Duel de cavaliers par Vincent Adriaenssen Leckerbetien, dit il Manciola ou le Manchole (Anvers, 1595 - Rome, 1675)
Duel de cavaliers par Vincent Adriaenssen Leckerbetien, dit il Manciola ou le Manchole (Anvers, 1595 - Rome, 1675). Photo Kohn
Toile. H. 74,5 cm, L. 60 cm. Restaurations. Estimation : 25 000 / 30 000 €
Bibliographie: Reproduit dans Christiane de Aldecoa, Vincent Adriaenssen Leckerbetien dit il Manciola ou le Manchole, Un Peintre connu mais oublié, publié dans Bulletin de l'Association des Historiens de l'Art Italien, n°7, Paris, 2001, fig. 3
Cette oeuvre a été récemment identifiée comme étant une oeuvre du Manchole, artiste d'origine flamande spécialiste des batailles et des chasses, qui travailla en France entre 1640 et 1661 à la demande de Mazarin.
Cette scène de bataille met en opposition deux cavaliers aux tenues antiques s'affrontant avec une brutalité intense. Autour d'eux, des témoignages du combat en cours confirment cette sauvagerie.
L'artiste a souhaité représenter un épisode d'une charge de cavalerie en se concentrant sur le combat entre deux individus. Toute la violence est perceptible au regard de la nervosité des chevaux à la musculature très marquée, leur jeu de regards effrayés, les drapés gonflés tout en ampleur des cavaliers ou l'expressivité agressive des visages. Au sol, les restes du combat attestent de l'importance de la charge : les chevaux à terre, dont on voit encore la présence d'une jambe d'un cavalier resté sur sa monture, les lances, les écus et l'étendard drapé laissés à l'abandon.
La lourdeur du ciel chargé de nuages menaçants complète cette tension. Christiane de Aldecoa a publié en 2001 dans le Bulletin de l'Association des Historiens de l'Art Italien une étude consacrée à Vincent Adriaenssen Leckerbetien qui a identifié cette toile comme étant de la main de l'artiste en la comparant d'une part avec les fresques de la Chambre du Cardinal du Palais Altemps et les six lunettes du Palais Colonna à Rome et d'autre part avec un tableau de la collection Rospiglioso Pallavicini. Fils de luthier, Vincent Adriaenssen Leckerbetien partit à Rome en 1625 où il exerça jusqu'en 1640, date à laquelle on le retrouve à Paris suite à la demande de Mazarin.
Durant cette période, il réalise de nombreux tableaux de chevalet et prit part aux décorations de Vincennes, Saint-Cloud et du Palais du Luxembourg.
En 1661, il repart à Rome où il décèdera en 1675. Ses oeuvres sont chargées de l'influence des écoles du Nord.
La technique picturale, la gamme chromatique faite de couleurs vibrantes opposées de manière franche évoquent le style dans la continuité de Rubens. De même, le souci du détail dans les enseignes militaires, les caparaçons des chevaux, le besoin de placer au premier plan une sorte de nature morte décorative faite d'un étendard drapé, d'un bouclier ou d'une lance, une certaine rudesse dans la figuration des soldats indiquent une manière anversoise.
Il Manciola ou Le Manchole, comme il était surnommé lors de son séjour en France, fut également influencé par des artistes italiens tel Guiseppe Cesar, dit le Cavalier d'Arpin (1568-1640) ou Antonio Tempesta (1555-1630). De ce dernier, Madame de Aldecoa fait un rapprochement avec une gravure, l'Engagement de cavalerie (fig. 2), dans laquelle le cavalier au centre de la composition est d'une facture très proche du cavalier de droite de notre toile.
A son arrivée en France, le peintre a assimilé ces influences flamandes et romaines et exprime un art à la forte personnalité, notamment dans la représentation des chevaux en mouvement.
Notre toile fait partie de sa production parisienne, entre 1640 et 1661 et témoigne de la puissance picturale de l'artiste qui fut très apprécié de son temps et que la postérité avait quelque peu oublié mais qui, grâce aux recherches de Madame Christine de Aldecoa reprend toute sa grandeur.
Kohn. Samedi 15 septembre 2012. Hôtel Le Bristol, Salon Castellane - 112, rue du Faubourg Saint Honoré - 75008 Paris. http://www.kohn.fr