Vase monté « Aux carpes ». Chine, époque Yongzheng, vers 1730 pour la porcelaine. France, époque Louis XV, vers 1750 pour la monture. Photo Kohn

Porcelaine et bronzes dorés. H. 32,5 cm, L. 16 cm, P. 12 cm -

A LOUIS XV ORMOLU-MOUNTED CHINESE PORCELAIN VASE 12.79 in. high, 6.29 in. wide, 4.72 in. deep

La panse du vase en porcelaine de couleur céladon présente la forme originale de deux carpes accolées de manière symétrique.
L'ensemble est enserré au niveau de la base et du col dans une monture en bronze ciselé et doré à décor de rocailles feuillagées formant deux anses dans la partie supérieure d'un grand dynamisme.
Symbole de richesse, la carpe est un motif très prisé dans l'iconographie chinoise. Selon une ancienne légende, ces poissons, capables de sauter au dessus de la Porte du Dragon, se transformaient en cet animal fantastique ; parabole enseignant que la bonne conduite et les efforts permettent de surmonter les obstacles et de s'améliorer.
Ce thème, allié à l'emploi de la porcelaine céladon, couleur imitant le jade, pierre sacrée des empereurs, atteste de la part de l'artiste de la valeur qu'il accorda à ce modèle. Dans ce prolongement esthétique, l'artiste bronzier confirme l'importance donnée à cette porcelaine par cette monture en bronze doré, d'une grande finesse d'exécution, composée de feuillages mouvementés et déchiquetés et de fleurs en boutons. Témoins de l'engouement des arts décoratifs français pour les pièces venues d'Extrême-Orient, les objets montés furent l'apanage des marchands merciers, dont Lazare Duvaux fut l'un des principaux représentants sous le règne de Louis XV. Dans son livre-journal est mentionné en 1751 la livraison d'un vase aux « carpes doubles » en céladon : « n°886-Mme de Pompadour (…)
deux poissons, groupés par deux, de porcelaine céladon, formant des pots à fleurs… 144 livres ».
Le 30 décembre 1758, le même Lazare Duvaux vendit à la Duchesse d'Orléans « un vase d'ancienne porcelaine vert céladon, orné de bronze doré d'or 600 livres », prix très élevé pour l'époque. Quelques exemples attestant de ce goût prononcé pour ce modèle.
Un vase en porcelaine céladon orné de deux carpes opposées monté en aiguière est présenté dans l'alcôve du Grand Salon du Musée Nissim de Camondo; un autre vase en porcelaine « clair de lune » présentant une monture identique faisait partie de la collection Léon Lévy. Témoignage de cet attrait, le peintre Henri-Paul Danloux a portraituré le Baron de Besenval en 1791 assis dans son Salon contemplant ses objets montés posés sur la cheminée, parmi lesquels nous pouvons reconnaître un vase « carpe » proche de notre modèle.

Kohn. Mercredi 22 mai 2013. L'Hôtel Le Bristol - Salon Castellane - 112 rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 Paris www.kohn.fr