"L’ART ET L’ENFANT. Chefs-d’œuvre de la peinture française" au musée Marmottan Monet
Le musée Marmottan Monet présente, du 10 mars au 3 juillet 2016, l’exposition « L’Art et l’enfant. Chefs-d’œuvre de la peinture française ». Signées Le Nain, Philippe de Champaigne, Chardin, Greuze, Corot, Daumier, Millet, Manet, Cézanne, Monet, Morisot, Renoir, Bastien-Lepage, Pelez, Bonnard, Vallotton, Maurice Denis, Matisse, Picasso, Chaissac, Dubuffet… près de soixante-quinze œuvres provenant de collections particulières et de prestigieux musées français et étrangers sont réunies au musée MarmottanMonet. Fruit de la collaboration d’historiens et d’historiens de l’art, cette exposition inédite retrace l’histoire du statut de l’enfant du XIVème au XXème siècle et permet de porter un regard nouveau sur ces œuvres en interrogeant différemment la peinture.
L’une des pièces majeures du musée de Cluny, La présentation au temple attribuée à André Beauneveu et Jean de Liège, ouvre l’exposition et illustre la prépondérance de la représentation de l’enfant-Dieu dans l’iconographie jusqu’à la fin du moyen-âge. La figure de l’enfant-Roi apparait ensuite. Des portraits de souverains enfants, prêts du Palazzo Pitti de Florence, des musées de Hambourg, du Louvre et du Château de Versailles, composent un ensemble d’ex-ception. Si les deux fils d’Anne d’Autriche, Louis XIV et son frère Philippe de France, portent dans le portrait qui les représente avec leur mère régente, la robe de l’enfance – vêtement dont on affuble indistinctement les garçons et les filles jusqu’à l’âge de cinq ans – ce sont les attri-buts du pouvoir qui se donnent généralement à voir. Dès le plus jeune âge, les portraits de Louis XIV s’inscrivent dans un cadre officiel et protocolaire. L’enfant disparait sous le manteau d’hermine. Héritier de droit divin, il incarne la continuité dynastique. La pérennité familiale est également au cœur des préoccupations de l’aristocratie comme l’illustre le chef-d’œuvre de Philippe de Champaigne La famille de Habert de Montmor, trésor du château de Sully-sur-Loire et présenté pour la première fois dans une exposition temporaire. Face à lui, une suite de tableaux des frères Le Nain montre des enfants humbles, petits paysans dont les activités sont le prétexte à des scènes de genre plus pittoresques que réalistes.
Philippe de Champaigne – La famille Habert de Montmor – Première moitié du XVIIe siècle. Huile sur toile – 213 x 193 cm – Propriété du Département du Loiret – Château de Sully sur Loire – Photo © château de Sully-sur-Loire
Les frères Le Nain – Enfants avec une cage à oiseaux et un chat – Vers 1646 – Huile sur toile 56,5 x 44 cm – Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle. Photo © BPK, Berlin, Dist. RMN- Grand Palais / Annette Fischer / Heike Kohler
Anonyme – Louis XIV, roi de France, enfant, XVIIe siècle – Huile sur toile – 89 x 62,5 cm Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon – Photo © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Philippe de Champaigne (1601-1674), Louis XIV offrant sa couronne et son sceptre à la Vierge et à l’Enfant – vers 1643. Huile sur toile – 118, 8 x 100 cm – Hambourg, Kunsthalle – © Hamburger Kunsthalle / bpk. Photo © Elke Walford
Anonyme, anciennement attribué à Philippe de Champaigne – Portrait d’un enfant mort, vers 1650 – Huile sur toile – 58 x 47, 5 cm. Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie © Besançon, Musée des beaux-arts et d’archéologie – Photo © Charles Choffet
Avec les Lumières, s’ouvre un âge nouveau. L’enfant est au centre de préoccupations politiques, morales et sociales. Un écorché grandeur nature représentant une femme enceinte avec fœtus, œuvre spectaculaire de Jacques-Fabien Gautier Dagoty, illustre les progrès de la médecine à la fin du XVIIIe siècle et la volonté de lutter contre la mortalité infantile. Sous l’impulsion rousseauiste, l’allaitement maternel se répand et les aristocrates se font portraiturer donnant le sein. Un attachement nouveau s’exprime.
Jacques-Fabien Gautier Dagoty – Deux femmes enceintes partiellement écorchées. Non daté – Trois planches montées bout à bout, numérotées – X à XII – Gravure en couleurs 201 x 63,5 x 3,2 cm – Paris, Bibliothèque de l’Académie nationale de Médecine – Photo © Christian Baraja
C’est le « triomphe du sentiment familial » que symbolisent ces portraits où père et mère enlacent leurs enfants. Considéré comme un être à part entière, l’enfant est doré-navant un sujet de peinture. On le représente désormais seul, pour ce qu’il est. Chardin le fait jouer au toton, Girodet étudier, Greuze le montre rêveur…
Pierre Mignard – Louise-Marie de Bourbon, duchesse d’Orléans, dite Mademoiselle de Tours, Vers 1681-1682 – Huile sur toile – 130 x 96 cm (159,2 x 121,8 x 10 cm avec cadre) – Versailles, musée du château et des Trianons – Photo © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Jean-Siméon Chardin – L’enfant au toton, 1738 – Huile sur toile – 67 x 76 cm – Acquis en 1907 – Paris, musée du Louvre, Département des Peintures – Photo © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Angèle Dequier
François-André Vincent – Madame Boyer-Fonfrède et son fils – 1796 – Huile sur toile 96 x 79 cm – Legs de Mme Le Chanoine du Manoir de Juaye, 1938 – Paris, musée du Louvre, Département des Peintures – Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau
Anne-Louis Girodet-Trioson – Benoît Agnès Trioson regardant des figures dans un livre, 1797 – Huile sur toile – 73, 2 x 59, 2 cm (encadré 95, 7 x 82 x 10, 5 cm) – Montargis, musée Girodet – Photo © Cliché Guillaume Boynard / Musée Girodet, Montargis
Au XIXe siècle, la représentation de l’enfant gagne ses lettres de noblesse. Millet, le réaliste, consacre aux soins des plus jeunes des peintures qui telles La becquée, La précaution maternelle et La leçon de tricot deviennent des icônes de la France rurale. D’autres artistes témoignent de l’enfance urbaine et défavorisée.
Jacques-Augustin-Catherine Pajou – Portrait de la famille de l’artiste – Vers 1802 – Huile sur toile – 63 x 52 cm – Paris, musée du Louvre, Département des Peintures – Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado
Baron Gérard – Napoléon-Charles-François-Joseph Bonaparte, Roi de Rome – vers 1812. Huile sur toile – 61,2 x 50,3 cm – (75,5 x 64,6 x 7,7 cm avec cadre) – Versailles, musée national des châteaux et de Trianon – Photo © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
Philippe-Auguste Jeanron – Les Petits Patriotes – 1830 – Huile sur toile – 101 x 81 cm. Paris, Centre national des arts plastiques en dépôt au musée des Beaux-Arts de Caen. Photo © RMN-Grand Palais / Daniel Arnaudet
Jean-François Millet – La leçon de tricot, 1869 – Huile sur toile – 101,3 x 83,2 cm. Saint Louis, Saint Louis Art Museum. Photo © Saint Louis Art Museum, Museum Purchase 106:1939
Jean-François Millet – La Précaution maternelle, vers 1855-1857 – Huile sur toile – 29 x 20 cm – Legs Thomy Thiéry, 1902 – Paris, musée du Louvre, Département des Peintures – Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec
L’exposition aborde enfin l’influence du dessin d’enfant sur l’art à l’aube du XXe siècle. Une sélection inédite de crayonnages dus aux rejetons de Monet et de Pissarro ainsi que les dessins d’enfant d’artistes reconnus comme Maurice Denis et Jean Lurçat sont présentés pour la pre-mière fois au public. Réalisés dans un cadre strictement familial, ces griffonnages suscitent à l’aube du XXe siècle un intérêt particulier. La création enfantine marque les avant-gardes en quête d’un vocabulaire nouveau.
Claude Monet – En promenade près d’Argenteuil – 1875 – Huile sur toile 61 x 81,4 cm – Paris, musée Marmottan Monet. Photo © Musée Marmottan Monet, Paris / The Bridgeman Art Library
Pierre Auguste Renoir – L’Enfant à l’oiseau (Mlle Fleury en costume d’algérienne) – 1882. Huile sur toile – 126, 5 x 78 cm – Williamstown, Sterling and Francine Clark Art Institute, Massachusetts, États-Unis – Photo © Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, USA (photo by Michael Agee)
Berthe Morisot – Les Pâtés de sable – 1882. Huile sur toile – 92 x 73 cm – Collection particulière – Photo © DR
Fernand Pelez – Un Martyr. Le marchand de violettes – 1885 – Huile sur toile – 87 x 100 cm Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris – Photo © Petit Palais / Roger-Viollet
Pierre Bonnard – L’enfant au pâté de sable. Vers 1894 – Détrempe à la colle sur toile, panneau décoratif – 167, 5 x 51 cm – Paris, musée d’Orsay – © ADAGP Paris 2015 – Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Pierre-Auguste Renoir – Portraits d’enfant (les enfants de Martial Caillebotte, Jean et Geneviève) – 1895 – Huile sur toile – 65 x 82 cm. Collection particulière – Photo © David Cueco
Félix Vallotton – Le Ballon, dit aussi Coin de parc avec enfant – 1899 – Huile sur carton marouflé sur bois – 48 x 61 cm – Paris, musée d’Orsay, legs de Carle Dreyfus, 1953 – Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Maurice Denis – La Boxe – 1918 – Huile sur toile – 85 x 70 cm – Collection particulière. Catalogue raisonné Maurice Denis – Photo © Olivier Goulet
Le portrait de Pierre Matisse par son père, Paul dessinant de Picasso et, du même auteur, Le peintre et l’enfant – image triomphante d’un enfant brandissant un pinceau quand le peintre qui l’accompagne tient une palette - attestent de cet intérêt. Avec l’Art Brut, représenté par Dubuffet et Gaston Chaissac, l’infantilisme des formes est poussé à outrance et dénonce l’art codifié et classique, « l’asphyxiante culture ».
Pablo Picasso – Le Peintre et l’enfant – 1969. Huile sur toile – 130 x 195 cm – Paris, musée national Picasso – Photo © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Jean-Gilles Berizzi © Succession Picasso 2015
Gaston Chaissac – Visage mélancolique, 1961 – Totem de papiers peints, gouache et encre de Chine – 52 x 47 cm – Collection Karmitz. Photo © Christian Baraja – ©ADAGP Paris 2015