Paire de vases en porcelaine de style kakiemon montée en bouquetière. Japon, fin du XVIIe siècle & Paris, époque Louis XVI
Paire de vases en porcelaine de style kakiemon montée en bouquetière . Japon, fin du XVIIe siècle pour la porcelaine. Paris, époque Louis XVI pour les montures. Photo Kohn
Porcelaine et bronzes dorés. H. 28 cm. Estimation : 80 000 / 100 000 €
Cette exceptionnelle paire de vases en porcelaine du Japon s'orne sur la panse d'un décor polychrome dit « Kakiemon » composé de chrysanthèmes, d'iris, d'oiseaux et de rochers.
La palette de couleurs utilisée est caractéristique de cette grande production japonaise aux tonalités dominantes tels le vert turquoise, le bleu, le jaune et le rouge-orangé. Les contours de cet environnement à la fois végétal, animal et minéral sont finement soulignés d'un trait noir.
Le fait d'avoir décentré le décor très aéré permet également de mettre en valeur la blancheur immaculée de la porcelaine. Ce style Kakiemon est apparu vers 1670 et connut un immense succès jusqu'en 1690 aussi bien auprès des autochtones que d'une riche clientèle européenne passionnée par l'Extrême Orient.
Le nom de « Kakiemon » renvoie à celui de l'émailleur japonais à qui l'on attribue la découverte des émaux sous couverte en 1647.
Ces pièces de porcelaine d'une qualité remarquable reçoivent une monture en bronze ciselé et doré d'époque Louis XVI, témoignant de l'importance qu'attachait son riche propriétaire à ces objets. Les piètements se composent de trois pattes de chevreau reposant sur des socles concaves à pans.
Le centre est gravé d'une fleurette. Les cols des vases sont soulignés de bandes brettées et de joncs soutenant deux poignées de préhension annelées à ruban. Témoignage de l'ingéniosité des bronziers et de l'imagination des marchands-merciers à l'origine de ce type de monture, ces vases se complètent sur le dessus par un porte-fleurs amovible percé d'orifices ronds et quadrilobés.
L'ornementation de ces oeuvres montre la réaction néoclassique à l'exubérance du style rocaille notamment en matière d'objets montés. Sous l'impulsion d'ornemanistes comme Neufforge ou Delafosse, les courbes et contre-courbes vont laisser place à un décor sobre et élégant en lien avec l'Antiquité. Ce sont les marchands-merciers qui, les premiers, eurent l'idée géniale de « monter » ces objets venus de loin qui fascinaient leurs riches contemporains. Sous Louis XVI, le recours à une monture de bronze doré avait certes toujours pour fonction de magnifier l'objet, de protéger sa fragilité mais aussi de montrer le grand savoir-faire des bronziers. Ainsi, en 1766, le marchand Hebert écrira dans son Dictionnaire Pittoresque à propos de la Collection du Marquis de Gagny: « Les montures et les ornements semblent disputer de prix avec les pièces qu'elles accompagnent ».
Kohn. Samedi 15 septembre 2012. Hôtel Le Bristol, Salon Castellane - 112, rue du Faubourg Saint Honoré - 75008 Paris www.kohn.com