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Alain.R.Truong
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2 octobre 2016

Le Maître de Francfort (né vers 1460 - actif à Anvers entre 1496 et 1520), La crucifixion.

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Lot 13. Le Maître de Francfort (né vers 1460 - actif à Anvers entre 1496 et 1520),  La crucifixion. Panneau de chêne parqueté (restaurations). Haut. : 83 cm - Larg. : 71,5 cm. Estimation: 150 000 € / 200 000 €. Photo Guillaume Le Floch.

NotesÀ l’exception de Maîtres clairement identifiés comme Quentin Metsys ou Jan de Beer, l’essentiel de la production picturale anversoise du premier tiers du XVIe siècle est non signée et répartie entre différents groupes qui portent des noms de conventions. Celui du « Maître de Francfort » a été proposé en 1929 par Walter Friedländer pour désigner un artiste anonyme, actif à Anvers vers 1500, juste avant la génération de peintres qui va introduire les premiers éléments de la Renaissance italienne. L’historien d’art regroupa une soixantaine d’œuvres autour de deux triptyques conservés à Francfort (retable de sainte Anne peint pour l’église des dominicains, musée historique de Francfort ; retable de la Crucifixion, peint pour Claus Humbracht, Francfort, Städel Museum). 

Son style est celui d’un peintre ancré dans la tradition de Robert Campin et de Rogier van der Weyden, parfois légèrement influencé par Hugo van der Goes, connaissant les gravures de Schongauer et insensible aux peintres de Bruges comme Memling et Gérard David. Il n’était pas d’origine allemande comme on l’a crû parfois, simplement certains de ses commanditaires y résidaient ce qui explique que plusieurs de ses tableaux y soient encore conservés. En revanche, il n’est pas impossible qu’il s’y soit rendu. Son Autoportrait avec sa femme (Anvers, Musée royal des beaux-arts) fait mention de son âge, 36 ans, et porte la date 1496, ce qui permet de situer sa date de naissance vers 1460. Son identité a été fort débattue : on a proposé les noms de Jan de Vos (mentionné à Francfort en 1512), de Hendrick van Wueluwe (on pourrait lire un monogramme « W » sur l’un des tableaux de ce groupe ; voir le catalogue de l’exposition Extravagants ! A Forgotten chapter of Antwerp painting 1500-1530, p.222).  

Depuis les recherches de Walter Friedländer, le nombre de peintures qu’on a attribuées à ce Maître a plus que doublé pour se situer autour de 130 à 150 tableaux, mais certaines compositions possédant des répliques inégales ou d’atelier, font monter le total à 250 œuvres. Le nom de « Maître de Francfort » était alors donné à des tableaux anversois possédant des caractéristiques stylistiques communes, certains étant considérés comme des chefs-d’œuvre de cette école, par exemple la Fête des archers (Musée royal des beaux-arts d’Anvers). La monographie de Stephen H. Goddard, publiée en 1984, a tenté de départager ce corpus en trois groupes principaux : le Maître et deux élèves très proches, l’un d’eux étant appelé le « Maître de San Diego », par référence au triptyque avec le mariage de sainte Catherine conservé au San Diego Museum of art. Actuellement, on considère que le « Maître de Francfort » regroupe plusieurs ateliers différents. Nous remercions Monsieur Peter van den Brink qui nous a indiqué que ce panneau présentait des affinités avec le Maître dit de San Diego, mais qu’il est de meilleure qualité que ce groupe et que la douceur de certaines figures était plus proche de la peinture des Pays-Bas septentrionaux.  

Parmi les œuvres anversoises du début du XVIe siècle encore en mains privées, ce panneau est l’un des plus beaux, des plus équilibrés qui nous soient parvenus. Il doit le Christ décharné sur une croix en Tau, encore gothique, et la position de la Vierge soutenue par saint Jean aux compositions créées par Rogier van der Weyden (notamment le triptyque du Kunsthistorisches Museum à Vienne), les lointains bleutés, la présence végétale importante avec une façon particulière de détailler les feuilles des arbres et de couvrir le sol de plantes comme un tapis d’herbes, sans une roche ou de la terre visibles, se retrouvent dans les autres œuvres du Maître de Francfort, tout comme le magnifique brocard de Joseph d’Arimathie au pied de la croix.  

On le rapprochera justement de la crucifixion au centre du triptyque éponyme de Francfort, plus grand (118 cm de hauteur). La composition est différente mais les principaux protagonistes sont placés dans le même ordre, à l’exception de Marie-Madeleine. Sur notre panneau, on admirera la qualité et la richesse des détails, toujours fascinantes chez les Maîtres flamands : la description des costumes, les cavaliers en armure et leur serviteur au second plan, les bijoux portés par deux hommes à droite, ou encore le centurion qui tient le drapeau qui semble être un portrait.  

GUILLAUME LE FLOC'H, 92210 SAINT-CLOUD (FRANCE). le 02 Octobre 2016 à 14h30

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