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Alain.R.Truong
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20 décembre 2018

"Fernand Khnopff (1858-1921), Le maître de l'énigme" au Petit Palais

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Fernand Khnopff, Le masque au rideau noir, 1892, crayon et pastel sur papier, 26,5 x 17 cm, collection particulière. © Christie’s Images/ Bridgeman Images.

PARIS - Le Petit Palais est heureux de présenter au grand public une exposition inédite dédiée à Fernand Khnopff conçue en collaboration avec les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Artiste rare, le maître du Symbolisme belge n’a pas bénéficié de rétrospective à Paris depuis près de quarante ans. L’exposition du Petit Palais, empruntant dans de nombreux musées, comme le Metropolitan Museum de New York, la Neue Pinakothek de Munich, l’Albertina de Vienne mais aussi auprès de nombreuses collections privées, rassemble près de 150 pièces. Elle offre un panorama emblématique de l’esthétique singulière de Fernand Khnopff, à la fois peintre, dessinateur, graveur, sculpteur et metteur en scène de son oeuvre. L’exposition évoque par sa scénographie le parcours initiatique de sa fausse demeure qui lui servait d’atelier et aborde les grands thèmes qui parcourent son oeuvre, des paysages aux portraits d’enfants, des rêveries inspirés des Primitifs flamands aux souvenirs de Bruges-la-Morte, des usages complexes de la photographie jusqu’aux mythologies personnelles placées sous le signe d’Hypnos.

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Fernand Khnopff (1858-1921), Du silence, 1890, pastel sur papier, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. Crédit : Photo J. Geleyns/ Art Photography

À la fois point de départ et fil rouge de l’exposition, la maison-atelier de Khnopff est un véritable « temple du Moi » au sein duquel s’exprime pleinement sa personnalité complexe. À travers une scénographie qui reprend les couleurs de son intérieur – bleu, noir, blanc et or, le parcours évoque les obsessions et les figures chères à l’artiste : du portrait aux souvenirs oniriques, du fantasme au nu. Après une salle introductive recréant le vestibule de son atelier et évoquant la demeure même de l’artiste, le parcours débute avec la présentation de peintures de paysages représentant Fosset, petit hameau des Ardennes belges où Fernand Khnopff passe plusieurs étés avec sa famille. De ces paysages de petit format, saisis sur le vif, on perçoit tout de suite chez l’artiste un goût pour l’introspection et la solitude.

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Fernand Khnopff (1858-1921), À Fosset, l’entrée du village, 1885, huile sur toile, Collection particulière. Crédit : DR

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Fernand Khnopff (1858-1921), Un hortensia, 1884, huile sur toile, Metropolitain Museum of Art, New York. Crédit : Photo Metropolitan Museum of Art.

Une autre facette de son oeuvre, plus connue du grand public, est son travail de portraitiste. Khnopff représente des proches comme sa mère, des enfants qu’il dépeint avec le sérieux d’adultes, parfois des hommes. Mais il affectionne surtout les figures féminines, toutes en intériorité et nimbées de mystère. Sa soeur Marguerite avec qui il noue une secrète complicité devient son modèle et sa muse. Marguerite est également le sujet de nombreux portraits photographiques. Khnopff s’intéresse à ce médium avec beaucoup d’intérêt. L’artiste utilise ce procédé moderne au service de son art afin d’étudier la pose et la gestuelle de son modèle favori qu’il déguise en princesse de légende ou en divinité orientale. Il fait également photographier un certain nombre de ses oeuvres par un photographe de renom Albert-Edouard Drains dit Alexandre et retravaille les tirages avec des rehauts de crayon, d’aquarelle ou de pastel.

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Fernand Khnopff (1858-1921), Portrait de Mademoiselle Van der Hecht, 1889, huile sur toile, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. Crédit : Photo J. Geleyns/ Art Photography

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Fernand Khnopff (1858-1921), Portrait des enfants de Monsieur Nève, 1893, huile sur toile, collection privée. Crédit : Photo akg-images.

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Fernand Khnopff (1858-1921), Portrait de Marguerite Khnopff, 1887, huile sur toile, 96 x 74,5 cm, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles (dépôt). MRBAB, Bruxelles. Photo F. Maes

Comme d’autres peintres symbolistes, l’artiste est fasciné par les mythes antiques. Parmi ses obsessions, la figure d’Hypnos, le dieu du Sommeil apparaît de manière récurrente. La petite tête à l’aile teintée en bleu, couleur du rêve, est représentée la première fois en 1891 dans le tableau I Lock My Door Upon Myself. Hypnos est l’objet de plusieurs tableaux tout comme la Méduse ou bien encore OEdipe qui esquisse dans le tableau Des caresses un étrange dialogue avec un sphinx à corps de guépard.

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Fernand Khnopff, Le masque au rideau noir, 1892, crayon et pastel sur papier, 26,5 x 17 cm, collection particulière. © Christie’s Images/ Bridgeman Images.

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Fernand Khnopff (1858-1921), Une aile bleue, 1894, huile sur toile, Collection Gillion Crowet, 16/ Bruxelles. Crédit : Photo akg-images.

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Fernand Khnopff (1858-1921), Sleeping Medusa ou Méduse endormie, 1896, pastel sur papier. Crédit : Collection Particulière

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Fernand Khnopff (1858-1921), I Lock My Door Upon Myself, 1891, huile sur toile, 72 x 140 cm, Munich, Neue Pinakothek. Crédit : Photo BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais images BStGS

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Fernand Khnopff (1858-1921), L’Art ou Des Caresses, 1896, huile sur toile,50,5 x 150 cm, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Crédit : photo J. Geleyns Art Photography. 

Khnopff consacre également différents tableaux à Bruges, ville elle aussi énigmatique, où il vécut jusqu’à l’âge de six ans. La nostalgie de ces années d’enfance mêlée à une admiration pour le primitif flamand Memling donne naissance à plusieurs tableaux. Khnopff exécute aussi des vues de Bruges qu’il associe à un portrait de femme ou à un objet symbolique renvoyant à la cité des Flandres.

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Fernand Khnopff (1858-1921), Une Ville morte (Avec Georges Rodenbach), 1889, pastel, crayons de couleurs et rehauts blancs sur papier, Crédit : Collection The Hearn Family Trust, New York. 

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Fernand Khnopff (1858-1921), Souvenir de Flandre. Un canal, 1904, craie et pastel sur papier. Crédit : Collection The Hearn Family Trust, New York

En fin de parcours, une série de dessins et de tableaux de nus sensuels evoquent son rapport à la féminité. Ces femmes à la chevelure rousse, vaporeuse, au regard insistant, représentées dans un halo semblent tout droit sorties d’un songe. Contrairement aux héroïnes de Klimt peintes à la même époque, elles ne paraissent aucunement en proie aux tourments de la chair. Elles ne sont que les représentations de l’«éternel féminin ». 

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Fernand Khnopff (1858-1921), Acrasia. The Faerie Queen. 1892, huile sur toile, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. Crédit : Photo J. Geleyns / Art Photographie

Le propos de l’exposition s’accompagne de dispositifs de médiation inventif permettant au public de mieux comprendre l’oeuvre de Khnopff ainsi que le Symbolisme européen. Quatre stèles audio-olfactives, en référence aux diffuseurs de parfum présents dans sa maison-atelier, ponctuent l’exposition et permettent de sentir un parfum et d’entendre en simultané une musique et un poème liés aux oeuvres exposées. Elles recréent ainsi cette atmosphère de résonances entre les arts et les sens, chères aux symbolistes. Les visiteurs sont également invités à s’installer dans le « salon symboliste » qui propose des livres, des photographies, des animations littéraires, théâtrales et musicales mettant au jour les liens tissés entre les différents arts à cette époque.

Du 11 décembre 2018 au 17 mars 2019

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