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Alain.R.Truong
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4 février 2020

"Crossroads, voyage à travers le Moyen Âge" à Bruxelles au Musée Art et Histoire - KMKG

 crossroads (2)

Bruxelles - Avec l’exposition « Crossroads - Voyage à travers le Moyen Âge », le Musée Art & Histoire souhaite éclairer d’un jour nouveau une période souvent qualifiée d’« Âge sombre » (300 à 1000 après J.-C.). L’objectif est de réfuter ou de rectifier certains clichés et de démontrer qu’il ne s’agit pas d’une période d’immobilisme mais d’une ère marquée au contraire par le dynamisme et le changement. Les migrations, les changements de climat, les contacts, les conflits et échanges, de nouvelles structures politiques et une économie en mutation font du haut Moyen Âge une période exaltante durant laquelle furent jetées les bases de l’Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Les thèmes abordés (identité, migration, guerre, savoir et foi...) restent en outre aujourd’hui d’une actualité brûlante.

LE HAUT MOYEN ÂGE

À la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge, l’Europe est en plein mouvement. L’héritage des civilisations antiques se maintient mais, parallèlement, de nouvelles religions (en provenance du Moyen-Orient) s’installent en Europe. La structure de l’ancien Empire romain unifié se délite au profit d’une multitude de nouveaux petits royaumes et principautés. De nombreux groupes de populations (Goths, Lombards, Francs, Avars…) sont en mouvement. 

Ces changements sont l’occasion de nouveaux défis et opportunités et ouvrent la voie vers la diversité, les influences et l’échange. Le résultat de ce phénomène est visible dans « Crossroads » : quantité d’objets uniques illustrent les influences culturelles, religieuses et matérielles et témoignent de la présence conjuguée des anciennes et des nouvelles identités.

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Évangéliaire de Xanten, Aix-la-Chapelle (?) ou Reims (?), IXe siècle, parchemin, KBR.

DIVERSITÉ : QUI-EST-QUI AU HAUT MOYEN ÂGE ?

À la fin de l’Antiquité, divers peuples et groupes de population sont installés dans et autour de l’Empire romain (les gentes des sources romaines). Chacune de ces gentes se distingue par ses coutumes, ses traditions, son habillement et son style de vie. Le déplacement de ces groupes, les «mouvements migratoires», est à la base de la chute de l’Empire romain et va changer fondamentalement le visage de l’Europe en l’espace de 200 ans

Avares, Byzantins, Wisigoths, Francs, Mérovingiens, Égyptiens et Vikings : tous ont joué un rôle au cours de cette période qu’ils ont marquée de leur sceau. Dans l’exposition, le visiteur les découvre un à un, prend connaissance de leur identité, leurs coutumes, leur environnement et apprend comment les influences mutuelles se sont transmises.

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Tunica, Akhmim (Égypte), vers VIIe siècle, lin et laine, MRAH.

L’HÉRITAGE GRÉCO-ROMAIN

À la fin du IVe siècle, l’Empire romain se divise en deux : l’Empire romain d’Occident (capitale : Rome) et l’Empire romain d’Orient (capitale : Constantinople). Les problèmes économiques, la corruption, les troubles internes et les attaques extérieures provoquent la chute de l’Empire romain d’Occident. En 476, Odoacre dépose l’empereur romain et signe l’arrêt de mort de la domination romaine sur l’Europe de l’Ouest

Peu après, les Goths, alliés à l’Empire romain d’Orient, conquièrent la ville de Rome et s’imposent en Italie. Le reste de l’empire se décompose rapidement en plus petits états et principautés. À l’est, l’Empire romain d’Orient prolonge largement la culture gréco-romaine. Il survivra jusqu’en 1453.

L’impact du patrimoine culturel antique (langue, art, coutumes, religion, commerce et administration) sur les peuples de ces régions est très variable. Selon les cas, l’héritage se maintient ou est combiné avec une multitude d’autres influences et favorise l’émergence d’une nouvelle culture.

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Fragment d’une mosaïque à décor géométrique provenant d’une synagogue, Apamée (Syrie), 392, pierre, MRAH.

ÉCRITURE ET SAVOIR

Le haut niveau de développement de la culture écrite constitue un fondement important de l’Empire romain. Dans les régions occidentales de l’empire, le latin est toujours la langue des sciences, du pouvoir, de la diplomatie, de l’art et de la liturgie religieuse et le restera plus tard dans les royaumes germaniques. Dans l’Orient byzantin, c’est le grec qui prévaut dans les affaires officielles et privées. À partir du VIIe siècle, l’arabe fait son entrée dans les territoires conquis par les Arabes. Un grand nombre d’ouvrages grecs sont traduits à Bagdad, le centre culturel du monde islamique à partir de 762.

Dans l’Orient byzantin, c’est le grec qui prévaut dans les affaires officielles et privées. À partir du VIIe siècle, l’arabe fait son entrée dans les territoires conquis par les Arabes. Un grand nombre d’ouvrages grecs sont traduits à Bagdad, le centre culturel du monde islamique à partir de 762.

En Occident, les monastères se présentent comme d’importants centres de conservation, de transmission et de développement du savoir et de la religion. Durant la renaissance carolingienne, des ouvrages classiques sont copiés dans les scriptoria de cour et d’abbaye. Beaucoup de textes de l’Antiquité ne sont plus connus aujourd’hui que par les versions copiées des VIIIe et IXe siècles. 

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Chifflet, Jean-Jacques. Anastasis Childerici I. Francorvm regis, sive Thesavrvs sepvlchralis Tornaci Neruiorum effossus, & commentario illustratus, 1588-1660, MRAH.

CONNECTIVITÉ : NOUS RESTONS EN CONTACT

Le savoir, les idées, les symboles et les conceptions religieuses sillonnent l’Europe du haut Moyen Âge et les territoires qui l’entourent au gré des échanges réguliers de biens, de cadeaux, de paiements et de personnes : l’ambre et les peaux de Scandinavie vers la mer Méditerranée, les pierres précieuses et les épices de l’Asie du Sud vers le Nord et l’Occident, les pèlerins vers la Terre Sainte, les rencontres diplomatiques et le commerce d’esclaves de l’Europe de l’Est vers l’Espagne. 

Ces connections contribuent à la formation d’une culture matérielle étonnamment uniforme. Motifs et techniques sont échangés sur de longues distances tout en continuant à évoluer. À partir du VIIe siècle, suite aux conquêtes arabes, le réseau commercial de l’Empire byzantin commence à perdre d’importants centres de négoce. Mais l’exportation des produits de luxe en provenance d’Orient (soie, épices, …) se poursuit, grâce à la Route de la Soie et à ses multiples ramifications. 

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Trésor de Muizen contenant des fibules ansées symétriques, un élément de ceinture, une perle et 73 monnaies parmi lesquelles des monnaies de Charles II (Charles le Chauve, 823-877) et un dirham, battu à Arminiya sous le calife al-Mu'tazz bi-'llah en l'an 252 H./866 ap. J.-C., Muizen (Malines), fin IXe siècle, argent doré, argent, MRAH.

FOI

L’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge sont des périodes déterminantes pour les trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Après la destruction du Second Temple de Jérusalem en 70 ap. J.-C., de nombreux juifs quittent la Judée et se dispersent en Europe et dans la partie orientale du bassin méditerranéen. Le courant rabbinique domine désormais le judaïsme. À partir du IVe siècle surtout, les populations des Empires romains d’Orient et d’Occident et des régions limitrophes se convertissent de plus en plus au christianisme. Tant à l’ouest qu’à l’est, on croit de plus en plus à une suprématie mondiale monothéiste. Le même phénomène voit le jour dans le monde islamique, qui prend forme avec les conquêtes arabes à partir du VIIe siècle.

Les dirigeants politiques incarnent un pouvoir d’inspiration divine, comme l’empereur chrétien, le calife islamique et l’exilarque juif à Babylone. Des communautés religieuses se forment autour de chefs spirituels et d’érudits, comme les rabbins juifs, les oulémas musulmans, et les évêques et abbés chrétiens. 

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 Plaquette en relief avec l’apôtre saint Pierre, provenance : basilique Notre-Dame de Tongres, réalisée en Gaule (Metz?) ou en Italie, VIe-VIIe siècle, ivoire, MRAH.

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IvoireS de Genoels-Elderen, Provenance : église Saint-Martin de Genoels-Elderen (près de Tongres), réalisés en Northumbrie (Angleterre) ?, fin VIIIe siècle, ivoire, verre bleu, MRAH.

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L’ « Antiphonaire du Mont-Blandin », VIIIe siècle, parchemin, KBR.

IDENTITÉ ET MÉMOIRE

La perception d’une identité se forme généralement au gré des contacts ou des relations avec autrui. Elle donne un sentiment d’appartenance à un groupe ou permet de se différencier des autres. Au début du Moyen Âge, d’importants facteurs interviennent dans le développement d’une identité : la religion, l’origine, le statut, le sexe et l’âge.

Ces éléments se reflètent dans de nombreux usages tels que les rituels funéraires ou le dépôt d’offrandes dans les tombes. Diverses convictions religieuses, structures sociales ou d’habitat peuvent influer sur le sentiment d’identité, tout comme les symboles et le vêtement.

Les leaders des nouveaux états germaniques nés après l’Empire romain légitimaient leur autorité en s’attribuant une origine mythique et en se référant, pour leurs symboles de pouvoir et leurs traditions, à leurs modèles, les souverains de l’Antiquité.

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 Fibule discoïde provenant de la tombe d’une femme du VIIe siècle à Iversheim (Allemagne), or, alliage de cuivre, grenat, verre et apatite, LVR-LMB.

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Fibule en cloisonné, Marilles, fin VIe-début VIIe siècle, or et sertissage de grenats, MRAH, inv. B00787-007.

DEUX MOBILIERS FUNÉRAIRES D’ANTINOÉ

Dans le module « Identité et Mémoire », une salle est entièrement consacrée à deux mobiliers funéraires exceptionnels provenant d’Antinoé (Moyenne-Égypte).

Les deux ensembles ont été découverts en 1899-1900 lors des fouilles de l’archéologue français Albert Gayet et acquis pour le musée par le jeune conservateur-égyptologue Jean Capart en 1901.

Il s’agit du mobilier de la tombe de « la brodeuse Euphemia » et de celui de l’orfèvre Kolluthos et de son épouse Tisoia. La momie « naturelle » d’Euphemia est pour ainsi dire intacte. Gayet supposait qu’elle avait été brodeuse sur base de tissus et objets de sa tombe considérés par lui comme des travaux et ustensiles de broderie. On sait aujourd’hui qu’il s’agit plutôt de tapisseries et d’instruments destinés au filage et au tissage. Gayet prétendait reconnaître le nom « Euphemiâan » dans l’inscription d’un textile. Mais cette inscription ne fut pas retrouvée. « Euphemia » a subi récemment un traitement de conservation-restauration grâce au soutien financier d’un sponsor privé, par le biais de la Fondation Roi Baudouin.

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GUERRE ET DIPLOMATIE / PAS DE PAIX SANS GUERRE

L’Antiquité tardive connaît un grand nombre de conflits violents, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières de l’Empire romain. Les raisons sont diverses : les changements climatiques, des peuples voisins belliqueux, l’attrait de la prospérité, ...

Après la disparition de l’armée de métier de l’Empire romain d’Occident, les armées se forment désormais sur base des liens sociaux existant entre chefs et nobles. Ces derniers reçoivent un lopin de terre moyennant un service militaire périodique. L’Empire romain d’Orient maintient un service diplomatique et un service de renseignement et fait édifier des fortifications en réponse aux conquêtes arabes.

À partir du VIIIe siècle, les Vikings s’imposent comme la plus grande force maritime de l’Occident. Leurs bateaux traversent la mer du Nord pour parcourir ensuite les fleuves de l’Empire carolingien. Nos connaissances concernant les armes et les équipements militaires du haut Moyen Âge découlent essentiellement des nombreuses découvertes archéologiques.

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Boucle de ceinture, Kölked (Hongrie), 1e moitié VIIe siècle, bronze doré, argent et nielle, HNM.

L’EXPOSITION

« Crossroads - Voyage à travers le Moyen Âge » est la quatrième exposition consécutive dans le cadre du projet Connecting Early Medieval European Collections (CEMEC), financé par le programme de l’Union européenne « Europe créative » 

Ce projet ambitionne de mettre sur pied un réseau entre les différents partenaires muséaux et informatiques européens qui implique principalement la conception d’une exposition temporaire sur le haut Moyen Âge (IVe -Xe siècles)

Les Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH) sont partenaires du projet depuis le début, entre autres par le biais de prêts et de contributions scientifiques. Après Amsterdam, Athènes et Bonn, c’est à présent Bruxelles qui a l’honneur de rassembler la grande variété d’objets médiévaux uniques provenant de partout en Europe et du Proche- et Moyen-Orient, et au public belge de se familiariser avec cette période souvent mal connue.

Pour la version belge de Crossroads, la liste de base des objets a été complétée par nos chefs-d’oeuvres parmi lesquels deux mobiliers funéraires remarquables provenant d’Antinoé, celui de la « brodeuse Euphemia » (fin Ve -début VIIe siècle) et celui de l’orfèvre Kolluthos et de son épouse Tisoia (vers le milieu du Ve siècle). 

L’exposition voulait revaloriser cet ensemble exceptionnel en le restaurant et en exposant ensuite simultanément la momie et les deux mobiliers funéraires. L’ancrage local du projet est quant à lui illustré par l’ajout, pour chaque thème spécifique, d’objets issus de fouilles belges, notamment d’extraordinaires objets mérovingiens découverts dans les années 2000 dans les cimetières mérovingiens de Broechem (Prov. Anvers) et de Grez-Doiceau (Prov. Brabant wallon). 

Musée Art et Histoire - KMKG. Jusqu’au 29 mars 2020.

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Soierie avec quadriges, Monde méditerranéen oriental, provient de la châsse de sainte Landrada et/ou saint Amor à Munsterbilzen, VIIIe-IXe siècle, soie, MRAH.

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