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Alain.R.Truong
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11 avril 2015

"Jean Patou - Couturier, parfumeur, bibliophile", le 22 mai à l’Hôtel Drouot

Jean Patou

Jean Patou.

PARIS - Synonyme de luxe et d’élégance, Jean Patou, qui aimait être sous le feu des projecteurs avait aussi son « jardin secret » de fervent collectionneur. Il avait l’amour des jardins, des tableaux de maîtres, des objets d’art et des livres rares. La bibliophilie a été une de ses grandes passions, comme en témoigne la qualité des manuscrits réunis dans sa collection.

Jean Patou un précurseur
Jean Patou a imprimé sa marque sur l’histoire de la mode en France et  dans le monde entier. Avant-gardiste, travailleur acharné, toujours pressé, il a développé un style et une entreprise.
Son style intemporel, qui mélangeait avec dextérité le chic et le décontracté, le matin et le soir, s’exprimait à travers une mode pour tous les âges qui reflétait avant tout une modernité absolue, à l’image de sa vie.
Son entreprise, qui connut une expansion rapide dès sa création s’adressait dès les années 1924 à une clientèle cosmopolite. L’Amérique le surnommait « l’homme le plus élégant d’Europe ».

Il avait le sens du marketing avant la lettre. Il a lancé la première huile solaire « huile de Chaldée » en 1927. Il a créé de nombreux parfums, dont Joy le parfum devenu aujourd’hui mythique. Il fut le premier à organiser des défilés spectacles et à recruter des mannequins américains pour défiler en France.

Il est né en 1887 à Paris et a créé sa première maison de couture à 22 ans. En 1919, au retour de la guerre, il développe la maison de couture, qui porte son nom et qui allait lui apporter la célébrité.
Cinq années de guerre, dont trois sur le front d’Orient à Salonique à partir de 1916 qui l’ont retenu loin de Paris l’ont profondément marqué et inspiré son goût pour les broderies, les couleurs et les parfums.

En 1923, il s’installe dans son hôtel particulier, rue de la Faisanderie. La décoration est confiée à la Compagnie des Arts Français, fondée par l’architecte Louis Süe et le peintre André Mare. Ils réalisent également l’aménagement de sa maison de couture aux numéros 7 et 9, de la rue Saint-Florentin.

En 1925, les collections de mode se multiplient. Elles concernent les robes, les manteaux, les chapeaux, les fourrures et les parfums. Une incroyable expansion menée tambour battant, au coeur des années folles. A partir de 1924, il noue son idylle avec l’Amérique et c’est une fascination réciproque qui s’installe.

Jean Patou a été un géant du monde de la mode, dominant la haute couture et anticipant le prêt-à-porter. Jean Patou aura célébré la vie et le corps féminin. Il disparait prématurément en 1936 à l’âge de 49 ans, après avoir donné naissance au nouveau style de la femme libérée.

Cette vente confiée par les héritiers de Jean Patou à la Maison de Ventes aux enchères Pierre Bergé et associés reflète cet itinéraire hors
du commun, au coeur des années folles et sous le règne de l’Art Déco.

Elle réunit environ 200 lots, dont une soixantaine concerne l’univers du parfum, une cinquantaine présente des modèles emblématiques de la maison de couture et plus d’une centaine de manuscrits et autographes. 

Jean de Mouy précise : « J’ai voulu que ces expositions et cette vente rendent hommage au talent visionnaire de mon grand-oncle et mettent en lumière non seulement le créateur, l’homme d’affaires innovant, mais aussi l’homme de culture et le bibliophile… tout autant que l’homme pressé. »

Modèle de Jean Patou

Modèle de Jean Patou, 1932.

Jean Patou couturier
Conservées par les héritiers du couturier, les pièces textiles présentées dans la vente affirment cette recherche de simplicité chère à leur créateur. Rien d’ostentatoire ni de superflu dans les coupes, les motifs ou les couleurs. Sur l’envers comme sur l’endroit, quatre-vingt dix ans après leur passage par les ateliers, la qualité du travail reste éblouissante.

Chacune des pièces renferme une page d’histoire, des sweaters créés pour les Garçonnes aux pièces de jersey inspirées par Suzanne Lenglen, Joséphine Baker ou Louise Brooks.

Destinée à la clientèle la plus raffinée de l’époque, une grande partie des collections est consacrée aux robes du soir, pour lesquelles simplicité et modernité forment le mot d’ordre.

Jean Patou, Robe de soirée « Black and White »

Jean Patou, Robe de soirée « Black and White »Estimation : 2 500 / 3 500 €. Photo courtesy Pierre Bergé & Associés.

Parmi elles, la fameuse « Black and White », portée par la danseuse de Broadway Eleanora Ambrose ou encore la « Musardise », sont autantde créations célébrant les silhouettes androgynes, avec leurs décors géométriques, franges et tailles basses.
D’inspiration plus classique, on citera des créations telles qu’une robe du soir de la collection printemps-été 1935, à petit boutonnage et en crêpe de soie bleue ornée de camélias en percale glacée bleu lagon, accompagnée d’une longue cape à capuche.

Les robes d’après-midi aux tons chauds et joyeux sont imprégnées du style des années folles, citons parmi elles une création en mousseline aux couleurs automnales et au drapé flottant. Dans le même esprit, la robe « Nuit de mai » à décor floral vert pomme, rose et gris sur fond écru, soulignée d’une ceinture de velours et rehaussée d’un noeud à l’arrière.

L’orientalisme cher à Jean Patou est largement représenté dans la vente. Ce manteau folklorique en toile de laine marine à décor tissé et brodé de laine rouge est une pièce anonyme, rapportée des Balkans par lecouturier pendant la Première Guerre Mondiale. Deux robes s’inspirent de ce souffle oriental : « Nuit de Chine » en satin et tulle de soie rebrodée de perles de verre roses et de fils métallisés à décor de chinoiseries, ainsi que « l’Arabesque », création en crêpe artificiel orné d’une broderie ajourée et aux poignets crantés.
Quelques manteaux du soir ou d’opéra, confectionnés en velours et agrémentés de fourrure, soulignent le prestige de la collection.

A l’honneur dans cette vente se trouve bien sûr le sportswear. Répondant aux aspirations d’une clientèle féminine chic et active, cette collection de pièces fait rimer décontraction avec sophistication.
On notera parmi ces créations l’emblématique tenue de golf portée par Madeleine Barbas Patou, soeur du couturier, ainsi qu’un des mannequins vedettes de Jean Patou, Lilian Farley.
Dans cette lignée de créations illustrées par le magazine Modes et Travaux, on trouve aussi les tenues de sports d’hiver. Dessiné à l’image de la femme « Jean Patou » androgyne, active et sophistiquée, on note cet ensemble comprenant blouson, pantalon, cravate, écharpe et chaussettes.

Jean Patou parfumeur
« Le parfum se nourrit de la mode. En 1925, Jean Patou se lance dans le  double métier de couturier et de parfumeur » raconte Emmanuelle Pollé dans son ouvrage « Jean Patou une vie sur mesure » (Paris, Flammarion, 2013). « Si les parfums sont en cristal de Baccarat, leur forme bien identifiable, chapeautée d’un bouchon en forme d’ananas tantôt noir, tantôt doré sont signés Louis Süe et André Mare qui poursuivent leur collaboration avec leur ami couturier ».

Jean PATOU (1887-1936), Bar à Parfums

Jean PATOU (1887-1936), Bar à Parfums. Estimation : 12 000 / 20 000 €Photo courtesy Pierre Bergé & Associés.

Il inventa un bar à parfums, installé dans la maison de couture qui permettait aux clientes de créer leur propre fragrance et d’harmoniser leur parfum avec leur tenue. Il fut le premier à présenter des rouges à lèvres dans des étuis en argent massif ou en vermeil, fabriqués par Cartier.
Deux bars à parfums sont présentés dans la vente. L’un est en loupe d’amboine, à abattants, et comprend deux flacons « Sweet » et « Dry ». L’intérieur est titré en lettres or « Jean Patou », avec une plaque en laiton gravée « Cocktail Jean Patou Paris ».
L’autre, également en loupe d’amboine est de forme demilune et circulaire, comprenant quatre flacons titrés : « My Own », « Bitter Sweet », « My Own », « Dry » et sept flacons « Angostura » numérotés, ainsi que deux tiroirs contenant des mouillettes, des pipettes et une éprouvette graduée.

Parmi les pièces emblématiques, citons « Joy », célèbre parfum-signature de la maison Patou, un exemplaire du fameux « Colony », avec son flacon en verre de forme ananas, ou encore ce flacon en cristal de Baccarat d’« Amour Amour », scellé avec son cordonnet vieil or.

A l’honneur également, le parfum « Normandie », à l’effigie du célèbre paquebot transatlantique, créé à l’occasion de son voyage inaugural vers New York en 1935. Provenant des exemplaires offerts aux passagers de première classe, un flacon en métal reprend la forme du navire, selon le dessin stylisé de Louis Süe.

La Passion pour l’écrit
Jean Patou a réuni une importante bibliothèque, avec un intérêt marqué pour l’histoire des textiles et un engouement pour la littérature. Ses références littéraires inspiraient ses créations.

Son intérêt pour l’écrit était celui d’un bibliophile, amateur de reliures et sur lesquelles il apposait son ex-libris. Il faisait recouvrir ses livres de reliures en cuir, ornées de motifs Art Déco, dont il dessinait parfois les motifs.
Il a également constitué une importante collection de manuscrits et lettres autographes des figures culturelles et historiques qui faisaient partie de son univers de référence.

A l’image de la destinée internationale du couturier, la collection de manuscrits de Jean Patou fait honneur à La Fayette, symbole de l’amitié franco-américaine. Deux ensembles de lettres autographes du Général retracent les annales de la Guerre d’Indépendance. 

Vicomte de NOAILLES (1756-1804), Lettre adressée au général La Fayette

Vicomte de NOAILLES (1756-1804), Lettre adressée au général La Fayette. Collection Jean PatouPhoto courtesy Pierre Bergé & Associés.

Le premier se compose de douze lettres échangées en Amérique entre La Fayette et son beau frère le Vicomte de Noailles alors que les hommes étaient au front. Cette correspondance est un témoignage intime de la grande amitié qui unissait les deux hommes. Elle est très rare, car on a conservé peu d’échanges complets de lettres de cette époque entre La Fayette et un correspondant unique.
Le deuxième ensemble se compose des archives personnelles de La Fayette datant de son célèbre « Farewell Tour of America » (1824-1825).
Cette série de documents a servi de source au fameux livre de Levasseur Voyage du général Lafayette aux Etats-Unis d’Amérique en 1824 et 1825 (Paris, 1829). On y trouve le remarquable manuscrit du Discours au Congrès, ainsi que le brouillon du Discours à John Quincy Adams, dans lequel le Général La Fayette fait ses adieux à l’Amérique. 

Parmi les pièces phares, notons la seconde lettre manuscrite dans laquelle La Fayette accepta l’invitation du Congrès en mai 1824. Cet ensemble historique est ponctué de lettres de bienvenue, envoyées par diverses autorités ; maires, présidents d’universités des grandes villes américaines.
A cet ensemble, s’ajoutent 35 discours rédigés par La Fayette qui révèlent le formidable accueil de « pop star » qui lui fut réservé, lors de sa tournée triomphale à travers les Etats-Unis d’Amérique.
La collection renferme également des lettres de personnalités et des manuscrits appartenant à l’histoire littéraire du 19ème siècle. Parmi ceux ci, un ensemble de dix lettres de Flaubert sur l’évolution de Salambô sont adressées à Ernest Feydeau, auteur du roman à succès Fanny et père de Georges Feydeau. Des lettres de Marcel Proust, de Delacroix, Ingres et Monet font partie de cet ensemble.
Parmi les manuscrits, notons un pamphlet de Pierre Louÿs, deux chapitres d’Enfantines de Larbaud et deux ouvrages de jeunesse de Colette : Minne et Le Mariage de Minne. 

Jean Patou, Süe et Mare : une relation privilégiée
Après avoir croisé dans l’armée d’Orient Bernard Boutet de Monvel et Louis Süe, Jean Patou entamera avec ce dernier une collaboration, qui deviendra une grande amitié.
Nous devons à Süe et Mare et à la Compagnie des Arts Français, la réalisation des décorations de la maison de couture en 1922, située au 7 et 9 de la rue Saint-Florentin ainsi que l’aménagement de son hôtel particulier en 1923, situé rue de la Faisanderie.

Fauteuil bas

Fauteuil bas. Modèle 47 du catalogue Süe et Mare de Florence CamardEstimation : 2 000 / 3 000 €Photo courtesy Pierre Bergé & Associés.

Seront présentés lors de la vente, un ensemble mobilier de ces créations, provenant de la maison de couture dont une paire de fauteuils bas chauffeuses, qui faisait partie du mobilier des salons d’essayage (Modèle 47 du catalogue Süe et Mare de Florence Camard) (2 000 / 3 000 € chacun), une coiffeuse « Saint-Florentin », provenant de la cabine de mannequins (1 500 / 2 000 €), un bureau plat de présentation (1 800 / 2 500 €), un fauteuil (Modèle 48 du catalogue Süe et Mare de Florence Camard) (1 000 / 1 500 €) et le bureau personnel de Jean Patou en placage d’ébène de Macassar (4 000 / 6 000 €).

Provenant de l’hôtel particulier de Jean Patou, sont également mis en vente, une chauffeuse (1 800 / 2 500 €) ainsi qu’une paire de chenêts du ferronnier de la Compagnie des Arts Français, Richard Desvallières (800 / 1 200 €).

Le culte de l’Eternel Féminin
Ce bronze d’Aristide Maillol, qui provient de l’hôtel particulier de Jean Patou incarne le type de la femme sportive, que magnifiait Jean Patou à travers ses créations.

Aristide MAILLOL (1861-1944), Nu debout se coiffant, 1898

Aristide MAILLOL (1861-1944), Nu debout se coiffant, 1898. Épreuve en bronze. Fonte par Alexis RudierEstimation : 250 000 / 350 000 €Photo courtesy Pierre Bergé & Associés.

MAISON DE VENTES. PIERRE BERGÉ & ASSOCIÉS. Vente aux enchères publiques – Hôtel Drouot – Salle 2 : Vendredi 22 mai 2015, à 14 h
Expositions publiques – Hôtel Drouot – Salle 2 : Jeudi 21 mai 2015 : 11h-18h - Vendredi 22 mai 2015 : 11h-12h

Experts : Jean-Baptiste de Proyart pour les autographes, Pénélope Blanckaert pour la mode, Bernard Gangler pour les flacons deparfum, Fabien Béjean-Leibensin, Sandor Gutermann pour le mobilier Süe et Marel.

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