Félix Ziem (Beaune, 1821 - Paris, 1911), Le Bucentaure, jour de fête à Venise
Lot 153, Félix Ziem (Beaune, 1821 - Paris, 1911), Le Bucentaure, jour de fête à Venise. Huile sur toile, 82 x 117 cm. Signée 'Ziem' en bas gauche. Estimation : 100 000 € / 150 000 €. Photo Tajan
'THE BUCENTAURE IN VENICE CANAL, A DAY OF CELEBRATION', OIL ON CANVAS, SIGNED, BY F. ZIEM - 32,28 x 46,06 in.
Commentaire : " Beau ciel, lagunes polies et silencieuses où j'ai rêvé le beau ". C'est dans son Journal, au 18 novembre 1879, que Félix Ziem traduit avec les mots ce que ses tableaux depuis vingt ans n'ont cessé d'exprimer : le rêve d'une Venise jadis glorieuse. A partir de 1842 Ziem s'y rend plus de vingt fois. C'est en illusionniste plus qu'en védutiste que le peintre ressuscite les souvenirs fastueux de la Sérénissime. Il ne témoigne pas, il évoque, à grand renforts de couleurs et de lumière, les splendeurs des siècles passés. En effet, si Félix Ziem est au faîte de sa gloire lorsqu'il réalise ce tableau, le dernier Bucentaure est lui détruit depuis longtemps.
Le thème n'en est pas moins cher à l'artiste, symbole de la toute puissance de la République et de son histoire devenue légendaire. L'événement dépeint était célébré tous les ans le jour de l'Ascension : le doge de Venise embarquait sur sa galère souveraine, le Bucentaure, pour jeter dans la passe de San Andrea un anneau d'or, symbole du mariage de Venise et de la mer.
La scène historique est pour l'artiste prétexte à une démonstration picturale. Les architectures sont seulement allusives, les personnages des silhouettes suggérées par les taches de couleurs vives des étoffes moirées. Les scintillements de l'eau retiennent le regard, captent l'attention et enrichissent une perspective saturée de soleil, et de l'air chargé de brumes qui montent de la lagune.
Cette fête de la peinture, cette harmonie colorée que sert une touche nerveuse, hommage à la peinture du Lorrain et de Turner, assurera le succès de Ziem dont les tableaux vénitiens vont s'arracher à prix d'or chez les plus grands marchands. Encore aujourd'hui, alors que le lion de Saint-Marc veille sur son tombeau du Père-Lachaise, le nom de Ziem demeure indissociable de celui de Venise.
Nous remercions l'Association Félix Ziem, représentée par Messieurs Mathias Ary Jan, David Pluskwa et Gérard Fabre de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce tableau par un examen de visu.
ARTCURIAL, Tableaux et Dessins Anciens et du 19e siècle, le 31 Mars 2016 à 18h00