"J’aime les panoramas" au MUCEM
Elina Brotherus, Der Wanderer 2, 2004 © Elina Brotherus / Adagp, Paris 2015
MARSEILLE - Massifs de montagne ou côtes méditerranéennes, certains lieux ont la faculté d’offrir à leurs visiteurs des points de vue privilégiés qui procurent le sentiment de dominer le monde, de le posséder voire de s’y dissoudre.
Le mot « panorama » naît une première fois en Angleterre en 1787. Il désigne alors une construction circulaire au centre de laquelle le spectateur se place pour découvrir un paysage ou une scène historique, reproduits de façon illusionniste et qui se déploie autour de lui, à 360°. Il apparaît sous un autre jour, en France, en 1830, où il devient simplement l’expression d’un large paysage, d’une vue étendue. Puis son sens rebondit pour devenir la succession d’images qui se présentent à la pensée comme une vision complète ou l’étude quasi exhaustive d’un sujet…
Ces différentes acceptions traduisent bien tout ce qui se trouve en substance dans le phénomène panoramique : le rôle central du regard, une certaine appropriation du monde qui en découle, le sentiment de dominer une situation par la simple vision large et entière que l’on peut en avoir... En donnant l’illusion de la réalité au point de parfois la concurrencer, les différentes formes de panoramas posent de fait la question de la construction du regard.
L’exposition J’aime les panoramas, fruit d’une étroite collaboration entre les Musées d’art et d’histoire de Genève et le MuCEM, à Marseille, cherche à montrer comment la notion de panorama dépasse les catégories habituelles de la représentation (beaux-‐arts, art contemporain, photographie, cinéma, industrie, pratiques amateur…). Issue d’une logique scientifique et militaire avant d’être accaparée par la société du spectacle, l’expérience panoramique pose la question de notre rapport au monde ou au paysage, maîtrisé ou inconnu, au tourisme de masse, à la consommation de points de vue formatés, à l’image comme source de divertissement.
Du premier dessin de panorama déposé par l’inventeur américain Robert Fulton à l’Institut national de la propriété intellectuelle de Paris, en 1799, à l’œuvre 360° Room for All C olours, de l’artiste danois Olafur Eliasson, réalisée en 2002, l’exposition propose un éventail chronologique large. En réunissant des œuvres d’artistes tels que Gustave Courbet, Jan Dibbets, Vincent Van Gogh, Peter Greenaway, David Hockney, Ellsworth Kelly, François Morellet, Gerhard Richter et Jeff Wall, elle souligne la diversité des propositions artistiques influencées ou marquées par la notion de panorama.
Des relevés photographiques des Alpes à ceux des champs de bataille en passant par les papiers peints, les cartes postales ou les films, registres, médiums et univers se mélangent et renouvellent le regard que nous portons sur le monde et sur la fonction du spectateur.
Du 4 novembre 2015 au 29 février 2016
Olafur Eliasson, 360 room for all colours, 2002 © 2002 Olafur Eliasson /Ph. Christopher Burke
Robert Fulton, Brevet d invention, 1791 © Archives INPI
Jeff Wall, Restoration, 1993 © Jeff Wall
Paul Helbronner, Le mont- Blanc depuis le sommet du mont Maudit © Collection C.Corgne / Ph.Marc Heller
Renaud Auguste-Dormeuil, Hotel des Transmissions jusqu'à un certain point, Athènes, 2013-2006 © Renaud Auguste-Dormeuil
Johan Christian Dahl, Vue depuis Bastei, 1819 © Drammens Museum
R. Graham, Millennial Project for an Urban Plaza, 1991© Rodney Graham, courtesy 303 Gallery, New York / Ph.FRAC Centre / Olivier Martin Gambier
Bertrand Lavier, Paysages aixois, 2014 © Bertrand Lavier / Adagp, Paris 2015 / Ph. Herve Hote
Les Grands Boulevards de Paris de la Madeleine à la Bastille, 1820 © Joachim Bonnemaison
Peter Gales, Yosemite Park, 1968 © Kodak / Peter Gales
Alexandra Exter et Marie Colmont, Panorama de la côte, 1937-1938 © MuCEM / Yves Inchierman
Vue de Santa Lucia à Naples, 1810 © A. Guillard
Olafur Eliasson, The horizon series, 2002 © 2002 Olafur Eliasson / ph. Jens Ziehe
Jean-Gabriel Charvel, Les Sauvages de la mer Pacifique, 1804 © Les Arts Decoratifs, Paris / Jean Tholance
George Frederic Watts, Après le déluge, Le quarante et unième jour, 1885-1891 © Watts Gallery
Gustave Courbet, Panorama des Alpes, vers 1876 © MAH / Bettina Jacot / Descombes
David Hockney, A closer Grand Canyon, 1988 © David Hockney / photo Richard Schmidt