Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 50 862 150
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
7 septembre 2018

Musée national Picasso-Paris opens exhibition 'Picasso. Chefs-d’œuvre !'

téléchargement

PARIS - Quel sens a la notion de chef-d'oeuvre pour Pablo Picasso ? L'exposition « Picasso. Chefs-d'oeuvre ! » répond à cette question en réunissant des oeuvres maîtresses, pour certaines présentées à Paris pour la première fois. Grâce à des prêts exceptionnels, des chefs-d'oeuvre du monde entier dialogueront avec ceux du Musée national Picasso-Paris. L'ensemble réuni propose une nouvelle lecture de la création picassienne, grâce à une attention particulière portée à la réception critique. Le parcours revient ainsi sur les expositions, les revues et les ouvrages qui ont accompagné chaque oeuvre et qui ont contribué, au fil des années, à forger leur statut de chefs-d'oeuvre. Les archives du Musée national Picasso-Paris occupent une place essentielle dans ce récit.

PARIS.- What does 'masterpiece' mean to Pablo Picasso? The exhibition "Picasso. Masterpieces!" seeks to answer this question by assembling many of Picasso's great works from around the world, some of which are being exhibited in Paris for the very first time. Thanks to exceptional loans, masterpieces from all over the world dialogue with those from the collection of the Musée national Picasso-Paris to offer a new interpretation of Picasso's creations, with particular attention to the critical reception of his works. Focusing on past exhibitions, reviews, and texts, this show explores how Picasso's works have become, thoughtout the years, iconic masterpieces. The archives of the Musée national Picasso-Paris play an essential role in recounting this story

LE CHEF-D'OEUVRE INCONNU

Atteindre la beauté idéale, le chef-d'oeuvre absolu : voici le rêve que le peintre Frenhofer, héros du Chef-d'oeuvre inconnu d'Honoré de Balzac, poursuit en vain. Publié pour la première fois en 1831, l'ouvrage est illustré un siècle plus tard par Pablo Picasso, à la demande du marchand Ambroise Vollard. Le thème du peintre et son modèle auquel l'artiste se consacre alors illustre la quête d'un idéal qui mènera Frenhofer à la mort : faire du portrait l'expression d'une âme, accéder à la perfection à travers l'oeuvre d'art.

La mise en scène de l'artiste au travail traverse tout l'oeuvre de Picasso. Ses nombreux autoportraits, seul ou en compagnie du modèle, constituent autant de réflexions sur la création. Artiste parmi les plus prolifiques du XXe siècle, toujours à la recherche de nouveaux modes d'expression, Picasso consacre sa vie à une quête proche de celle de Frenhofer. À travers une sélection d'oeuvres essentielles, jalons de la création picassienne, l'exposition « Picasso. Chefs-d'oeuvre ! » revient sur cette histoire. Des conditions de la création jusqu'à l'influence de la réception critique, le parcours met en lumière les événements qui ont contribué à ériger chaque oeuvre au rang d'icône. Tout au long du XXe siècle, de la tradition académique aux révolutions modernes, les quêtes obstinées de l'artiste espagnol ont radicalement redéfini les contours de la notion de chef-d'oeuvre.

LE CHEF-D'OEUVRE INCONNU 

Achieving perfect beauty, the absolute masterpiece: this is the dream that the painter Frenhofer, the hero of Honoré de Balzac's novel, Le Chef-d'oeuvre inconnu, pursued in vain. Published for the first time in 1831, the text was illustrated a century later by Pablo Picasso, at the request of art dealer Ambroise Vollard. The theme of the painter and his model which Picasso explores in his work represents the kind of ideal artistic vision which leads to Frenhorfer's death as he attempts to portray the expression of a soul, to reach perfection through a work of art.

The artist at work is a running theme in Picasso's oeuvre. His many self-portraits, alone or with a model, are also reflections on the creative process. One of the most prolific painters of the 20th century, relentlessly seeking new modes of expression, Picasso dedicated his life to a quest similar to that of Frenhofer. Through a selection of key works, milestones of Picasso's artistic career, the exhibition "Picasso: Masterpieces!" looks back at this journey. From the conditions in which the artwork was produced to the influence of its critical reception, the exhibition examines the events that helped make each piece an icon of art. Throughout the 20th century, from the academic tradition to modern revolutions, Picasso's pursuits radically redefined the concept of the masterpiece. 

2. SCIENCE ET CHARITÉ
Science et Charité fait partie des rares oeuvres que l'artiste a conservées de sa jeunesse, avant d'en faire don en 1970 au Museu Picasso de Barcelone. À la faveur des liens étroits qui unissent cette institution et le Musée national Picasso-Paris, l'oeuvre est aujourd'hui montrée pour la première fois à Paris.

Picasso n'a que seize ans lorsqu'il peint Science et Charité. Etudiant à la Llotja, l'école des Beaux-Arts de Barcelone, il fait le choix d'un thème en vogue dans les salons de peinture et chez les tenants du réalisme social : la visite au malade. Aux modèles académiques, l'artiste mêle les images de son quotidien. Son père sert de modèle au médecin, et le sujet fait écho à un drame personnel : la mort de sa jeune soeur Conchita en 1895. Envoyée à l'Exposition générale des Beaux-Arts de Madrid, l'oeuvre reçoit la mention honorable avant de remporter la médaille d'or de l'Exposition provinciale de Malaga. Elle incarne l'incroyable maîtrise technique dont fait preuve le jeune Picasso.

SCIENCE ET CHARITÉ 
Science and Charité is one of the rare pieces from Picasso's youth which he kept for himself, before it was donated to the Museu Picasso in Barcelona in 1970. Thanks to the close relationship between this institution and the Musée national Picasso-Paris, this work is now being exhibited in Paris for the first time. 

Picasso was only 16 when he painted Science et Charité. While studying at Llotja, the School of Art and Design of Barcelona, he chose to paint a theme popular at art shows and among the followers of social realism: visiting the ill. The artist combines images from his daily life with academic models. His father acts as the model for the doctor, and the subject echoes a personal drama, the death of his younger sister Conchita in 1895. Sent to the General Exhibition of Fine Arts in Madrid, the work received an honourable mention, before it was awarded a gold medal at the Provincial Exhibition of Malaga. It demonstrates the incredible technical skill shown by the young Picasso. 

20

Pablo Picasso, Science et Charité, Barcelone, 1897. Huile sur toile, 197 x 249,5 cm, Musée Picasso, Barcelone, Donation Pablo Picasso, 1970, 110.046 © Succession Picasso 2018

3. LES DEMOISELLES D'AVIGNON
« Ta peinture, c'est comme si tu voulais nous faire manger de l'étoupe ou boire du pétrole » : tels sont les mots de Georges Braque lorsqu'il découvre Les Demoiselles d'Avignon en 1907. De sa création jusqu'à son exposition au Salon d'Antin à Paris en 1916, l'oeuvre suscite alternativement l'indifférence, l'incompréhension ou le rejet. Toile emblématique des révolutions picturales opérées au XXe siècle, Les Demoiselles d'Avignon constituent l'acte de naissance du cubisme. Jacques Doucet l'achète en 1924 sur les conseils du poète André Breton, alors un des rares à percevoir dans cette acquisition un événement majeur ; mais à la mort du couturier, l'oeuvre retourne sur le marché de l'art.

Elle entre dans les collections du Museum of Modern Art de New York en 1939 : la reconnaissance institutionnelle érige la peinture au rang de chef-d'oeuvre de la modernité, plus de trente ans après sa création. Les Demoiselles d'Avignon ne voyagent plus. Les nombreuses études qui éclairent la genèse de l'oeuvre ont été conservées par l'artiste tout au long de sa vie ; elles sont aujourd'hui des icônes du Musée national Picasso-Paris.

LES DEMOISELLES D'AVIGNON 
When he discovered Les Demoiselles d'Avignon in 1907, Georges Braque said, "It is as though, with your painting, you wanted us to eat oakum or drink oil." From its creation until its exhibition at the Salon d'Antin in Paris in 1916, the work evoked reactions of indifference, incomprehension and rejection. An emblematic canvas of the pictorial revolutions of the 20th century, Les Demoiselles d'Avignon was a foundational work in the bith of cubism. Jacques Doucet bought the piece in 1924 at the recommendation of poet André Breton, who was, at the time, one of the few able to recognize the significance of the acquisition. However, when the designer died, the work returned to the art market. 

It joined the collection of the New York Museum of Modern Art in 1939. This institutional recognition conferred upon the painting the status of a modern masterpiece, more than thirty years after it was first created. Les Demoiselles d'Avignon no longer travels. The artist kept many studies for the painting throughout his life which today shed light on the genesis of the work. These studies have become icons of the Musée national Picasso-Paris. 

12

Jacqueline de la Baume-Dürrbach (d’après Pablo Picasso), Les Demoiselles d’Avignon Cavalaire, 1958. Fils de laine, 272 x 206 cm, Fundación Almine y Bernard RuizPicasso para el arte, 55038 © Succession Picasso 2018

4. LES ARLEQUINS
Double nostalgique de l'artiste, la figure de l'Arlequin traverse tout l'oeuvre de Pablo Picasso. En 1923, dans le contexte du « Retour à l'ordre », elle incarne l'idéal classique que Picasso investit plus particulièrement dans le genre du portrait. Le thème, apprécié notamment par le marchand Paul Rosenberg, gagne rapidement les faveurs du monde de l'art jusqu'à susciter, en 1967, une levée de fonds citoyenne lorsque la ville de Bâle acquiert l'Arlequin assis.

Pour ces Arlequins, Picasso choisit les traits du peintre espagnol Jacinto Salvadó (1892-1983). D'une oeuvre à l'autre, le modèle conserve son costume et ses poses empreintes d'une même mélancolie. Picasso répète et remanie un même motif, dans un travail sur la série.

LES ARLEQUINS 
The Harlequin figure, Picasso's nostalgic double, features throughout the artist's works. In 1923, amidst the Return to Order, it embodies the classic ideal which Picasso expresses in the genre of portraiture. The harlequin theme, particularly appreciated by the dealer Paul Rosenberg, quickly gained favour in the art world, even leading to a fund-raising campaign in 1967 to enable the city of Basel to acquire Arlequin assis. 

Picasso borrowed characteristics from the Spanish painter Jacinto Salvadó (1892-1983) for these harlequins. From one piece to the next, the model maintains the same costume and his poses are imbued with the same melancholy. Picasso repeats and reworks these motifs throughout the series.

7

Pablo Picasso, Arlequin au miroir, Paris, 1923. Huile sur toile, 100 x 81 cm, Musée National Thyssen Bornemisza, Madrid. © Museo Nacional Thyssen Bornemisza/Scala, Florence © Succession Picasso 2018

14

Pablo Picasso, Arlequin assis, Paris, 1923. Huile sur toile, 130,2 x 97,1 cm, Kunstmuseum Basel, Dépôt permanent de la ville de Bâle, 1967, G.1967.9. Photo de Martin P. Bühler © Succession Picasso 2018

16

Pablo Picasso, Le peintre Salvado en arlequin, Paris, 1923. Huile sur toile, 130 x 97 cm, AM4313P © Succession Picasso 2018 - Gestion droits d'auteur. Localisation : Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Adam Rzepka

LES BAIGNEUSES
Le 8 février 1937, Malaga, la ville natale de Picasso, est prise par les troupes nationalistes. En l'espace de quelques jours, les 10, 12 et 18 février, Picasso peint trois inquiétantes scènes de plage où dominent de monumentales baigneuses. Il déforme les corps et fait le choix d'une palette minérale. Les paysages sont réduits à quelques traits. Toute l'attention se concentre sur ces figures monstrueuses, nourries par les dialogues que Picasso entretient avec les surréalistes Man Ray, Paul Éluard ou Dora Maar, avec qui il passe les étés 1936-1937.

Longtemps conservées en collections privées, ces trois oeuvres ont été peu exposées. Constituant une véritable série de chefs-d'oeuvre, elles sont réunies pour la première fois en France à l'occasion de cette exposition, grâce à un partenariat entre la Fondation Peggy Guggenheim à Venise, le Musée des Beaux-Arts de Lyon et le Musée national Picasso-Paris.

LES BAIGNEUSES 
On 8 February 1937, Picasso's birthplace, Malaga, was seized by nationalist troops. In the space of just a few days - on the 10th, 12th and 18th of February - Picasso painted three troubling beach scenes featuring dominant, imposing bathers. He distorted their bodies and opted for a mineral palette. The landscapes are reduced to just a few lines. The viewer's gaze is focused on these monstrous figures, inspired by Picasso's conversations with surrealists Man Ray, Paul Éluard and Dora Maar, with whom he spent the summers of 1936 and 1937. 

Long kept in private collections, these three works have rarely been exhibited. Representing a true series of masterpieces, they have been brought together for the first time in France for this exhibition, thanks to a partnership between the Peggy Guggenheim Foundation in Venice, the Lyon Museum of Fine Arts and the Musée national Picasso-Paris. 

10

Pablo Picasso, La Baignade, Paris, 1937. Huile, crayon et craie sur toile, 29,1 x 194 cm. Collection de la Fondation Peggy Guggenheim, Venise, Solomon R. Guggenheim Foundation, New York. Photo de David Heald © Succession Picasso 2018

téléchargement (1)

Pablo Picasso, Femme assise sur la plage, Paris, 1937. Huile, fusain et pastel sur toile, 131 x 163,5 cm, Musée des Beaux-Arts de Lyon, Legs Jacqueline Delubac, 1997, inv. 1997-45 © Succession Picasso 2018

4

Pablo Picasso, Grande baigneuse au livre, Paris, 1937. Fusain, pastel, huile sur toile, 130 x 97,5 cm, Musée national Picasso-Paris, Dation Pablo Picasso, 1979, MP160 © Succession Picasso 2018

FEMMES À LEUR TOILETTE
Les Femmes à leur toilette, collage monumental réalisé pendant l'hiver 1937-1938, est aujourd'hui présenté pour la première fois depuis sa restauration en 2018.

Choisissant le thème traditionnel de la coiffure, Picasso met en scène trois femmes à leur toilette, évocations des compagnes qui se succèdent alors à ses côtés. Les images d'Olga Picasso, Marie-Thérèse Walter et Dora Maar hantent la composition de ce carton de tapisserie, le seul jamais conçu par l'artiste, qu'il garde tout au long de sa vie. Exécutée dans l'Atelier des Grands-Augustins à Paris, l'oeuvre est un écho direct à la création de Guernica, quelques mois plus tôt. Picasso reprend l'idée d'un très grand format et assemble sur sa toile une multitude de papiers découpés, aux motifs variés. L'artiste, qui avait renoncé à l'idée d'inclure des éléments de papiers peints dans Guernica au début de l'année, laisse ici libre cours à ce procédé inspiré des recherches cubistes sur les papiers collés. Les Femmes à leur toilette incarnent les révolutions plastiques que Picasso orchestre tout au long de sa vie et constitue l'un des chefs d'oeuvre du Musée national Picasso-Paris.

FEMMES À LEUR TOILETTE 
Femmes à leur toilette, a monumental collage created in the winter of 1937-1938, is today presented for the first time since its restoration in 2018. 

Choosing the traditional theme of hairstyling, Picasso stages three women grooming themselves, evoking a series of romantic partners with whom he had been close. The images of Olga Picasso, Marie-Thérèse Walter and Dora Maar haunt the composition of this tapestry cartoon, the only one designed by the artist, which he kept throughout his life. Completed at the Grands-Augustins studio in Paris, the work directly recalls Guernica, created a few months earlier. Picasso returns to the concept of a very large format and assembles on the canvas a multitude of paper cuttings with varied motifs. The artist, who had given up on the idea of including elements of painted paper in Guernica at the start of the year, here gives free rein to this procedure inspired by the cubist studies of papier collé. Femmes à leur toilette embodies the artistic revolutions that Picasso orchestrated throughout his life and is one of the masterpieces of the Musée national Picasso-Paris. 

3

Pablo Picasso, Les Femmes à leur toilette, Paris, 1937. Papier collé, papiers peints découpés, collés et gouache sur papier marouflé sur toile, 299 x 448 cm, Musée national Picasso-Paris, Dation Pablo Picasso, 1979, MP176 © Succession Picasso 2018

LA DANSE
Au printemps 1925, Picasso et son épouse Olga rejoignent la compagnie des Ballets Russes à Monte Carlo. L'intérêt de Picasso pour la danse, constant depuis sa participation au ballet Parade en 1917, se manifeste ici dans une inquiétante ronde, écho à la mort de son ami le peintre Ramon Pichot. Si chaque personnage est traité selon un langage plastique propre, l'influence du surréalisme se lit dans la déformation des corps comme dans la composition évoquant une crucifixion, thème privilégié du groupe.

Exposée en 1939 avec Guernica au Museum of Modern Art de New York, La Danse reste la propriété de Picasso, qui refuse de s'en défaire malgré le fervent intérêt des collectionneurs, pendant quarante ans. Elle est finalement acquise par la Tate Gallery à Londres en 1965, cinq ans après la grande rétrospective que l'institution consacre à l'artiste. Présenté au Grand Palais en 1966, dans l'exposition « Hommage à Pablo Picasso », ce chef-d'oeuvre des collections britanniques fait aujourd'hui l'objet d'un prêt exceptionnel de la part de la Tate.

LA DANSE 
In spring 1925, Picasso and his wife Olga joined the Ballets russes in Monte Carlo. Picasso's interest in dance, never waning since his participation in the ballet Parade in 1917, is shown here in a troubling round dance, and recalls the death of his friend, painter Ramon Pichot. Although each figure is represented through its own visual vocabulary, the influence of surrealism can be seen through the distortion of the bodies and in the composition, which evokes a crucifixion, a favourite theme of the group. 

Exhibited in 1939, alongside Guernica, at the New York Museum of Modern Art, La Danse remained in Picasso's ownership for forty years; the artist refused to part from it despite keen interest from collectors. It was eventually acquired by the Tate Gallery in London in 1965, five years after the museum's major retrospective dedicated to the artist. This masterpiece of British collections was presented at the Grand Palais in 1966, in the exhibition "Hommage à Pablo Picasso", and is today on temporary loan from the Tate. 

metalocus_pablo_picasso_-_the_three_dancers_0

Pablo Picasso, Les Trois Danseuses ou La Danse, Paris, 1925. Huile sur toile, 215,3 x 142,2 cm, Tate Gallery, Londres, achat en 1965, T00729 © Succession Picasso 2018

21

Sunami Soichi, Huile sur toile « La Danse » lors de l'exposition "Picasso : his graphic art", MoMA, New-York, en 1952. Tirage non daté. Épreuve gélatino-argentique,18,3 x 23,4 cm, Musée national Picasso-Paris, Don Succession Picasso, 1992, APPH13606 © Succession Picasso 2018

LE FAUCHEUR
En 1943, Picasso fait le choix de l'assemblage pour sculpter la version originale en plâtre du Faucheur, dont le visage est l'empreinte d'un moule à pâtés de sable. Par-delà ce jeu sur les objets du quotidien, André Malraux verra dans le tirage en bronze un véritable chef-d'oeuvre, l'incarnation même du « geste de la mort ». Le 19 novembre 1966, alors qu'il inaugure l'exposition « Hommage à Picasso » présentée au Grand et au Petit Palais, il émet le souhait, jamais réalisé, d'en produire un agrandissement monumental dédié à Charles Baudelaire.

En 1968, sous l'impulsion de Malraux, la loi sur la dation d'oeuvres d'art en paiement des droits de succession est instituée. Onze ans plus tard, Le Faucheur entre dans les collections nationales grâce à la dation consentie à l'État par les héritiers de Picasso. Il est aujourd'hui présenté au coeur de l'hôtel Salé.

LE FAUCHEUR 
In 1943, Picasso chose the technique of assemblage to sculpt the original plaster version of Le Faucheur, whose face is the imprint of a sand-cast mould. Beyond this play on everyday objects, André Malraux saw in the bronze cast a true masterpiece, the very incarnation of the "act of death". On 19 November 1966, at the opening of the exhibition "Hommage à Pablo Picasso" at the Grand and Petit Palais, Picasso expressed the desire, never realised, to create a huge, monumental version of the work dedicated to Charles Baudelaire. 

In 1968, under Malraux's initiative, the law on the gifting of artworks as payment of death duties was established. Eleven years later, Le Faucheur joined the national collections after Picasso's heirs consented to gift it to the state. It is today exhibited in the very heart of the Hôtel Salé. 

6

Pablo Picasso, Le Faucheur, Paris, 1943. Bronze fondu à la cire perdue. Musée national Picasso-Paris Dation Jacqueline Picasso, 1990, MP1990-52  © Succession Picasso 2018

OBJETS
Papiers découpés, fils de fer ou capsules : les pièces présentées dans cette salle offrent un nouveau regard sur la création picassienne. En quelques gestes, l'artiste transforme des objets du quotidien en oeuvres d'art, entre humour et poésie. Ainsi, la majestueuse Vénus du gaz est le résultat d'un détournement de la part de l'artiste qui positionne à la verticale le brûleur d'un fourneau à gaz.

La plupart de ces objets sont conservés par Dora Maar, photographe surréaliste qui partage la vie de Picasso dès 1936. A la demande de l'artiste espagnol, Brassaï les photographie. Puis en 1949, le marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler les intégre dans son ouvrage Les Sculptures de Picasso. Lors de la vente publique de la collection Dora Maar en 1998, ces objets suscitent un grand enthousiasme : la renommée de Picasso contribue à son tour à forger leur statut d'oeuvres iconiques, éclairant la notion de chefd'oeuvre d'un jour nouveau.

OBJETS 
Paper cuttings, iron wires and tablets... the pieces presented in this room offer a new perspective on Picasso's artistic process. With just a few gestures, the artist transforms everyday objects into artworks, combining humour and poetry. In the majestic Vénus du gaz, the artist re-appropriates a wood stove burner by placing it vertically. 

Most of these objects were kept by the surrealist photographer Dora Maar, who shared her life with Picasso from 1936. They were photographed by Brassaï at Picasso's request. Then, in 1949, the art dealer Daniel-Henry Kahnweiler included them in his work "Les Sculptures de Picasso." During the public sale of the Dora Maar collection in 1998, these objects attracted huge attention, Picasso's renown helping to forge their status as iconic works which re-examine the notion of the masterpiece under a new light. 

13

Brassaï (Halasz Gyula, dit), Deux sculptures en étain « Oiseau » de 1943, Paris, tirage non daté épreuve gélatino-argentique, 17,6 x 23,3 cm, Musée national Picasso-Paris, Achat en 1996, MP1996-162 © Succession Picasso 2018

15

Brassaï (Halasz Gyula, dit), « Tête de chien » papier de Picasso,  Paris, 1946, épreuve gélatino-argentique, 18 x 23,5 cm.  Musée national Picasso-Paris Achat en 1996, MP1996-164 © Succession Picasso 2018

JOSEP PALAU I FABRE
« Mirar la producción de Picasso, descubrir su obra, tiene que generar siempre, una euforia benefactora, porque él es, por encima de todo, vital »
(Josep Palau i Fabre, Barcelone, 16 février 2003)

« Estimat Picasso » (« Cher Picasso ») : tel est le titre d'un ouvrage écrit par Josep Palau i Fabre (1917-2008), poète et écrivain catalan, qui se lie d'amitié avec l'artiste au cours des années 1960. Il consacre plus de vingt ouvrages à Picasso et lui réserve une place de choix dans sa collection, aujourd'hui conservée par la Fundació Palau à Caldes d'Estrac, dans la province de Barcelone. Au sein de cet ensemble, les nombreuses dédicaces que Picasso adresse à Palau i Fabre témoignent des liens étroits qui ont uni l'artiste et le biographe. L'écrivain, par ses travaux comme par sa collection, permet une double lecture de l'oeuvre de Picasso : auteur d'une oeuvre scientifique et littéraire qui érige l'artiste espagnol en génie du xxe siècle, il laisse aussi entrevoir une conception du chef-d'oeuvre privée et quotidienne, comme en témoigne le théâtre de marionnettes réalisé par Picasso pour sa fille Maya en 1942, présenté dans cette salle.

JOSEP PALAU I FABRE 
« Mirar la producción de Picasso, descubrir su obra, tiene que generar siempre, una euforia benefactora, porque él es, por encima de todo, vital » (Josep Palau i Fabre, Barcelone, 16 février 2003) 

"Estimat Picasso" ("Dear Picasso"), this is the title of one publication by Josep Palau i Fabre (1917-2008), the Catalan poet and writer, who became friends with the artist in the 1960s. He dedicated more than twenty works to Picasso and gave him pride of place in his collection, today kept by the Fundació Palau in Caldes d’Estrac, in the province of Barcelona. Within this collection, the many dedications Picasso wrote to Palau i Fabre attests to the close bond between the artist and the biographer. Through his publications and collection, they writer offers a dual reading of Picasso's work, authoring both literary and scientific studies that portray the Spanish artist as a genius of the 20th century, and providing a glimpse of the private and everyday creation of a masterpiece, as exemplified by the marionette theater made by Picasso for his daughter Maya in 1942, exhibited in this room.

SCULPTURES
À Cannes, Picasso s'amuse de la disposition de ses sculptures dans le jardin de la villa La Californie, qu'il acquiert en 1955. Les photographies de David Douglas Duncan sont les témoins de ces mises en scène, alors réservées aux visiteurs de l'atelier. Les sculptures, prétextes à toutes les expérimentations techniques, sont aussi des oeuvres de l'intime ; en témoigne le Petit cheval que l'artiste espagnol crée pour son petit-fils Bernard Ruiz-Picasso, à partir de pieds de table.

Ce n'est qu'en 1966 que le grand public découvre la richesse de l'oeuvre sculpté de Picasso, lors de l'exposition « Hommage à Pablo Picasso » organisée au Grand et au Petit Palais par Jean Leymarie. Témoignant d'une immense variété de sujets, de matériaux et de techniques, 196 sculptures sont présentées. L'évènement suscite un grand enthousiasme : les sculptures de Picasso, longtemps restées dans l'ombre des ateliers, acquièrent à leur tour le statut public de chef-d'oeuvre.

SCULPTURES 
In Cannes, Picasso enjoyed displaying his sculptures in the garden of the villa La Californie which he bought in 1955. Photographs by David Douglas Duncan provide an account of this installation which was only accessible to visitors of the studio. The sculptures are pretexts for much of his technical experiments as well as intimate works; as shown with Petit Cheval, created from the legs of table for the Spanish artist's grandson Bernard RuizPicasso. 

It was only in 1966 that the general public was able to discover the full wealth of Picasso's sculpted work, during the exhibition "Hommage à Pablo Picasso", held at the Grand and Petit Palais, curated by Jean Leymarie. 196 sculptures were presented, revealing an immense variety of subjects, materials and techniques. The event was extremely popular, and Picasso's sculptures which had once dwelled in the shadows of studios, finally acquired the public status of a masterpiece.  

17

Pablo Picasso, Petit cheval, Vallauris, 1960. Eléments de table à roulettes en métal coupés, assemblés et peints, 66,5 x 18 x 60,5 cm. Fundación Almine y Bernard-Ruiz Picasso para el arte 93000 © Succession Picasso 2018

5

David Douglas Duncan, Pablo Picasso avec Jacqueline Roque, Catherine Hutin, Claude et Paloma dînant sur les marches du perron à la tombée de la nuit, La Californie, Cannes, en été 1957. Tirage de 2013. Tirage numérique sur papier Inkjet Gold Fibre Silk d'après le négatif original, 60 x 50 cm, Musée national Picasso-Paris,  Documentation, DunDav108 © Succession Picasso 2018

LA CHÈVRE
Du printemps 2017 au printemps 2019, le Musée national Picasso-Paris initie une manifestation culturelle internationale qui réunit plus de 60 institutions sous le titre « Picasso-Méditerranée ». Au coeur de ces échanges, le Musée Picasso d'Antibes dialogue aujourd'hui avec le musée parisien grâce au prêt d'un de ses chefs-d'oeuvre.

Pendant l'été 1946, Picasso séjourne à Golfe-Juan, près d'Antibes. Romuald Dor de la Souchère lui propose alors d'installer son atelier dans le musée Grimaldi, dont il est directeur. L'artiste y travaille entre septembre et novembre et, à son départ, laisse 23 peintures et 44 dessins en dépôt à la ville. Vingt ans plus tard, le château Grimaldi devient le premier musée consacré à l'artiste en France, contribuant à sa renommée. Parmi les oeuvres réalisées à Antibes, La Chèvre représente en majesté un animal clé du bestiaire picassien. Comme inachevé, entre peinture et dessin, le corps de la bête conjugue le dessin réaliste et les géométrisations cubistes. Au-delà du chef-d'oeuvre unique, la chèvre comme motif, peuplant les paysages de bacchanales et symbole des années dans le Sud de la France, devient un des emblèmes de la création picassienne.

LA CHÈVRE

Between spring 2017 and spring 2019, the Musée national Picasso-Paris is launching an international cultural event bringing together over 60 institutions within the framework "Picasso-Méditerranée". This collaboration through the loan of masterpiece has facilitated dialogue between the Musée Picasso in Antibes and the Picasso museum of Paris.

During the summer of 1946, Picasso lived in Golfe-Juan, near Antibes. Romuald Dor de La Souchère invited him to set up his studio in the Grimaldi museum, where he was the director. The artist worked there from September to November and, upon his departure, left 23 paintings and 44 sketches to the city. Twenty years later, Château Grimaldi became the first museum dedicated to Picasso in France, contributing to the artist's renown. Of the works produced in Antibes, La Chèvre is a majestic representation of an important animal in Picasso's bestiary. As though incomplete, somewhere between a sketch and a painting, the animal's body combines realist drawing and cubist geometrization. 

After the creation of this unique masterpiece, the goat as a motif, inhabiting the landscapes of Bacchanalia and a symbol of the years in the south of France, becomes one of the emblems of Picasso's work. 

2

Pablo Picasso, La Chèvre Vallauris, 1950. Feuille de palmier, métal et plâtre, 120,5 x 72 x 144 cm, Musée national Pablo Picasso Dation Pablo Picasso, 1979, MP339 © Succession Picasso 2018

18

Pablo Picasso, La Chèvre, Antibes, 1946. Ripolin, fusain et graphite sur bois, 119,6 x 149,5 cm, Musée Picasso, Antibes. Don de l'artiste, MPA 146.1.5. © Succession Picasso 2018

LITHOGRAPHIES
La collaboration entre Picasso et le lithographe Fernand Mourlot débute en 1945 à Paris, dans l'imprimerie de la rue Chabrol. De leurs dialogues nait la célèbre Colombe qui, repérée par le poète Aragon en 1949, devient un symbole de paix tiré à plusieurs millions d'exemplaires et diffusé dans le monde entier. Dans l'atelier de l'imprimeur, les collaborations se multiplient. En 1948, Mourlot réalise l'impression des 215 planches de Picasso pour Le Chant des morts de Pierre Reverdy, chef-d'oeuvre du livre illustré. Les deux hommes poussent au plus loin les possibilités de la technique et explorent d'une manière inédite le domaine de l'affiche d'art. Les pierres lithographiques auxquelles les deux hommes ont travaillé, à la fois outils et souvenirs de ces expérimentations, sont aujourd'hui présentées pour la première fois.

En 1970, Fernand Mourlot édite le catalogue Picasso lithographe. L'ouvrage révèle la profusion des recherches de Picasso autour de l'estampe et la virtuosité dont il fait preuve dans l'art du multiple ; l'image imprimée intègre, à son tour, le rang des chefs-d'oeuvre.

LITHOGRAPHIES 
The collaboration between Picasso and lithographer Fernand Mourlot began in Paris in 1945, in a printing studio on Rue de Chabrol. Their conversations led to the creation of the famous Colombe which, after being spotted by the poet Aragon in 1949, became a symbol of peace printed in millions of copies found across the entire world. In the printer's studio, the collaborations continued. In 1948, Mourlot printed 215 of Picasso's plates for the book, Le Chant des morts by Pierre Reverdy, a masterpiece of book illustration. The two men pushed the boundaries of lithography and embarked on an unprecedented exploration of poster art. The lithographic stones on which the two men worked as well as the tools and souvenirs of these experiments, are today exhibited for the first time. 

In 1970, Fernand Mourlot published the catalogue "Picasso Lithographe." The work reveals the abundance of Picasso's research on prints and his virtuosity in the art of duplication; his printed images rank among his masterpieces. 

8

Pablo Picasso et Pierre Reverdy,  Le Chant des morts, Paris, 1948. Lithographies originales de Pablo Picasso, Tériade Editions, 42,5 x 32,5 cm, Musée national Picasso Paris, Don Maya Picasso, 1982, BIB1450 © Succession Picasso 2018

AVIGNON
De mai à octobre 1970 à Avignon, le Palais des Papes consacre une première exposition à Picasso. Conçu par l'éditeur Christian Zervos et son épouse Yvonne, qui décède quelques mois avant l'ouverture, le projet fait l'inventaire des dernières productions de l'artiste réalisées entre 1969 et 1970. Le 23 mai 1973, Jacqueline Roque inaugure une nouvelle exposition « Picasso 1970-1972 » au Palais des Papes, un mois après la mort de l'artiste.Les oeuvres exposées suscitent à leur tour des critiques virulentes, jusqu'à être qualifiées de « gribouillages ».
Dans les années 1980, les dernières peintures de Picasso font l'objet de nouvelles interprétations ; mises en regard avec les créations d'artistes comme Francis Bacon ou David Hockney, elles sont réévaluées par les historiens de l'art.

AVIGNON 
From May to October 1970, the Palais des Papes in Avignon dedicated a first exhibition to Picasso. Designed by the publisher Christian Zervos and his wife Yvonne, who died a few months before its opening, the project inventoried the artist's creations between the years 1969 and 1970. On 23 May 1973, Jacqueline Roque opened a second exhibition at the Palais des Papes, "Picasso 1970-1972", one month after the artist's death. The works exhibited received virulent criticism; some were referred to as 'scribbles.' In the 1980s, however, new interpretations of Picasso's last paintings emerged. As they became compared to the works of such artists as Francis Bacon and David Hockney, art historians began to reassess their value.

11

Pablo Picasso, Musicien, Mougins, 26 mai 1972. Huile sur toile, 194,5 x 129,5 cm, Musée national Picasso-Paris Dation Pablo Picasso, 1979, MP229 © Succession Picasso 2018

 EPILOGUE

Pour l'écrivain et historien de l'art Pierre Daix, Rembrandt et Picasso sont unis par une « vieille intimité ». L'image de Rembrandt (1606-1669) traverse tout l'oeuvre de l'artiste espagnol, depuis ses travaux autour du Chef d'oeuvre inconnu dans les années 1930 jusqu'aux estampes qu'il lui consacre à la fin de sa vie. À partir des années 1960, Picasso fait du motif des mousquetaires une citation directe de l'oeuvre de Rembrandt. Sa pratique de la gravure, à laquelle il se consacre avec ferveur dans son dernier atelier, est nourrie par la référence constante au grand maître de la technique. 

A la fois figure tutélaire et rival par-delà les siècles, Rembrandt incarne aussi, chez Picasso, l'image même du génie créateur. Ses réflexions sur l'autoportrait, un genre qu'il pratique pendant toute sa vie et décline dans plus de 80 toiles, nourrissent les dernières oeuvres de l'artiste espagnol. En1972, quelques mois avant sa mort, Picasso rend, dans ses ultimes chefs d'oeuvre, un hommage au maître hollandais. Les deux artistes sont ici réunis,préfigurant l'exposition « Les Louvre de Picasso » au Louvre-Lens en 2020.

9

Pablo Picasso, Ecce Homo, d’après Rembrandt, IVe état, Mougins, mars 1970, eau-forte, 49,6 x 41,5 cm, Musée national Picasso-Paris Dation Pablo Picasso, 1979, MP3095 © Succession Picasso 2018

19

Rembrandt Harmensz van Rijn (1606-1669), Portrait de l'artiste au chevalet, 1660,111 x 85 cm, INV1747, Paris, musée du Louvre. Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec © Succession Picasso 2018

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité