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Alain.R.Truong
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17 juin 2012

François Clouet (Tours?, vers 1515 - 1572 Paris), Portrait de Christine de Danemark, Duchesse de Milan puis de Lorraine (Nyborg

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François Clouet (Tours?, vers 1515 - 1572 Paris), Portrait de Christine de Danemark, Duchesse de Milan puis de Lorraine (Nyborg ou Copenhague, novembre ou 5 décembre 1521-Tortona, 10 août ou 10 septembre 1590)Photo Sotheby's

Daté en haut à droite 1558. Huile sur panneau; 30,5 x 22,5 cm ; 12 by 9 in. Estimation 150,000-250,000 EUR 

PROVENANCE: Antoine Mailly, marquis de Châteaurenaud, Louhans ; hérité par la famille Guillemaut ;
Collection George Edgar Bonnet ;
Resté par héritage dans la famille des actuels propriétaires

EXHIBITED:  Bruxelles, 1935, « Cinq siècles d'Art » (Exposition Universelle et Internationale), sans num. ;

Chefs-d'oeuvre de l'art français, Palais National des Arts, Paris, 1937, n° 41.

LITTERATURE : A. Zvereva, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Paris, 2011, p. 309, cat.270 (OEuvre en rapport).

NOTE DE CATALOGUE: La plus jeune des six enfants de Christian II, roi de Danemark, et d'Isabelle d'Autriche (soeur de l'empereur Charles
Quint), Christine ou Chrétienne (Christierna) fut élevée à Bruxelles et reçut une éducation stricte et complète. Elle avait onze ans à peine quand l'empereur lui fit épouser Francesco Sforza, duc de Milan, mort en 1535. En 1541, Christine fut accordée à François de Lorraine, devenu duc en 1544 et disparu l'année suivante, la laissant veuve et régente de la Lorraine en attendant la majorité de leur fils, Charles III. Femme décidée et autoritaire, elle administra le duché avec prudence et soutint ouvertement l'empereur, mais fut destituée par le roi de France Henri II, qui se fit maître de la Lorraine en s'emparant, en 1552, des Trois-Évêchés. Charles fut envoyé à la cour de France pour y être élevé avec les enfants royaux dont sa future épouse, Claude, deuxième fille de Henri II et de Catherine de Médicis. Avec ses deux filles, Christine se retira à Malines et ne revint à Nancy qu'en 1558, lorsque Charles III fut remis en possession de ses États, puis s'installa à Tortona en Italie, qu'elle possédait en tant que duchesse douairière de Milan.

C'est en 1558 – date portée en haut du présent tableau – que Christine se rendit pour la première fois à la cour de France pour assister au mariage de son fils avec la princesse Claude. À la demande sans doute de Catherine de Médicis, François Clouet, portraitiste attitré de la famille royale, tira alors les portraits de la duchesse et de sa fille Renée qui l'avait accompagnée (Londres, British Museum, inv. 1910,0212.70). Ce ne fut pas la première représentation de Christine qui avait déjà posé pour les artistes les plus illustres : Jan Gossaert en 1526 (Hampton Court, Royal Collection, inv. 405782), Hans Holbein le jeune en 1538 (Londres, National Gallery, inv. NG2475), Michiel Coxcie en 1545 (Oberlin, Oh., Allen Memorial Art Museum, inv. AMAM 1953.270) et Anthonis Mor en 1554 (Royal Collection, inv. 405799). Dans tous les portraits de la duchesse, on reconnaît le même visage long, les yeux d'un brun profond, le nez droit, le menton pointu et la bouche petite sans cette lèvre proéminente caractéristique des Habsbourg. Sa beauté fut en effet célèbre, mais, très pieuse, Christine apparaît toujours vêtue de noir sans aucun
ornement ni bijou et coiffée d'un attifet blanc : habit de veuve qu'elle adopta dès la mort de son premier époux et conserva tout le long de son second mariage.

Contrairement à ses éminents confrères, libres de décider de la manière de peindre leur modèle, Clouet se conforma aux règles du portrait « à la française », établies par Jean Perréal à la fin du XVe siècle et perfectionnées par le célèbre Jehannet ou Jean Clouet, le père de François : portrait en buste sur fond neutre, visage tourné de troisquarts, mains cachés par le cadre. À son habitude, l'artiste commença par un crayon préparatoire qui fort heureusement subsiste (Londres, British Museum, inv. 1910,0212.76) (voir fig.1) et dont la légende – Madame l'altesse / de lorraine –, apposée peu après son entrée dans la collection personnelle de Catherine de Médicis, confirme l'identité de la dame, car seule Christine de Danemark, duchesse douairière de Lorraine, était alors ainsi désignée. Mais c'est bien une peinture et non un dessin que la reine de France attendait surtout de Clouet, qui sans doute en réalisa plusieurs dont une au moins pour offrir à la duchesse. Cette image connut même un succès certain : il en existe deux copies, à l'huile et en miniature (Besançon, musée des Beaux-Arts et d'archéologie ; Offices, inv. 1890 n° 4440), et le dernier portrait de Christine peint par un anonyme français ou flamand dans les années 1570 s'en inspire fortement (copies aux Offices, inv. 1890, n° 395, et au Prado, inv. 1951, déposé à l'ambassade d'Espagne à Caracas).

Bien que rien ne permette aujourd'hui d'affirmer que le présent panneau soit celui peint pour la reine ou pour Christine de Lorraine, son attribution à François Clouet est incontestable. Non seulement les contours du dessin et de la peinture se superposent parfaitement, mais surtout, on y retrouve toutes les caractéristiques de l'art de Clouet, sa ligne fluide et précise, sa construction très graphique, son modelé fondu, ses ombres transparentes, ses subtils jeux de lumière, son soin des détails, son traitement très personnel des yeux aux iris brillants et à la pupille contractée. La maîtrise des couleurs du portraitiste français est tout particulièrement évidente dans cette oeuvre où la coiffe blanche s'oppose au noir du vêtement (robe à petit col blanc fraisé et manteau de velours noir à manches bouffantes agrémenté de galons du même velours), sans que ni l'un ni l'autre ne perdent leur volume ou leurs détails et sans qu'aucun d'eux n'éclipse le visage de la princesse qui attire irrésistiblement l'attention du spectateur. Les peintures conservées de François Clouet sont très rares, mais la comparaison avec ses oeuvres à peu près contemporaines confirme sans ambigüité l'attribution de ce portrait à l'artiste, tableau qui demeure cependant exceptionnel puisqu'on n'y retrouve aucune intervention de l'atelier, relativement courante en ce qui concerne le vêtement et qu'une certaine froideur et mécanicité de l'exécution trahiraient immanquablement.
Nous remercions Alexandra Zvereva de nous avoir confirmé l'authenticité de cette oeuvre et d'en avoir rédigé la notice.

Sotheby's. Tableaux et Dessins Anciens et du XIXe siècle. Paris | 21 juin 2012 www.sothebys.com 

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