Les deux plus importants portraits de la période Dora Maar à apparaître sur le marché en France depuis 1998 chez Sotheby's
Pablo Picasso (1881-1973), Tête de femme (Dora Maar), signé Picasso (en haut à gauche) et daté 17.10.39 (en bas à droite) ; inscrit Royan et daté 17.10.39 - 9.3.40 au dos; huile sur toile; 61,3 x 50,4 cm (24 1/8 x 19 7/8 in.). Peint à Royan le 17 octobre 1939 et terminé le 9 mars 1940. Photo Sotheby's
PARIS - Une huile sur toile, Tête de femme (1939-1941), de Pablo Picasso sera la pièce maîtresse de la prochaine vente d’Art Impressionniste et Moderne de Sotheby’s à Paris le 30 mai 2012. Provenant d’une collection privée européenne, ce portrait de Dora Maar (estimation: 3 - 5 millions €) sera proposé pour la première fois aux enchères.
Selon Thomas Bompard, directeur du département d’Art Impressionniste et Moderne de Sotheby’s France : “L’importance de Dora Maar dans la vie et l’oeuvre de Picasso est aussi considérable que célèbre. La période Dora Maar – de la rencontre avec Picasso en 1937 à leur rupture à la fin de la guerre- couvre 6 volumes du catalogue raisonné de l’artiste. Pourtant, aucun tableau de Picasso représentant Dora Maar n’avait été vendu aux enchères à Paris depuis la vente mémorable de la collection Dora Maar en octobre 1998. Sotheby’s est donc honorée de défendre les couleurs de la « Femme qui pleure » dans la ville où commença son orageuse histoire d’amour avec Pablo Picasso : Paris !”
Tête de femme
Après l’éclatement de la guerre en septembre 1939, Picasso quitte Paris et s’installe dans la station balnéaire de Royan avec les deux femmes qui partagent sa vie : Marie-Thérèse Walter et leur fille Maya habitent une villa tandis que Picasso et Dora Maar partagent une chambre d’hôtel. C’est à Royan que les deux égéries se rencontreront pour la première fois.
Tête de femme est peint le 17 octobre 1939 dans son nouvel atelier à la Villa des Voiliers, sur le front de mer. Comme plusieurs portraits de Dora Maar peints à Royan, Tête de femme intègre également des éléments iconographiques propres au visage de Marie-Thérèse Walter tel que Picasso l’avait représenté tout au long des années 1930 : aux couleurs sombres, à l’intensité dramatique et aux lignes acérées du visage de la brune Dora Maar, Picasso juxtapose des tonalités plus douces et lumineuses comme le rose, le jaune et le bleu, signes évidents de la tendresse toujours vive qu’il continuait de nourrir pour son ancienne maîtresse blonde.
Femme assise
Provenant de la même collection particulière européenne, Femme assise de Picasso sera l’autre oeuvre phare de la vente du 30 mai chez Sotheby’s à Paris. Estimée entre 2 et 4 millions €, ce tableau fut peint à Royan le 13 octobre 1939 soit 3 jours avant Tête de femme. Il montre un personnage féminin blond, le buste peint en lignes courbes, à priori indentifiable à Marie-Thérèse Walter. Mais les yeux en losange, l’ample robe noire du personnage, la position assise dans un fauteuil et le hiératisme de la pose, évoquant les grands portraits de Velazquez du Siècle d’or espagnol, composent un ensemble de signes graphiques appartenant plutôt à la représentation de Dora Maar.
« Objectivant et minimisant pareillement les différences entre l’ancienne et la nouvelle amante, il allait les placer dans un même moule physique et psychologique, mettant en parallèle des traits qui apparaissaient comme des distinctions toujours plus superficielles entre beauté blonde et beauté brune, entre douceur et angularité, langueur et vivacité (…) Que ce fût dans son atelier ou à l’extérieur, Picasso pouvait ainsi contempler son panthéon de déesses et de démones, les vénérant, les comparant, les faisant fusionner pour finalement les terrasser » (Robert Rosenblum, Picasso et le Portrait, Galeries nationales du Grand Palais, 1996-1997, catalogue de l’exposition p. 381)
D’une grande élégance visuelle, Femme assise évoque autant la coexistence houleuse des deux plus grandes égéries de Picasso, que le contexte indécis et menaçant de Europe à l’automne 1939. Les premiers propriétaires de ce tableau furent le couple célèbre de comédiens Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, grands amis de Picasso.
Pablo Picasso (1881-1973), Femme assise. signé Picasso et daté 13.10.39 (en bas à gauche) ; inscrit Royan et daté vendredi 13.10.39 au dos; huile sur toile; 65,3 x 50 cm- 25 3/4 x 19 5/8 in. Peint à Royan le 13 octobre 1939. Photo Sotheby's
In the words of Thomas Bompard, Head of the Impressionist & Modern Art Department at Sotheby’s France: “Dora Maar’s importance in Picasso’s life and work is legendary and hugely significant. His Dora Maar Period – lasting from their meeting in 1937 to their break-up at the end of World War II – accounts for six volumes of his catalogue raisonné! Yet no Picasso picture of Dora Maar has been seen at auction in Paris since the memorable sale of the Dora Maar Collection in October 1998. Sotheby’s is therefore honoured to champion the Weeping Woman’s colours in the city where her stormy love affair with Pablo Picasso first began: Paris!”
Tête de Femme
Picasso left Paris after war broke out in September 1939, and moved to the seaside resort of Royan with the two women who shared his life: Marie-Thérèse Walter lived in a villa and their daughter Maya, while Picasso and Dora Maar shared a hotel room. It was in Royan that the two muses first met.
Tête de Femme was painted on 17 October 1939, in Picasso’s new studio in the Villa des Voiliers on the seafront. Like other portraits of Dora Maar painted in Royan, Tête de Femme also integrates facial traits of Marie-Thérèse Walter as portrayed by Picasso throughout the 1930s. The work juxtaposes soft, luminous tones in pink, yellow and blue (clear signs of the tenderness he still felt for his former blonde mistress) with the sombre colours, dramatic intensity and angular features of his new brunette, Dora.
As Robert Rosenblum put it in his catalogue note for the exhibition Picasso et le Portrait held at the Grand Palais in Paris in 1996-97 (p. 381), Picasso “objectified and simultaneously minimized the differences between his former and current lovers, placing them in the same physical and psychological mould, comparing… the beautiful blonde and the beautiful brunette, softness and sharpness, languidness and liveliness…. Whether inside or outside his studio, Picasso could admire his pantheon of goddesses and demons, venerate and compare them, and fuse them together so as to ultimately conquer them.”
Femme Assise
From the same European private collection comes Picasso’s Femme Assise, the other star work at the Sotheby’s May 30 sale in Paris. Estimated at €2-4M ($2.6-5.2 M), this was painted in Royan on 13 October 1939, just three days before Tête de Femme. It shows a blonde female, probably Marie-Thérèse Walter, painted in curvy outlines. Yet the lozenge-shaped eyes, loose fitting black dress, and enthroned position in an armchair all evoke great portraits by Velazquez, combining a series of graphic symbols that are more associated with portrayals of Dora Maar.
Femme Assise is a work imbued with great visual elegance, evoking both the tumultuous co-existence of Picasso’s two greatest muses and the uncertainty threatening Europe in autumn 1939. The painting’s first owners were Picasso’s close friends, the actor couple Madeleine Renaud and Jean-Louis Barrault.