Vase cylindrique à trois pieds avec couvercle, jiuzun, Vietnam, culture de Dông Son, Période Nam Viêt ou Giao Chi
Vase cylindrique à trois pieds avec couvercle, jiuzun, Vietnam, région nord ou provinces limitrophes de Chine, culture de Dông Son, Période Nam Viêt ou Giao Chi (fin du Ier siècle av. J.-C.-IIe siècle apr. J.-C.). Bronze. H. : 37 cm, diam. : 36 cm. INV. 2505-27 © musée Barbier-Mueller
Ce genre de récipient est marqué par l’influence des réceptacles cylindriques tripodes lian de la dynastie des Han occidentaux (206 avant J.-C. - 9 après J.-C.), avec leurs trois pieds en forme d’animaux non identifiables, trapus, les têtes de monstre tao t’ie en paire sur les flancs, dont le museau se prolonge par un anneau où est fixée une boucle mobile de préhension ou de suspension, et une autre boucle attachée à l’autre anneau placé au milieu du couvercle.
Ce dernier est décoré, en frise, dans le sens des aiguilles d’une montre, d’une procession d’oiseaux inscrits en négatif. Les flancs du réceptacle comportent trois registres, séparés par un double ruban concave. Le premier fait voir un défilé de paons. Le deuxième comporte quatre barques, avec leur équipage de personnages hautement stylisés : ce ne sont plus que deux bouquets de plumes, l’un à la place des fesses et les deux autres à la place du torse et de la tête (à l’arrière une touffe large, à l’avant une mince). Au milieu de ce bouquet, un petit cercle pointé est peut-être le souvenir de l’œil ? Des poissons sont figurés dans les vides au bas du registre.
Le troisième registre apporte la preuve d’une fabrication probablement faite en série, sans grande imagination. Tous les caprinés, identiques, regardent vers la droite ; ils sont debout, la tête haute, et leur pelage est indiqué par de petits traits.
Les images sont, dans la tradition de Dông Son, en creux, ce qui signifie qu’ils figuraient en relief sur la cire ou le moule en argile, suivant l’interprétation faite du procédé de fonte (pour le Dr Nguyên Viêt, c’est le premier que l’on doit retenir et l’éditeur pense qu’il a raison, étant appuyé par des savants aussi prestigieux que Bellwood, pour ne parler que de celui qui est notre contemporain). La découverte de récipients de bronze identiques au Yunnan (Chine), à Son La (Vietnam), l’existence de ce vase et de celui exposé au musée Guimet à Paris témoignent de la réalité d’un style Dông Son-Han dans les régions montagneuses des sources des fleuves Rouge et Dà.
Publ. : Viêt 2008, pl. III.4 (comme « vase cylindrique jiuzun ») ; l’auteur ajoute (p. 14) que les zun servaient à réchauffer l’alcool et qu’on en a encore mis au jour au Guangxi et au Guangdong, donc sur tout le territoire du royaume de Nam Viêt.
Édité par Jean Paul Barbier-Mueller
Van Viêt Nguyên, Le profane et le divin, arts de l’Antiquité. Fleurons du musée Barbier-Mueller, musée Barbier-Mueller & Hazan (éd.), 2008 : p. 444.