Commode par Jean-Henri Riesener (1734-1806). Reçu Maître en 1768. Paris, époque Transition, vers 1770-1775
Commode par Jean-Henri Riesener (1734-1806). Reçu Maître en 1768. Paris, époque Transition, vers 1770-1775. Photo Kohn
Bâti de chêne, placage de bois de rose, sycomore, ivoire, bronzes dorés et marbre blanc veiné gris. Estampillé J.H. RIESENER et marque JME. H. 86 cm, L. 129 cm, P. 60 cm - Estimation : 200 000 / 300 000 €
Cette commode à ressaut central ouvre en façade par deux rangs de tiroirs sans traverse apparente et un troisième rang comportant trois tiroirs se révèle en ceinture par un secret (bouton-poussoir). En placage de bois de rose, elle est ornée d'une marqueterie sur fond de sycomore à motif de fleurettes géométrisées centrées d'une pastille d'ivoire, inscrites dans un treillage lié par des filets de sycomore teinté vert. L'ensemble estenrichi d'un décor de bronzes ciselés et dorés à ornementation d'entrelacs feuillagés, de fleurons, d'anneaux de tirage perlés, de chutes de feuilles d'acanthe, de cuirs découpés feuillagés pour l'entrée de serrure et d'agrafes feuillagées sur le tablier.
Elle repose sur quatre pieds cambrés terminés par un léger enroulement. Un plateau de marbre blanc veiné gris à pans coupés coiffe l'ensemble.
Les pieds cambrés ainsi que la façade en ressaut sont le reflet du goût esthétique de l'époque Transition. Les pieds à petite cambrure et la forme contournée du tablier sont des persistances du style rocaille et côtoient des lignes simples et droites, notamment le ressaut qui évoluera en trapèze, une des caractéristiques de Jean-Henri Riesener.
Cette commode témoigne du double héritage technique et esthétique que reçut l'ébéniste. En effet, la structure générale est directement inspirée des réalisations de son Maître, Jean- François Oeben, à qui il succéda à la tête de l'atelier après la mort de ce dernier en 1763, tandis que la marqueterie atteste de sa collaboration avec Roger Vandercruse, dit Lacroix, son beau-frère avec qui il travailla régulièrement. Une commode estampillée R.V.L.C. présente en son ressaut central une marqueterie de cercles entrelacés similaire à notre meuble, attestant des interconnexions entre les ébénistes. Une paire de commodes portant les estampilles de Gilbert-Ohneberg et Gilbert-Schlichtig présente les caractéristiques de notre modèle confirmant également ces relations si étroites qui pouvaient exister entre les ébénistes. Progressivement, Riesener s'émancipera et affirmera sa propre esthétique en renouvelant le style et en appliquant à ses créations des formes rectilignes, un nouveau répertoire inspiré de l'Antiquité et de nouvelles essences de bois, comme l'acajou.
Il deviendra le maître incontesté du néoclassicisme, ébéniste favori de Marie-Antoinette et recevra le titre d'Ebéniste Ordinaire du mobilier de la Couronne en 1774.
Il reçut également des prestigieuses commandes de la part des frères du Roi, de Mesdames, filles de Louis XV.
Kohn. Samedi 15 septembre 2012. Hôtel Le Bristol, Salon Castellane - 112, rue du Faubourg Saint Honoré - 75008 Paris www.kohn.com