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Alain.R.Truong
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4 avril 2014

Commode ouvrant par quatre tiroirs sur deux rangs. Estampillée FMD. Paris, vers 1730

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Commode ouvrant par quatre tiroirs sur deux rangs. Estampillée FMD. Paris, vers 1730. Par François Mondon (1694-1770), maître marchand ébéniste avant 1736. Photo Fraysse & Associés

au centre un à secret, marquetée en quadrillage, placage d'amarante et de bois satiné, bronze ciselé et doré, marbre campan mélangé. Hauteur: 85,5 cm - Largeur: 148 cm Profondeur: 86 cm. Estimation : 60 000 - 80 000

D'aspect sobrement chantourné, cette commode à deux rangs de tiroirs repose sur quatre pieds dont le galbe se prolonge avec la traverse en façade, tout en formant un arc abaissé en léger ressaut sur les côtés. A la partie supérieure, elle ouvre par deux tiroirs disposés de part et d'autre d'un montant médian, en fait un troisième tiroir à secret, tandis qu'un quatrième tiroir occupe toute la largeur de la commode, en sa partie inférieure. Les pieds ainsi que les tiroirs et les côtés sont ceints de bandes recouvertes de placage en bois frisé soulignées de filets en frisages de bois violet; alors que les champs des tiroirs et des parties latérales sont entièrement plaqués en bois satiné, disposé pour former un motif losangé. La commode présente une riche garniture de bronzes dorés, composée d'entrées de serrure et de poignées prenant appui sur des rosaces tournoyantes, de chutes à médaillons ovales mosaïquées et de sabots oblongues ceints de rocailles, surmontés d'un cartel et finissant en volutes d'acanthe. En façade, chaque tiroir est orné en son centre par une agrafe composée d'un cartouche à jour renfermant un motif festonné, entouré d'une frise également festonnée, ornée de lambrequins et de fleurons en or bruni, sur fond pointillé et soutenu par des volutes d'acanthe; ce cartouche est surmonté par deux branches entrelacées de feuilles et de glands de chêne renfermant dans leur milieu un cartel en amande, lui aussi à fond amati. Sur les côtés, elle est ornée d'importantes agrafes en bronze doré formant un cartouche chantourné, chacun composé d'un médaillon bombé suggérant une coquille nervurée, ponctuée par une rosace, le tout supporté par des volutes affrontées, soulignées d'un registre godronné et entouré de rocaille et de motifs ondés. La commode supporte une dalle en marbre campan mélangé d'aspect chantournée, dont le pourtour mouluré est ceint d'un puissant bec de corbin.

D'une grande qualité d'exécution, cette commode appartient à un groupe restreint de meubles d'un modèle similaire, qui comporte une autre commode parfaitement identique, non estampillée mais portant la marque du château de Bellevue, conservée au Museum für angewandte Kunst de Francfort et une seconde, autrefois dans la collection Gutzwiller1, également non estampillée (voir fig. 1 et 2).

4 - Portrait-charge du peintre Jombert, les bras ballants, 1773-1774, Paris musée du Louvre, (c)RMN - Grand Palais (musée du Louvre)

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A la différence de notre commode, cette dernière présente sur le tiroir supérieur un important masque féminin coiffé d'une palmette en bronze doré. Ces trois pièces se caractérisent par l'aspect très particulier des pieds, réunis au tiroir supérieur et suggérant la composition d'un bureau, impression renforcée par le décrochement du tiroir inférieur sur les côtés des commodes. Cette solution constructive, qui fut parfois employée par d'autres ébénistes, tels Etienne Doirat, Pierre IV Migeon ou Philippe Carel, n'avait pourtant jamais abouti à un résultat d'une pareille élégance comme dans le cas de ce groupe de commodes à la Régence, dont le tiroir inférieur, qui semble en retrait, contribue à alléger l'aspect général, en accord avec la fluidité des contours imposée par le mouvement des pieds. A l'exception de l'applique à tête de Flore de la commode Gutzwiller issue du répertoire ornemental de Charles Cressent, les chutes mosaïquées décorées de quatre-feuilles en bronze (Provenant de la coll. Thelma Chrysler Foy, vente Parke-Bernet, New York, 22-23 mai 1959, n°724, puis Sotheby's, Monaco, 1er juillet 1995, n°194.) (Voir A. Pradère, Les ébénistes français..., 1989, p. 123, 142, 167.) doré sont communes à une série de commodes à poignées en arbalète également par Cressant, cataloguées par A. Pradère sous l'appellation de «Commodes à doubles crosses en S et chutes de fleurs», à une table à écrire attribuée au même ébéniste4, mais aussi à une commode anonyme en arbalète, qui se trouvait en 1917 dans la collection Lévy5, à une autre d'un modèle très particulier, réparée/vendue dans les années 1760- 1770 par le marchand-ébéniste Jean-Baptiste Gallet, enfin à une petite commode en tombeau et à un bureau plat, ces deux dernières pièces estampillées par Mondon.

En effet, reproduite par Alexandre Pradère dans son ouvrage sur Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, notre commode est frappée d'une estampille abréviative FMD, que cet auteur a identifiée comme appartenant à l'ébéniste François Mondon (1694-1770), qui estampilla par la suite avec son nom en entier. A. Pradère, Charles Cressent, Dijon, Eds. Faton, 2003, p. 283- 285.

On remarque également que le bâti de notre commode dont le dos est réalisé dans une seule plaque de bois est très similaire à la manière d'assemblage des commodes de Cressent, voir ibid., p. 219.

Documentation: Galerie François Léage, Paris. Seymour de Ricci, Louis XIV und Régence, Raumkunst und Mobiliar, Stuttgart, 1929, p. 182.
Sotheby's, Monaco, 18 juin 1994, n°181.
Vente, Paris Me Million et associés, 16 mars 1998, n°112. 8 Galerie Steinitz, Paris, reproduit dans le Catalogue de la Biennale des Antiquaires, 2000, p. 58-62.

Apparenté peut-être à une famille de menuisiers et de tourneurs originaires du Dauphiné, François Mondon, qui avait épousé Marie-Jeanne Worms vers 1718, obtint la maîtrise avant 1736 car, entre cette dernière année et 1738 il est mentionné en tant que juré de la Communauté des maîtres menuisiers ébénistes de Paris, dont il allait devenir principal le 1er août 1764. Installé à l'enseigne La Pie, rue du Faubourg-Saint-Antoine, en face de la rue Saint-Nicolas, il fabriquait des meubles d'une belle qualité et s'adonnait également au commerce, vu que, dans l'inventaire après décès de son épouse, dressé en 1744, il était qualifié de «maître et marchand ébéniste». Il livrait également ses confrères, tels l'ébéniste Pierre IV Migeon et le tapissier Lelorin, dont les livres des comptes consignent son nom, et il travailla, entre autres, avec le tapissier Hourlier, avec les ébénistes Péridiez, Meusnier et Adrien Dubois, qui était son gendre, avec le menuisier Cousin, etc. Mais, les collaborateurs les plus importants de Mondon furent les ébénistes Antoine-Robert Gaudreaux (v.1680-1746) et, plus tard Gilles Joubert (1689-1775), les deux fournisseurs attitrés du Garde- Meuble de la couronne, par le biais desquels il livra plusieurs
Fr. de Salverte, Les ébénistes du XVIIIe siècle, leurs oeuvres et leurs marques, Paris, F. de Nobele, 1962, p. 236-237.
Arch. nat., Min. cent., XXVIII, 289, du 10 novembre 1744.
Arch. de Paris, Livres de commerce, Reg. 5491 (Pierre IV Migeon, ébéniste), Reg. 1308 (Lelorin, tapissier). meubles pour les maisons royales.

Par ailleurs, Gaudreaux qui fut appelé, avec l'ébéniste François Garnier, en tant qu'experts pour la prisée des marchandises de Mondon lors de l'inventaire de son épouse, devait à ce dernier non moins de 450 livres. Hormis le nom de l'ébéniste Joubert, ce même document fait état d'une somme de 250 livres, que Mondon devait au fondeur Blondel le jeune et d'une autre de 200 livres due au doreur Hautin, peut-être à l'origine des bronzes de notre commode. Par ailleurs, en 1744, le stock de l'ébéniste comptait plusieurs commodes dont une «de quatre pieds et demy [146,16 cm] à la Régence plaquée de bois satiné avec des fleurs de bois violet garnye de ses bronzes en cartel et de moulure de cuivre licé [lire lissée] le tout doré d'or moulu», prisée la somme de 400 livres, une autre «commode de quatre pieds et demy [146,16 cm] plaquée de bois violet et satiné garnye de ses bronzes en couleurs d'or, le dessus de marbre brèche d'Alep», estimée avec sa paire.

Comme par exemple plusieurs commodes estampillées de Mondon, dont une, faisant partie d'un groupe de trois, livrée le 15 avril 1751, par Gaudreaus pour le château de Marly, pour servir dans le «grand cabinet de Madame Henriette de France et cabinet de Mesdames de France cadettes», vente, Neuilly, Me Ionesco, 16 novembre 1991, n°80, puis Sotheby's, Monte-Carlo, 11 décembre 1999, n°62, une autre livrée le 30 novembre 1773, par Gilles Joubert «pour servir dans le logement de monsieur le comte de Noailles au Petit Château de Trianon», Christie's, Paris, 14 décembre 2004, n°133, etc. «sans bronze ni marbre» respectivement à 190t 90 livres, etc., qui ne manquent pas d'évoquer le modèle de notre pièce. On apprend du même inventaire que la principale cliente de Mondon était à cette époque la duchesse du Maine, qui devait à l'ébéniste la somme considérable de 1,264 livres 5 sols pour des fournitures livrées pour son hôtel parisien et pour le château de Sceaux entre 3 novembre 1742 et 9 mai 1744. Hélas, l'inventaire après décès de Louise-Bénédicte de Bourbon, duchesse du Maine, dressé en 175313, ne nous permettent pas de repérer avec certitude une pièce semblable à la nôtre parmi les commodes à la Régence qui furent alors décrites. Cependant, la ressemblance avec la commode livrée pour Bellevue, aujourd'hui au musée de Francfort et sa grande qualité d'exécution et de décor laissent supposer qu'elle aurait pu être commandée par un personnage important du temps, sinon par un membre la famille royale, du moins par un représentant de la noblesse qui fréquentait la Cour et connaissait l'ameublement des demeures de la Couronne.

Bibliographie: A Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, Eds du Chêne, 1989, p. 202, reproduite. 13 Arch. nat., Min. cent., XXXV, 973, du 19 février.

Fraysse & Associés. Mercredi 09 avril à 14h15. Drouot Richelieu - Salle 10. EMail : contact@fraysse.net - Tél. : 01 53 45 92 10

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