Pagode assis. Par François I Roberday, Paris, vers 1640
Pagode assis. Par François I Roberday, Paris, vers 1640. Galerie J.Kugel © 2013
Figure en semence de perles fines et baroques, cornaline, turquoises, argent doré, corail, émeraude, améthystes, perles de verre sur âme de bois et cire. Socle en bois noirci. H. 14,9 cm ; L. 10 cm. Prix sur demande
Provenance: Charles Cressent (1685-1768)
Vente Cressent, 15 janvier 1749, n° 37
Le pagode représente un personnage chinois assis sur un rocher. Son visage et ses mains sont composés de nacre et de perles baroques, sa moustache et sa barbiche, de morceaux de coquillages découpés. Ses yeux sont en cabochons de grenat, sa coiffe en côtes d’agate et bandes de vermeil alternées, avec un diadème orné de deux améthystes et centrée par une émeraude. Il porte une longue robe ornée de turquoises et de semis de perle, sur le devant, les épaules et le dos de plaques ovales en cornaline et d’autres plus petites en verre aventuriné. Les manches sont en perles bleues alternées avec des bandes de vermeil. Les souliers sont en corail.
Il revient à Michèle Bimbenet-Privat d’avoir découvert l’une des spécialités de l’orfèvre François Roberday, les figures de nacre, de perles et de pierres précieuses et fines. Ces objets lui valurent une grande renommée puisque son nom est encore cité au XVIIIe siècle, avec des orthographes variées et souvent précédé de l’épithète du « fameux » Roberday. L’inventaire de son atelier en 1640 mentionne toutes sortes de pierreries ainsi que des « noquilles » de nacre et des insectes composés de pierreries[1].
Dans la collection de M. Davila, publiée en 1767, se trouve : « 186. Un cabinet de forme très élégante, fait en nacre de perle & en écaille par Robertet. (…) Les figures en rondes bosse et le pied qui sert de support à tout l’ouvrage, sont faits en petits grains et en Burgau, & enrichis d’Améthistes, Perles, Turquoises, Eméraudes, Topases et autres pierres fines (…) ».
Dézallier d’Argenville décrit en 1780 dans le cabinet de M. du Bois-Jourdain, rue Saint-Marc : « une armoire dans le fond paraissait couverte de vases de cristal de roches, d’agathes, de jaspes sanguin, de têtes d’animaux faites de perles et de nacre, ouvrages du fameux Roberdet ».
Mais l’ensemble le plus intéressant se trouvait dans la collection du célèbre ébéniste Charles Cressent, vendue le 15 janvier 1749. Pas moins de vingt-six objets, vendus en neuf lots, sont donnés à Bertodet (sic) (lots 24-32,37). On y décrit coqs, poules, autruches, dragons, crocodiles et gobelets, tous faits de « nacre de perles et autre pierres précieuses ». Le dernier lot comprend très certainement notre pagode : « 37. Trois magnifiques pagodes, deux assisses, et l’autre debout, garnies de perles et pierreries fines, de Bertodet ».
Dans l’inventaire après décès de Louis Henri, duc de Bourbon, prince de Condé au château de Chantilly le 17 février 1740, se trouve un objet similaire : « 260. Une pagode branlant la tête dans le visage, l’estomac, les mains et les jambes sont de nacre de perles tenant un écran à la main sur son pied d’émail garni de bronze, prisé trente livres ».
Les seuls autres objets identifiés attribués à Roberday, réalisés dans le même style avec les mêmes matières, sont une série de termes en pierres dures et semence de perles, certains montés sur des pieds en marqueterie Boulle. Un, provenant des collections du Grand Dauphin puis de Louis XIV, est conservé dans la galerie d’Apollon au Louvre, cinq au Museo degli Argenti à Florence, trois à la Schatzkammer de Munich et un au musée archéologique de Madrid.
[1] Bimbenet-Privat M., « Le coffret en pierres dures de Louis XIV » dans Versalia, n°8, 2005, p.25-26
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