Pendule « Aux Deux Chinois ». Attribué à Jean-Joseph de Saint-Germain (1747-1772). Paris, époque Louis XV, vers 1750
Pendule « Aux Deux Chinois ». Attribué à Jean-Joseph de Saint-Germain (1747-1772). Reçu Maître Fondeur-Ciseleur en 1748. Mouvement de Charles Le Roy (1709-1771). Reçu Maître Horloger en 1733. Paris, époque Louis XV, vers 1750. Photo Kohn
Bronzes dorés, émail et verre. Cadran signé CLES LE ROY À PARIS. H. 61 cm, L. 51 cm, P. 18 cm - Estimation : 180 000 / 250 000 €
Cette superbe pendule dite « aux deux chinois » en bronze ciselé et doré symbolise tout l'attrait pour l'exotisme et la fantaisie propre au règne de Louis XV.
Les deux chinois à longue moustache et coiffés d'un chapeaucloche portent la caisse circulaire accueillant le mouvement.
Au sommet trône un jeune « indien », la tête emplumée, un carquois à la hanche.
Il est assis sur des rochers adossés à un édifice au toit incurvé évoquant une pagode dans un entourage de feuillages et fleurettes.
La terrasse rocaille sur laquelle sont agenouillés les personnages est parsemée des motifs ornementaux au traitement mouvementé tels que feuilles d'acanthe, volutes aux oves ajourées, agrafes, cartouches et muret de briques.
Le cadran en émail indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes, avec deux carrés de remontoir.
Il porte la marque de Charles Le Roy, membre d'une célèbre dynastie d'horlogers parisiens. Reçu Maître en 1733, il est cité rue des Prêcheurs puis rue Saint-Denis, en face de l'église Saint-Leu. Toujours d'une très belle qualité d'exécution, plusieurs institutions muséales conservent ce modèle, avec quelques variantes, dont le grand bronzier Jean-Joseph de Saint-Germain serait l'auteur. Ainsi, le Metropolitan Museum de New York possède un modèle très proche du nôtre, signé de Saint-Germain et monté d'un mouvement de Charles Le Roy.
Un autre, également signé, appartenait à la prestigieuse collection d'objets d'art du XVIIIe siècle de Madame la Baronne de Gunzbursg.
Le Musée des Arts Décoratifs de Lyon dispose d'une oeuvre quasiment similaire, où la pagode est présente, le jeune indien ayant un arc à la main.
Un exemplaire au mouvement de Charles Le Roy, a été vendu par Sotheby's, Londres le 9 décembre 1960 sous le lot 136, acquis par Marcusson (peut être celle que nous présentons).
Ce modèle, parfois simplifié où un oiseau remplace le garçonnet, reprend un thème très en faveur dans ce XVIIIe siècle séduit par le goût de « La Chine », assimilant dans un exotisme de convention des sources diverses tels que personnages indiens et chinois évoluant au milieu d'éléments baroques.
Les interprétations pleines de charme et d'imagination des artistes français se révélèrent d'une grande fantaisie largement diffusée par les ornemanistes.
Ce modèle aux deux chinois et à l'indien près d'une pagode inspirée des dessins de Pillement en est l'un des plus représentatifs et des plus recherchés.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la Pendule Française du Moyen âge au XXe siècle, éd. de l'Amateur, Paris, 1997, pp. 122-123
F.J.B WATSON, The Wrightsman Collection. Vols. 1 and 2, Furniture, Gilt Bronze and Mounted Porcelain, Carpets, New York: The Metropolitan Museum of Art, 1966
Kohn. Mardi 5 mars 2013. Hôtel Le Bristol - Salon Castellane - 112, rue du Faubourg Saint Honoré – 75008 Paris - www.kohn.fr