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Alain.R.Truong
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6 mars 2022

Exposition "Monet/Rothko" au musée des impressionnismes Giverny

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Du 18 mars au 3 juillet 2022, le musée des impressionnismes Giverny proposera à ses visiteurs un dialogue exceptionnel entre les œuvres de Claude Monet et de Mark Rothko. Rassemblant les peintures tardives du maître de l’impressionnisme et les couleurs énigmatiques de l’artiste américain, l’exposition Monet/Rothko orira une expérience immersive et rare, une invitation à la contemplation.

Depuis quelques années, les recherches sur l’impressionnisme tardif ont mis en valeur les correspondances souvent insoupçonnées entre les œuvres de Claude Monet et celles des peintres de l’abstraction, parmi lesquels Mark Rothko. L’exposition Monet/Rothko mettra en exergue la puissance évocatrice de la peinture de ces deux grands artistes.

Alors que Monet cherche à rendre l’immédiateté d’un ressenti, Rothko tente une approche plus intense, là où la contemplation dilate la pensée. Mettre en rapport Mark Rothko et Claude Monet revient à inviter le spectateur à une expérience visuelle et sensorielle. Les yeux, mais aussi la perception de l’espace et du temps, sont soumis à une épreuve artistique originale.

L’exposition proposera le rapprochement entre six œuvres de Rothko et sept peintures de Monet. Déclinée en thématiques chromatiques, elle donnera à voir les peintures de ces deux maîtres sous un jour inédit. Là où l’impression fugitive du moment a été l’obsession de Monet, Rothko déploie une peinture où l’espace se dilue dans le temps de l’observation. Vertige ou contemplation, l’exposition laissera le public trouver une autre perception de l’abstraction et de la modernité.

Commissariat : Cyrille Sciama, Directeur général du musée des impressionnismes Giverny, conservateur en chef du patrimoine.

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Claude Monet (1840-1926), "Nymphéas", 1904. Huile sur toile, 89,5 x 93,5 cm © Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, A 486 © MuMa Le Havre / David Fogel

Entre 1920 et 1922, alors que Monet souffre d’une vue défaillante, il peint Saule pleureur, exécuté dans les tons jaune, orange violet, vert et rouge, d’une grande force expressive. La chromie est restreinte, jouant sur une concentration des teintes en deux niveaux : les couleurs chaudes au premier plan structurent la composition qui donne davantage de liberté aux touches de vert et de violet. La perspective se crée par l’œil, qui s’enfonce dans la peinture selon une adaptation progressive.

Ce principe est exactement celui que reprend Mark Rothko dans son imposante peinture de 1957, Light red over black. Le fond rouge sert d’écrin à un rectangle de noir scindé en deux. La ligne qui sépare la structure n’est pas exactement au milieu, ce qui crée une dynamique dans le regard. L’œil se perd entre le rouge, « light red », sur ce noir comme si le noir passait au second plan. Tout vibre dans cette peinture où la couleur crée une structure. Point d’anecdote, de motif, mais des rectangles et des lignes qui parcourent la toile. Comme un pont japonais enchâssant deux miroirs d’eau et de ciel.

Le Saule pleureur de Monet fut présenté au Museum of Modern Art de New York et à Los Angeles en 1960 dans une importante exposition consacrée au « Monet tardif ». L’évènement avait lieu trois ans après le terrible incendie dans lequel un exemplaire des Nymphéas du MoMa avait été détruit, suscitant une grande émotion publique. L’année suivante, en 1961, le musée organisa la première rétrospective dévolue à Rothko, tissant ainsi in situ des liens étroits entre le maître de l’impressionnisme et le peintre abstrait américain.

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Claude Monet (1840-1926), Saule pleureurentre 1920 et 1922. Huile sur toile, 110 x 100 cm © Paris, musée d’Orsay, donation de Philippe Meyer, 2000, RF 2000-21 © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Adrien Didierjean.

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Mark Rothko (1903-1970), Light Red Over Black, 1957. Huile sur toile, 230,6 × 152,7 cm Londres, Tate, purchased 1959, T00275 © 1998 by Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – ADAGP, Paris, 2022 / photo : Tate.

Entre 1899 et 1901, Claude Monet se rend trois fois à Londres se confronter à l’ambiance industrielle et hivernale de la capitale de l’Empire britannique. Il a alors adopté l’idée de la série. S’il consacre une partie de son travail au Parlement de Londres, il s’intéresse aussi aux quais de la Tamise dont il a peint une version déjà en 1871. Mais à la fin de sa vie, Monet capture une atmosphère crépusculaire, lourde, capiteuse, brumeuse, où les touches rendues par grandes masses traduisent le brouillard entourant le pont de Charing Cross sur la Tamise. Dans Charing Cross Bridge. Fumées dans le brouillard, impression, version du motif peinte en 1902, Monet place la ligne de perspective dans la partie inférieure de l’œuvre. Ce procédé permet un déploiement savant de couleurs ocre, rose, orange et jaune où le ciel se confond avec l’eau du fl euve – processus que l’artiste déploie déjà dans sa série des Nymphéas à la même époque. Le mouvement des nuages de vapeur produits par les trains à vapeur rappellent aussi son travail sur la gare Saint-Lazare dans les années 1870. Mais sa vision s’est simplifi ée par grands rassemblements de couleurs la tonalité générale d’une ville enfermée sous le fog. Rothko reprend ce principe de paysage totalement immersif où l’œil se perd en conjecture. Cela est particulièrement frappant dans Red on Pink and Pink, créant par des rectangles de couleurs un dialogue entre le rouge et le rose. Son attention et ses recherches se concentrent sur la matière de la peinture elle-même, et il fait preuve dans ce domaine d’une approche très expérimentale, qui confère à ses œuvres une luminosité unique, mais aussi une très grande fragilité. A la fin des années 1940, Rothko évolue ainsi vers une simplifi cation des formes et imagine une perception de l’espace totalement nouvelle.

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Claude Monet (1840-1926),Charing Cross Bridge. Fumées dans le brouillard, impression, 1902. Huile sur toile, 73 x 92 cm, Paris, musée Marmottan Monet, legs de Michel Monet, 1966, 5001 © musée Marmottan Monet, Paris / Christian Baraja SLB

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Mark Rothko (1903-1970), Red and Pink on Pink, vers 1953, Tempera on paper mounted on board with acrylic, 100.6 × 64.1 cm, Houston, The Museum of Fine Arts, Bequest of Caroline Wiess Law, 2004.53 © The Museum of Fine Arts, Houston / photo : Thomas R. DuBrock © 1998 by Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko - ADAGP, Paris, 2022

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Claude Monet (1840-1926), Nymphéas avec rameaux de saule(1916 – 1919). Huile sur toile, 160 x 180 cm. Cachet de l’atelier en bas à droite : Claude Monet © Paris, lycée Claude-Monet, don de Michel Monet. Dépôt au musée des impressionnismes Giverny en 2021. Inv. : MDIG D 2021.1.1 / Photo : Jean-Charles Louiset

L’année 1957 marque un moment important dans l’accueil des œuvres tardives de Monet aux Etats-Unis. Deux ans auparavant, le MoMA, à New York, avait acquis un important panneau des Nymphéas, dont la modernité de la composition et des accords chromatiques séduit les jeunes générations d’artistes. Un article retentissant de Clement Greenberg dans le magazine Arts News Annual (« The Later Monet ») met en valeur le peintre français en lui donnant un rôle dans l’éclosion de l’art moderne américain. C’est le moment où Rothko crée l’imposant Untitled tout en teintes bleu et vert. Sur un fond bleu sombre, le peintre américain dispose une ligne verte décentrée sur la toile. Cela vient perturber le regard qui cherche la perspective sur cette étendue bleue. Est-ce de l’eau ? la mer ? des algues ? On ne sait. Mais la disposition de cet horizon vert rappelle avec force le pont japonais de Monet à Giverny. Le maître impressionniste a souvent cherché à décentrer la perspective par une vision de l’espace rendue par des touches lâches et un point de vue étrange. Dans Bras de Seine près de Giverny (1897), le public est placé sur l’eau, comme sur une barque. Le point de vue est haut et la perspective élevée, le regard portant sur les forts du fleuve. Rothko s’inspirera de cette confusion des points de vue pour saturer la toile de couleurs et utiliser des formes géométriques simples. Le spectateur est ainsi confronté à une nouvelle perception de l’espace où la couleur permet une construction visuelle déroutante

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Claude Monet (1840-1926), Bras de Seine près de Giverny, 1897. Huile sur toile, 73,2 x 93 cm, Paris, musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911, RF 2003 © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle

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Mark Rothko (1903-1970), Untitled, 1957. Huile sur toile, 247,3 x 207,8 cm, Washington, National Gallery of Art, Gift of the Mark Rothko Foundation, Inc., 1986, 1986.43.141 © Washington, National Gallery of Art © 1998 by Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – ADAGP, Paris, 2022

 

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