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Alain.R.Truong
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11 mars 2014

Chema Madoz, "Œuvres récentes" @ Galerie Esther Woerdehoff

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Chema Madoz, Sans titre (détail), 2010. Photographie. Courtesy Galerie Esther Woerdehoff (Paris), © Chema Madoz

PARIS - Flacon d'encre renversé, cravate-barrière ou balançoire à papillon, ces photographies décrivent l'inventaire poétique d'une réalité transfigurée par un photographe illusionniste. Chema Madoz pense spécifiquement l'édition et le format de ces tirages argentiques, présentant d'immenses photographies, où il métamorphose un papillon en oiseau ou une partition en store vénitien. Le photographe présente aussi des œuvres hybrides, où il compose autour de yeux dessinés à la manière d'anciennes planches scientifiques, dans une approche pleinement surréaliste.

Né à Madrid en 1958, Chema Madoz découvre la prise de vue et le tirage photographique en autodidacte au début des années 1980, dans l'effervescence créative de la Movida.

Reprenant des études d'histoire de l'art et de photographe professionnel en cours du soir, il réalise sa première exposition et remporte son premier prix en 1984. Travaillant d'abord en extérieur, en explorant les rapports singuliers qu'il créé entre ses personnages et leur environnement, il se consacre ensuite de façon exclusive à photographier des objets et construit au fil du temps une œuvre reflet de son monde intérieur. Ignorant volontairement les modes de l'art contemporain, il transmet un imaginaire poétique et fantaisiste sous une rigueur formelle d'une grande cohérence artistique.

Si l'on peut hâtivement décrire les photographies de Chema Madoz comme des natures mortes, voire leur trouver des ressemblances graphiques avec la production publicitaire des années 1930, on se rend vite compte que chaque image est en fait un poème visuel, un moment de grâce transformé en photographie. Comme un poète assemble les mots, Chema Madoz travaille à partir d'un vocabulaire d'objets qu'il combine, retravaille, assemble, oppose jusqu'à obtenir des rencontres inattendues, où le surréalisme et l'absurde ne sont jamais loin. Le photographe accumule dans son atelier des objets glanés, comme un cabinet de curiosités anodines qui attendent d'être révélées.

Issus d'un imagier atemporel, souliers, livres, montres, ou échelles, ces objets ont été photographiés depuis le XIXe siècle; Chema Madoz les extrait de leur banalité utilitaire pour réaliser les rêves auxquels ils aspirent, défiant les lois de la physique et du réalisme.

Le photographe américain Duane Michals écrit que «Chema Madoz vit dans un miroir et voit le monde la tête à l'envers et à rebours». Aussi séduisant soit-il, le reflet de la réalité est une image factice et le photographe s'amuse de la crédulité des spectateurs qui pensent la photographie comme une représentation littérale du monde. Si les objets sujets de ses images s'inscrivent dans la réalité et ne résultent pas de photomontages ou de transformation de l'image a posteriori, ils n'existent pourtant que pour être photographiés, installations éphémères fixées par l'image faussement objective de leur présence. Dans ce sens, les photographies d'objets de Chema Madoz se comportent comme des mirages, interrogeant notre perception de la réalité et de sa représentation. Florence Pillet 

Galerie Esther Woerdehoff. Paris 15e. 12 fév.-05 avril 2014

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Chema Madoz, Sans titre (détail), 2011. Photographie. Courtesy Galerie Esther Woerdehoff (Paris), © Chema Madoz

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Chema Madoz, Sans titre (détail), 2011. Photographie. Courtesy Galerie Esther Woerdehoff (Paris), © Chema Madoz

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