pied en argent du XIXe siècle probablement italien (poinçon non identifié) Dim. du verre seul : H. 14 cm, Diam. 12, 3 cm Dim. totale : 28,2 cm. Lot 4. Estimation : 28 000 / 40 000 €

Pied d'époque postérieure Ce grand verre de forme conique est décoré d'émaux peints polychromes aux armes de la famille Sforza, Ducs de Milan.
Il est tout à fait similaire à celui conservé au Castello Sforzesco de Milan qui appartenait probablement à un service de table commandé par Ludovic le More (1452 - 1508) à la fin du XVe siècle .
Sur deux faces, il présente un écu aux bords chantournés montrant un aigle et un serpent noir en écartelé se détachant respectivement sur un fond jaune et blanc. Chacune de ces armoiries, ponctuée d'une couronne ouverte, est encadrée et surmontée d'un cordage entrelacé et de branchages.

Ces armoiries manifestent la filiation de cette branche milanaise avec les Visconti en y associant l'Empire. Le col est souligné d'une double frise de perles blanches entourant des pastillons rouges et blancs inclus dans des alvéoles imitant des écailles.
Ce verre repose sur un piètement bagué en argent du XIXe siècle (poinçon non identifié) décoré de perles et de feuilles d'acanthe dans la grande tradition de l'ornementation de la Renaissance.
Il repose sur trois pieds en applique de style rocaille. L'œuvre conservée au Castello Sforzesco possède également un pied postérieur.

Vers le milieu du XVe siècle, les verriers de Murano décident d'abandonner les productions d'usage courant pour se tourner vers la création d'objets de grand luxe. Qualité et élégance deviennent les seuls objectifs des verriers de l'île pour satisfaire une clientèle noble dans toute l'Europe. C'est à cette date qu'Angelo Barovier (vers 1405 - vers 1460) met au point le cristallo donnant au verre, débarrassé de toutes scories, une pureté et une transparence jusque là inégalées. À ce titre, il se fait inviter à la Cour de Francesco Sforza, Duc de Milan en 1455 où il rencontre le célèbre architecte milanais Antonio Averlino dit le Filarete. Preuve du grand intérêt que portaient les oligarques de Milan pour cette verrerie, l'architecte projeta de créer une cité idéale, la Sforzinda, où les murs et le trône de ce palais devaient être recouverts de verre.
C'est dans la seconde moitié du XVe siècle que la verrerie s'agrémente d'émaux polychromes fusibles. Sous l'effet des commandes prestigieuses de la noblesse italienne et européenne, les verriers vont utiliser les armoiries de leurs commanditaires comme décor principal de leurs gourdes, verres et gobelets. Citons par exemple cette « gourde de pèlerin » conservée au Museo Civico de Bologne où l'on observe ce même emploi de pastilles de couleurs sur l'ensemble de la pièce décorée au centre de l'aigle de Sforza associé aux armes de la Famille d'Ippolita Bentiviglio avec laquelle Alexandre Sforza se maria en 1492.
Au regard du verre conservé au Palais Sforzesco, on retrouve dans notre œuvre toute la qualité du célèbre vetro cristallo d'une incroyable légèreté, tant dans la richesse de la polychromie de l'émail que dans la pureté du matériau.

Ludovic Sforza, dit le More, est le quatrième fils du grand condottiere Francesco Sforza et gouverna Milan à partir de 1480.
Avec son épouse Isabelle d'Este, il tenta de faire de la Cour milanaise un des plus attractifs centres culturels pétris des idées de la Renaissance en s'entourant de Bramante ou de Leonard de Vinci. Chassé de son duché en 1499 par Louis XII, il est emmené en France où il décède en 1508.
L'engouement suscité par ce type de verrerie fut tel que les oligarques de la ville de Venise incluaient lors des visites protocolaires un passage sur l'île de Murano.
À ce titre, Béatrice d'Este, épouse de Ludovico Sforza, déclare à son époux en 1493 avoir vu Place Saint Marc « une telle abondance de verre que c'en était une merveille ». En parfait état, cet objet est un très rare témoignage de l'art du verre à Venise de la fi n du XVe siècle.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Collectif, Grandi Collezioni di Arte Decorative nel Castello Sforzesco, éd. Banco Popular di Milano, 1976 Attila Dorigatto, Le verre de Murano, éd. Citadelles et Mazenod, 2003

Kohn - Paris. Vendredi 4 mai 2012. Drouot Richelieu - Salle 1. www.kohn.fr 

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