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Alain.R.Truong
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2 février 2016

Coupe sur pied en cristal de roche monté en argent

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Coupe sur pied en cristal de roche monté en argent. Le cristal de roche gravé : Art Rhéno-Mosan, vers 1230. La monture en argent : Angleterre, époque James I (1566-1625). Hauteur : 11 cm, Largeur (avec les anses) : 10 cm, Diamètre (au col) : 5 cm; diamètre (au pied) : 7 cm. Courtesy Galerie Kugel

Littérature : - Lamm (C.J.), Mittelalterliche Gläser und Steinschnittarbeiten aus dem Nahen Osten, Berlin, 1929-1930, 2 volumes (Forschungen zur islamischer Kunst, V), II, pl.84. 
- Hahnloser (Hans R.), Brugger-Koch (Suzanne), Corpus der Hartsteinschliffe des 12.-15. Jahrhunderts, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, Berlin, 1985, pp. 52-55, n° de cat. 208-211 pp.146-147, planches 185-189. 
- Alcouffe (Daniel), Les gemmes de la Couronne, catalogue d’exposition, RMN, 
Musée du Louvre, Dpt des Objets d’Art, 23 avril-23 juillet 2001, pp.115-117.

Le globe évidé, formant à l’origine une ampoule et désormais la panse de la coupe, est gravé d’une décoration composée de fins rinceaux formant des spirales et se terminant par des fleurs à pétales en forme de bâtonnets rayonnants ; il repose sur un haut pied circulaire et évasé en argent lisse si ce n’est une fine moulure en bordure ; il est inséré dans quatre lanières filetées bordées d’un motif de feuilles crénelées dont deux supportent une anse en forme de volute surmontée d’une tête de chérubin ; le col est monté d’une lèvre évasée lisse si ce n’est la partie en contact avec l’épaule reprenant le motif de feuilles crénelées. 

L’ampoule qui forme la panse de cette coupe appartient à un groupe d’une quinzaine de pièces étudiées par Lamm et Hahnloser et reconnues comme les premiers exemples de cristaux de roche gravés en Occident sous l’influence des pièces fatimides et byzantines importées en Europe après le sac du Caire en 1062 et celui de Constantinople en 1204. Le fait qu’un certain nombre de ces cristaux gravés sont enchâssés dans des montures rhéno-mosanes datées vers 1230-1250 a amené Hahnloser à situer leur création dans ce milieu culturel. 
Ce type d’ampoule appartenait à des reliquaires. Parmi ceux qui nous sont parvenus, celui de Valence, celui de Bari et un troisième aujourd’hui à Limoges, présentent sur le cristal de roche un décor de rinceaux et de fleurs à fines pétales presque identique à cette coupe. Ces ampoules d’un diamètre de 4 à 7 cm sont formées d’un globe de cristal de roche évidé, poli, gravé et sculpté en haut et en bas d’une moulure permettant la fixation de la monture. On retrouve aussi le même type de décor gravé sur la partie en cristal de roche de reliquaires en forme de rouleau ou d’écrin de la même époque qui viennent compléter ce groupe. 

Transformée en coupe par sa monture en argent en Angleterre au début du XVIIe siècle, l’ampoule provient de toute évidence d’un reliquaire du XIIIe siècle confisqué par le roi d’Angleterre Henri VIII lors de la dissolution des monastères en 1538. En effet, des rapports économiques, culturels et religieux intenses entre l’Angleterre et la région rhéno-mosane sont accrédités au XIIIe siècle par les documents d’archives et peuvent expliquer sa présence dans ce pays. D’autre part, sa transformation en objet laïque est parfaitement justifiée dans le contexte politico-religieux de l’époque de James I, roi d’Angleterre de 1603 à 1625. 

Une autre pièce en cristal de roche aux motifs semblables à notre coupe connut au XVIe siècle une adaptation similaire : il s’agit d’un vase pourvu d’une monture en argent réalisée à Edimbourg vers 1565 pour former une aiguière offerte par la reine Elisabeth I à lord John Erskine.

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