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Alain.R.Truong
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1 avril 2020

Statue Urhobo, Nigéria

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Lot 49. Statue Urhobo, Nigéria. Hauteur : 187 cm. (73 5/8 in.). Estimate EUR 600,000 - EUR 900,000 (USD 655,904 - USD 983,856).  © Christie's Images Ltd 2020.

ProvenanceAcquise in situ par Philippe Guimiot, en 1972
Philippe Guimiot, Bruxelles
Collection Roger Vanthournout (1926-2005), Belgique, acquise auprès de ce dernier
Sotheby's, Paris, Collections Andrea Portago, Roger Vanthournout, Helmut Zake et divers amateurs, 23 juin 2006, lot 95
Importante collection privée européenne, acquise lors de cette vente.

Note: Cette statue Urhobo se distingue par son exceptionnelle monumentalité, exaltée autant par sa stature imposante et autoritaire que par sa qualité sculpturale. Elle représente la figure d’un ancêtre fondateur et d’un guerrier triomphant. Ces figures féminines ou masculines matérialisaient les ancêtres importants. Les Urhobo les honoraient, les vénéraient et les plaçaient au sein des sanctuaires. Les ancêtres étaient considerés comme omnipotents et capables de protéger l’ensemble de la communauté des esprits malveillants et des fauteurs de troubles. Chaque communauté Urhobo organisait annuellement une série de cérémonies complexes censées recréer les batailles livrées par les fondateurs claniques. Certaines parties de ces cérémonies se déroulaient sous les yeux de ces majestueuses statues installées dans les sanctuaires et préparées pour l’occasion ; elles étaient peintes de pigments rouge, noir, jaune et blanc - la craie blanche faisant référence au domaine ancestral et à la pureté spirituelle. Ces statues reflètent une contradiction inhérente à une grande partie de l’art Urhobo, considérées à la fois impérieuses et redoutables (pour le commun des mortels) et olympiennes (pour le monde des ancêtres).

Cette statue monumentale présente un homme sculpté dans une position hiératique : assis, le corps droit, les bras libérés du corps, les épaules rejetées en arrière et le torse puissant tendu vers l’avant intensifié par la cambrure du dos. La force induite par l’allure et la musculature est accentuée par le port de tête altier qui souligne les traits anguleux du visage caractéristiques de la statuaire Urhobo. À celles-ci s’ajoutent la face étirée dominée par un large front orné de scarifications classiques, le menton prognathe, les yeux et la bouche projetés en avant, ouverte sur des dents taillées qui accentue l’agressivité de l’expression du guerrier. L’homme, représenté dans le plus simple appareil, est paré de nombreux ornements (un collier à trois rangs ceindant les épaules, de larges chevillières et bracelets, des brassards et une bague). La richesse de ces ornements corporels, insignes d’autorité et de prestige, permettent d’identifier l’individu représenté comme une personnalité de haut rang. En effet, les Urhobo étaient réputés pour leurs imposants bijoux taillés dans l’ivoire d’éléphant, matériau considéré comme le plus prestigieux. Ce guerrier est également armé d’objets protecteurs. Une calebasse à médecines est suspendue à son cou, destinée à repousser les agressions, tant physiques que psychologiques, et d’assurer les prouesses et les victoires militaires. 

Les Urhobo vivent sur la bordure Ouest du delta du Niger, au sud du Nigeria. Jusque dans les années 1960, la culture Urhobo était méconnue du monde occidental en raison des vastes étendues de marais à mangroves et des fortes précipitations qui rendaient difficile l’accès à la région. Pour ces raisons, la majorité des sculptures de sanctuaires fut découverte et révélée à partir des années 1970. L’oeuvre présentée ici fut collectée par Philippe Guimiot en plus d’autres pièces Urhobo de style et de qualité comparables dont la statue féminine provenant de la collection Baudoin de Grunne (Sotheby’s, New York, 19 mai 2000, lot 16) et la maternité de la collection du musée Barbier-Mueller, aujourd’hui conservée au musée du quai Branly - Jacques Chirac (inv. n° A.96.1.102). Selon Perkins Foss, spécialiste de l’art Urhobo, ces trois oeuvres proviennent très probablement du même atelier. En 1969, Perkins Foss documenta un sanctuaire situé à Ogherehe (ou Eherhe), un village de la région d’Agbarho, comportant un couple de statues, celles d’un guerrier et sa femme, sculptés dans un style très comparable (voir photographie in « Réunies : deux sculptures de sanctuaire Urhobo », Tribal Art Magazine, n° 73, automne 2014, p. 132, n° 4). Notre exemplaire a été collecté dans la même zone géographique. 

Deux autres figures, du même artiste, sont aujourd’hui conservées dans des musées américains : la première, dans la collection du Nelson-Atkins Museum of Art, à Kansas City (inv. n° 86-7) et la seconde au Museum of Fine Arts à Houston (inv. n° 2010.66). Toutes deux furent sculptées de la main du même artiste, à la moitié du XIXe siècle, et proviendraient probablement du même sanctuaire. Le style de cet artiste prodigieux se caractérise par le traitement précis de la tête, le front protubérant, les joues concaves et une bouche belliqueuse ouverte sur une mâchoire projetée dans l’espace. Le dos cambré est une caractéristique singulière et importante de ce maître-sculpteur.

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Male Shrine Figure, Nigeria, Urhobo people, early 20th century. Wood and pigment, 49 inches. Purchase: William Rockhill Nelson Trust through the George H. and Elizabeth O. Davis Fund, 86-7© Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City.

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Spirit Statue, 1900–1949, Nigeria. Wood, 57 × 17 1/2 × 13 in. (144.8 × 44.5 × 33 cm). Museum purchase funded by the Caroline Wiess Law Accessions Endowment Fund, 2010.66. © 2019 The Museum of Fine Arts, Houston.

Christie's. Arts d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du nord, Paris, 2 June 2020

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