NoteGérard David est considéré comme le dernier des grands Primitifs flamands. Né dans le nord des Pays-Bas, c’est bien à Bruges qu’il s’installe dès 1484, date à laquelle il est inscrit à la corporation des imagiers. Il y travaille dans la continuité des artistes plus méridionaux comme Jan van Eyck ou Hugo van der Goes, tout en subissant l’influence de Hans Memling, autant sur le plan stylistique qu’iconographique. Si sa carrière se poursuivra à Bruges, où il décèdera en 1523, elle dépassera cependant les limites de cette ville, puisque le peintre semble avoir également été reçu en 1515 à la Guilde d’Anvers, cité qui, à cette époque, est en train de prendre le pas sur sa rivale en terme d’économie et de dynamisme.
L’on a pu établir un corpus d’environ soixante tableaux exécutés en toute certitude par David, néanmoins aucun de ceux-ci n’est signé ou daté, ce qui rend l’établissement d’une chronologie précise de son œuvre complexe. Pour la plupart exécutés sur petit format, ses œuvres sont principalement destinées à la dévotion privée, et représentent généralement une seule ou deux figures religieuses. C’est le cas pour ce précieux panneau, qui représente la Déploration de la Vierge sur le Christ mort. Dans un cadrage resserré, accentuant ainsi la proximité de la Vierge pleurant la mort de son fils et concentrant l’attention sur la douleur de celle-ci, Gérard David offre une image d’une piété fervente et sincère.
La composition de David est connue par plusieurs exemplaires (voir Hans J. Van Miegroet, Gerard David, Anvers, 1989, qui en répertorie huit), dont l’un, encore conservé en collection privée à Amsterdam en 1989 (Miegroet, op. cit., no. 32) est considéré comme original. C’est également l’un des seuls dont le fond représente un paysage, tandis que dans la plupart des autres versions connues, comme celle-ci, la Vierge et le Christ se détachent sur un fond bleu. D’un raffinement poussé, la couche picturale présente des repentirs visibles à l’œil nu, notamment dans l’annulaire de la main gauche de la Vierge. Des traces du dessin sous-jacent, visibles à la réflectographie infrarouge, témoignent d’une préparation minutieuse de l’œuvre, éxecutée probablement dans l’atelier même de Gérard David. 

Christie's. Tableaux 1400 - 1900, Paris, 20 June 2018