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Alain.R.Truong
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26 août 2012

Lucrèce. Entourage de Domenico Guidi (1625-1720). Rome, dernier quart du XVIIe siècle

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Lucrèce. Entourage de Domenico Guidi (1625-1720). Rome, dernier quart du XVIIe sièclePhoto Kohn

Albâtre, marbre et métal. H. 55 cm, L. 23,5 cm, P. 17 cm. Petits manques - Estimation : 40 000 / 50 000 €

Cette rare sculpture en marbre et albâtre de Palombara évoque le moment où Lucrèce s'apprête à se donner la mort. Tout le grand style baroque romain est figuré dans cette représentation qui renvoie à ce fameux « art de bien mourir », cher aux artistes de cette époque. Lucrèce se tient debout, le visage tourné vers le ciel. Ses traits doux et lisses sont marqués par une profonde noblesse et une attitude de désespoir transparaît dans son regard. De sa main gauche, elle découvre sa poitrine afin d'y enfoncer le poignard qu'elle tient fermement dans l'autre main.

Elle est vêtue d'une superbe robe blanche qui s'anime sous le déhanché de la jeune femme et qui semble agitée par un souffle faisant virevolter les drapés.

Le matériau utilisé, l'albâtre de Palombara, est d'une grande rareté et l'artiste a su tirer profit de ses veines extraordinaires et de sa couleur pour créer un superbe effet visuel notamment pour rendre les carnations et l'arrière du vêtement.

L'art baroque est ici parfaitement représenté par la pose et l'expressivité de Lucrèce mais aussi dans toute la symbolique qu'elle inspire. Epouse de Lucius Tarquin Collatin, elle était admirée pour sa beauté et surtout sa vertu. Lors d'une visite chez Lucius, Sextus Tarquin, épris de la belle, la drogua puis la viola. Après avoir informé ces proches de cette infamie et appelé à la vengeance, elle décide de se donner la mort pour ne pas avoir à affronter le déshonneur.

La figure de Lucrèce a toujours été ainsi considérée comme un exemplum, c'est-à-dire un personnage dont les actes méritent d'être imités. Si l'OEuvre sculpté à Rome au XVIIe siècle est immense tant par la qualité que par la quantité, cette sculpture tire toute son originalité par la caractéristique de l'albâtre employé.

On peut rapprocher cette oeuvre de quelques sculptures réalisées par le grand artiste romain Domenico Guidi (1625-1701) qui travailla notamment avec Alessandro Algardi (vers 1595- 1654) et Ercole Ferrata (1610-1686) et répondit à de prestigieuses commandes de dignitaires civils et religieux à Rome.

La ressemblance stylistique de notre sculpture est en effet assez frappante avec la figure de Sainte Appoline conservée à l'église di Santa Maria degli Abbandonati de Torano. Outre la même position des genoux se croisant et des pieds écartés, la souplesse du visage ovale et cette expression d'extase retenue sont comparables.

On observe ce même velouté de la carnation, ces grands yeux sans pupilles finement incisés aux paupières et ce nez fin qui surmonte une petite bouche en accolade finement dessinée.

Le traitement de la chevelure, esquissant de longues mèches ondulées est également comparable.

Le type de coiffure en chignon savamment noué sur le côté s'observe sur une autre sculpture de Guidi, Andromède, conservée au Metropolitan Museum de New York. Tout comme dans notre oeuvre, la chevelure d'Andromède s'échappe en une élégante mèche retombant sur ses épaules.

Ces deux sculptures datées entre 1686 et 1691 constituent de véritables archétypes du baroque italien de cette époque et compte tenu de leur exposition dans des lieux publiques, ont sans doute pu inspirer notre artiste qui su tirer le meilleur parti de ce grand art du XVIIe siècle.

Kohn. Samedi 15 septembre 2012. Hôtel Le Bristol, Salon Castellane - 112, rue du Faubourg Saint Honoré - 75008 Paris. http://www.kohn.fr

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