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Alain.R.Truong
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10 décembre 2013

"De la Chine aux Arts Décoratifs"

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Brûle-parfum en forme de gui couvert, Chine, dynastie Qing, période Qianlong (1736-1796); émaux cloisonnés et champlevés sur cuivre, Dépôt public Fondation Salomon de Rothschild, 1923. Musée des Arts décoratifs, Paris, photo Jean Tholance

PARIS - L’exposition De la Chine aux Arts Décoratifs dévoile, pour la première fois, la qualité et la divers ité exceptionnelles de la collection d’objets d’art chinois conservée aux Arts Décorat ifs. Fruit d’acquisitions faites dans les premières décennies de l’institution, mais auss i de dons et de legs de collectionneurs généreux, cet ensemble remarquable traduit l’engouement pour l’art chinois en France, principale ment dans la seconde moitié du XIXe siècle et le premier tiers du XXe siècle. L’intérêt que ces donate urs ont eu pour les oeuvres en provenance de Chine, et de manière plus lar ge pour le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient, réside souvent dans la fasc inat ion pour certa ines techniques et matér iaux, mais auss i pour leurs formes et leurs mot ifs. Les pièces exposées sont une invitat ion à découvrir des sa voir-faire art isana ux et à pénétrer un univers qui a att iré et intrigué, en renouvelant le vocabulaire ornemental français depuis les premières expositions universelles jusqu’aux périodes plus récentes. L’attrait de l’époque pour ces oeuvres est tel, que des publicat ions de grande envergure comme celles d’Adalbert de Beaumont, Owen Jones et Eugène Victor Collinot , contr ibuent à la diffusion de ces re gistres décorat ifs avec un impact significat if sur les mét iers d’art européens .

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Porte-miroir en forme de rhinocéros (djeiran), Chine, dynastie Ming, bronze partiellement doré. Legs Charles Cosson, 1926, Musée des Arts décoratifs, Paris © DR

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Aiguière, Chine, dynastie Ming, XVIe siècle; porcelaine de Jingdezheng, monture en bronze doré. Don Alexis Rouart, 1898, Musée des Arts décoratifs, Paris © DR

De la Chine aux Arts Décoratifs retrace l’apparition du goût pour l’art chinois qui prend une ampleur manifeste en France au XIXe siècle, mais aussi l’histoire particulière d’une collection. Le Musée Chinois à Fontainebleau inauguré par l’Impératrice Eugénie en 1863, ou encore les Expositions Universelles, sont les prémices de ce nouvel et vif intérêt pour des formes d’art que ces amateurs éclairés vont, pour certains, collectionner avec passion.

Les premières salles de l’exposition rendent hommage à ces collectionneurs et ces légataires, tels que Jules Maciet, Raymond Koechlin, Jean Schlumberger, Raoul Duseigneur, Mademoiselle Grandjean, mais aussi David David-Weill et la Baronne Salomon de Rothschild.

En faisant don au musée des Arts décoratifs, ils revendiquent le souci de préserver, valoriser et transmettre un répertoire esthétique nouveau, ainsi que les secrets de certaines techniques, comme la laque ou encore la porcelaine.

Les raisons données par David David-Weill, lorsqu’il offre ses émaux cloisonnés au musée en février 1923, valent sans doute pour chacun d’entre eux : « La collection (…) pourra être un enseignement utile pour toute une branche d’artistes décorateurs ». Cet art chinois prisé par les créateurs et les amateurs occidentaux offre la possibilité de renouveler les techniques et d’ouvrir la porte à un nouveau répertoire iconographique. Les représentations de dragons ou encore de « chiens Fô » et d’autres chimères sont, pour le public européen de l’époque, des figures étranges et cryptiques qui suscitent toute leur curiosité.

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Double gourde (paire), Chine, dynastie Qing, laque, XVIIIe siècle. Dépôt public Fondation Salomon de Rothschild, 1923 © DR

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Récipient en forme de gui couvert, Chine, dynastie Ming, XVIe siècle, jade patiné, bois. Don Jeanne Reutlinger, 1937, Musée des Arts décoratifs, Paris © DR

De la Chine aux Arts Décoratifs est l’occasion d’appréhender une collection qui révèle un héritage artistique inédit. À l’exception de pièces réalisées pendant les premières dynasties royales ou impériales chinoises, les objets exposés appartiennent aux dynasties des Song (960-1279), des Yuan (1279-1368) et, pour la majorité, aux deux dernières dynasties impériales, celles des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1912). Ces chefs-d’oeuvre datant des périodes les plus récentes sont parmi les plus prisés des collectionneurs de l’époque et forment ainsi une partie importante de l’exposition, permettant de se rendre compte de la finesse et de la richesse des fonds que conservent Les Arts Décoratifs. Le public est invité à admirer une grande diversité d’objets tels que des robes de cour (chaofu) ou de cérémonie (lifu), des habits semiofficiels (jifu), des armures, ou encore des textiles présentés sous forme d’échantillons plus ou moins grands, offrant un catalogue de motifs et de techniques extraordinaires qui ont fasciné les Européens. Des albums de papiers aquarellés du XVIIIe et du XIXe siècle, réalisés pour le marché occidental et illustrant le mode de vie et les décors chinois, sont sortis des archives de la bibliothèque du musée pour l’occasion.

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Femme de mandarin du 9e ordre, gouache sur « papier de riz », Chine du Sud, dynastie Qing (1re moitié du XIXe s.), Don François Carnot, 1910, Bibliothèque des Arts Décoratifs, Paris © DR

Deux salles sont dédiées aux céramiques d’exportation provenant majoritairement des collections d’Alexandrine Grandjean et de Paul Pannier et des périodes plus anciennes sont classées par techniques, et mettent à jour des pièces d’exception comme le grand plat Yuan en porcelaine avec un décor bleu de cobalt sous couverte. Au même titre, des jarres, des vases ou encore des pots à anse en céramique évoquent l’époque durant laquelle les Compagnies des Indes orientales importaient par millions ces objets en Europe, alors que cette dernière recherchait encore le secret de la porcelaine. Ce parcours à travers l’histoire de l’art chinois retrace également l’évolution du goût des collectionneurs qui penchent pendant un temps pour les décors richement constitués d’émaux polychromes, et plus tardivement pour des objets initialement destinés au commerce en Chine.

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Plat, Chine, dynastie Yuan (1279-1368), porcelaine avec décor en bleu de cobalt sous couverte. Achat Raoul Duseigneur, 1894, Musée des Arts décoratifs, Paris © DR

Une autre partie de l’exposition, dédiée à un ensemble remarquable de cloisonnés provenant de dons de David David-Weill et de la Baronne Salomon de Rothschild, réunit l’une des collections les plus importantes de ce genre, très peu vues en Europe, offrant ainsi un panorama impressionnant qui retrace l’historique de cette technique. Ces chefs-d’oeuvre accompagnent des objets rares, tels qu’une vingtaine de cornes de rhinocéros sculptées appartenant aux dynasties Ming et Qing. Des pierres dures finement travaillées telles des vases, des pots et des coupes en jade, en agate et en lapis-lazuli sont également montrés au public et témoignent du raffinement de la culture chinoise.

Aux côtés de ces pièces, s’ajoute une sélection d’éléments de mobilier dont des paravents qui rappellent la grande maitrise de la laque que les européens ont longtemps admiré des chinois. 

L’exposition montre aussi des objets essentiellement fabriqués pour le marché chinois. Iconographies et symboliques des motifs sont décryptées au public pour mieux appréhender l’art et la culture de la Chine. Ces oeuvres figurant aujourd’hui au musée, sont ainsi l’occasion d’aborder les méthodes de création originales et anciennes, tout en distinguant le « goût chinois » de celui des français, dans la sphère des métiers d’art. En exposant cette collection, Les Arts Décoratifs souhaitent également apporter une ouverture sur la Chine du XXe siècle et contemporaine à travers des affiches et des jouets, mais aussi des oeuvres de designers ou de créateurs chinois.

En écho à l’exposition Les secrets de la laque Française. Le vernis Martin qui est installée dans la Nef du musée, De la Chine aux Arts Décoratifs s’étend dans les douze salles de la galerie d’étude, du 13 février à l’été 2014. Tout en mettant en lumière l’héritage du savoirfaire chinois et l’impact qu’il a eu sur les métiers d’art en Europe et en France en particulier, cet événement est ainsi l’occasion d’exposer une collection précieuse et riche, trop rarement montrée au public jusqu’à aujourd’hui.

Commissaire : Béatrice Quette , Musée des Arts décoratifs

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Brûle-parfum en forme de li ding. Chine, dynastie Qing, bronze patiné, Achat Laurent Héliot, 1892. Musée des Arts décoratifs, Paris © DR

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