Découverte d’un sanctuaire gallo-romain à Murviel-lès-Montpellier
Fragments de décor appartenant à un acrotère faîtier © P. Druelle, Inrap
À l’occasion de l’aménagement d’un lotissement par Rambier Aménagement à Murviel-lès-Montpellier, une fouille préventive prescrite par l’État (Drac Occitanie) a donné lieu à la découverte des vestiges d’un sanctuaire gallo-romain. Les archéologues de l’Inrap, en partenariat avec le service Archéologie et Patrimoine de la Communauté d’agglomération du Bassin de Thau (CABT) enrichissent ainsi la connaissance de l’agglomération antique fouillée sur la commune depuis de nombreuses années.
LES ORIGINES ANTIQUES DE MURVIEL-LÈS-MONTPELLIER
L’occupation antique de la colline du Castellas voit le jour au début du IIe siècle avant notre ère. L’habitat est d’abord constitué d’un oppidum fortifié sur le sommet plat de la colline. L’agglomération ne cesse de se développer pour atteindre une superficie d’environ 30 hectares à la fin du Ier siècle avant notre ère.
Le sanctuaire gallo-romain actuellement mis au jour, sur une superficie de 4 000 m², est situé sur un versant faisant face à la ville antique. Il est composé d’un temple, de bâtiments avec portiques et d’une source aménagée, établis autour d’une vaste place dont trois côtés ont été dégagés. Son implantation, sur un terre-plein, devait lui offrir une position privilégiée, voire ostentatoire.
LE TEMPLE
Un temple de forme quadrangulaire a été dégagé sur 8 m de large et 10 m de long du côté oriental de la place. Des éléments de décors architecturaux, ainsi que sa forme et la taille de ses blocs de construction, permettent de le dater du courant du Ier siècle avant notre ère. L’absence d’emmarchement dans l’emprise des fouilles indique que son entrée devait se situer sur la façade est, qui n’a pu être observée.
Les archéologues ont mis au jour la cella, la salle intérieure qui accueille la statue de la divinité, dont le sol est empierré. Des fragments de mosaïque ont été découverts dans le pronaos, vers l’entrée du temple. La base et le couronnement de l’autel ont été retrouvés à proximité, dans les niveaux de démolition de l’édifice.
Au sud-ouest de la cella, un ensemble de petits édicules maçonnés, de coffrages en tuiles ou d’amphores fichées dans le sol témoignent des pratiques d’offrandes effectuées par les fidèles. L’ensemble est clôturé par un mur distant d’environ 7 m du lieu de culte qui marque la limite de l’espace sacré et porte le nom de péribole.
UNE PLACE ENCADRÉE DE PORTIQUES
Au-delà du péribole, la place de 62 m de long sur plus de 25 m de large, est dans un premier temps bordée au sud par un portique. Ce dernier a été identifié par une série de fosses alignées et régulièrement espacées, témoins de supports de colonnes. Ce portique semble détruit dès l’Antiquité et laisse place à un ensemble d’édicules maçonnés servant de réceptacles aux dépôts votifs. S’y ajoutent plusieurs amphores plantées dans le sol. L’ensemble marque la présence de rites bien au delà du périmètre circonscrit par le péribole du temple.
Un portique à l’ouest abrite des pièces de superficies inégales ouvertes en direction de la place. Le traitement de leur sol diffère : sol de cailloutis, sol en galet ou mosaïque pour la pièce la plus au nord. Leur destination n’a pas pu être clairement précisée, mais elles pourraient avoir servi à l’accueil des pèlerins.
À l’arrière de ce bâtiment, une source aménagée a pu avoir une fonction cultuelle, ce qui reste à préciser. Un petit autel votif y a été découvert : il atteste à minima de gestes religieux dans un environnement proche.
Ce vaste espace public– place, bâtiment, portiques et source - à proximité immédiate du temple, permet d’identifier l’ensemble comme un sanctuaire. Il fait le pendant du quartier monumental du Castellas et son rayonnement pouvait dépasser les limites de l’agglomération antique de Murviel-lès-Montpellier.
La mosaïque du pronaos dans le temple. © P. Druelle, Inrap
Amphores et petits édicules maçonnés, à l’intérieur du péribole. © P. Druelle, Inrap
Vue depuis l’ouest, du temple, des éléments de l’autel dans le niveau de démolition, ainsi que les amphores votives fichées dans le sol. © P. Druelle, Inrap