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Alain.R.Truong
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Alain.R.Truong
20 mai 2013

Cabinet à décor de vernis « façon de la Chine » par Gerhard Dagly.Allemagne, fin du XVIIe siècle - début du XVIIIe siècle, ver

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Cabinet à décor de vernis « façon de la Chine » par Gerhard Dagly (Spa, Belgique, 1657 - Bensberg, 1715, actif à Berlin jusqu'en 1713). Allemagne, fin du XVIIe siècle - début du XVIIIe siècle, vers 1700. Photo Kohn

Bois laqué et bronzes dorés. H. 164 cm, L. 113 cm, P. 45,5 cm. Estimation : 80 000 / 120 000 €

A LATE 17TH-EARLY 18TH CENTURIES LACQUERED WOOD CABINET, C. 1700 By Gerhard DAGLY (1657-1715)
64.56 in. high, 44.78 in. wide, 17.91 in. deep

Cet exceptionnel cabinet en bois laqué ouvre par deux vantaux découvrant dix-huit tiroirs de différentes tailles.
Il est posé sur une console à large ceinture échancrée, encadrée par quatre pieds fortement cambrés terminés en sabot.
L'ornementation en bronze doré se réduit aux ferrures permettant l'ouverture des vantaux et à la serrure centrale du cabinet, laissant apparaître toute la beauté du décor doré en relief composé de scènes de pagodes et de volatiles sur fond noir à l'imitation des laques d'Extrême Orient. Ouvert, l'ornementation est constituée des scènes polychromes à la chinoise d'une grande préciosité sur un fond blanc crémeux.
Le rêve des pays lointains, pittoresques ou sensuels, s'inscrivant à partir du XVIIe siècle dans les arts européens, trouve dans ce cabinet une rare illustration dont l'opulence et la sophistication permettent de le rapprocher de la production de la plus illustre dynastie de peintres-vernisseurs allemands : les Dagly. Jouant du contraste avec le laque sombre rehaussé d'or présent sur l'extérieur du cabinet, la partie intérieure correspond à la technique mise au point par Gerhard Dagly (vers 1665-1714), où figures et motifs aux couleurs brillantes sont délicatement dessinés sur des fonds blancs, rivalisant ainsi avec la porcelaine. Originaire de Spa, Gerhard Dagly connut une carrière éblouissante au service du Roi de Prusse. Installé à Berlin dans les années 1680, il devient Kammerkünstler de l'électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume. Sa jeunesse en Hollande avait permis à ce prince d'être en contact avec des oeuvres d'Extrême-Orient et leurs répliques européennes. Lorsqu'il devint roi de Prusse en 1701, sous le nom de Frédéric Ier, Dagly joua un rôle majeur dans le réaménagement des résidences royales des environs de Berlin.
Ainsi, on peut citer un ensemble de pièces conservées au château de Charlottenburg présentant ce même fond blanc sur lequel sont mis en scène personnages, arbres et animaux inspirés du monde extrême-oriental, comme un cabinet ou le célèbre clavecin de l'électrice Sophie-Charlotte aux figures extrêmement proches de celles représentées sur l'intérieur des vantaux de notre cabinet. En 1694, l'architecte Christoph Pitzler, lors de sa visite au château d'Oranienburg déclara : « Il est joliment meublé et garni de cabinets et de chaises à la manière du Japon, et d'autres faits à Berlin par Dagly ; l'un est à la manière de la porcelaine bleue et blanche ». Dagly y décora la chambre des Porcelaines pour Auguste de Fort, électeur de Saxe.
Le décor en relief des vantaux extérieurs et du soubassement peut cependant être rapproché de la manière du plus fameux élève de Dagly, Martin Schnell (1685-1740). Vernisseur d'Auguste le Fort, électeur de Saxe, il décora de vernis « façon de la Chine » d'importantes pièces pour les princes de Bavière, Bade, Hesse et Wurtemberg, ainsi que pour la grande aristocratie allemande. Jouant du contraste entre le fond noir de la laque et son intérieur, orné de délicates scènes inspirées de la Chine sur un fond blanc à l'imitation de la porcelaine, ce cabinet est une pièce exceptionnelle, dans un état de conservation remarquable.
La finesse et la qualité du décor en font un précieux témoin de l'art des vernisseurs à l'imitation de la Chine. Prenant place dans ce contexte palatial, un tel cabinet, avec ses formes opulentes et son décor raffiné, est un précieux témoin de la production de Gerhard Dagly, rare évocation de ce que l'on célébrait à Paris au XVIIIe siècle comme les « cabinets de Berlin ».

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES: Winfried Baer, Die Lackmanufaktur der Gebrüder Dagly in Berlin, in Japanische und europaïsche Lackarbeiten (Arbeitshefte des Bayerischen Landesamtes für Denkmalpflege, Band 96), Munich, 2000, p. 288-330 Monique Riccardi-Cubitt, Un Art européen, Le Cabinet, de la Renaissance à l'Epoque moderne, éd. de l'Amateur, Paris, 1993

Kohn. Mercredi 22 mai 2013. L’Hôtel Le Bristol - Salon Castellane - 112 rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 Paris www.kohn.fr

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