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Alain.R.Truong
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8 mars 2023

Exposition Giovanni Bellini au Musée Jacquemart-André : Influences croisées

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PARIS - Au printemps 2023, le Musée Jacquemart-André met à l’honneur l’œuvre du grand maître de la peinture Giovanni Bellini (v. 1430-1516), père de l’école vénitienne à laquelle appartiendront ses élèves Giorgione et Titien. Giovanni Bellini a ouvert la voie à un art de la couleur et du ton qui sera la marque du XVIe siècle vénitien.

À travers une cinquantaine d’œuvres issues de collections publiques et privées européennes, cette exposition retrace le parcours de Giovanni Bellini et montre comment son langage artistique n’a eu de cesse de se renouveler tout au long de sa carrière, tout en conservant une part indéniable d’originalité. Réparties selon un ordre thématico-chronologique, les œuvres du maître constitueront le fil rouge de l’exposition, mises en regard avec des « modèles » qui les ont inspirées.

Issu d’une famille d’artistes, Giovanni Bellini fréquente avec son frère Gentile l’atelier de leur père, Jacopo Bellini, peintre de formation gothique bientôt rompu aux nouveautés renaissantes venues de Florence. Le jeune artiste s’imprègne à la fois de l’art de son père et de son frère, mais aussi de son beau-frère Andrea Mantegna, que sa sœur Nicolosia vient d’épouser. Le classicisme, les formes sculpturales et la maîtrise de la perspective de Mantegna exercent une profonde influence sur l’artiste. Sa peinture devient plus monumentale, notamment grâce à l’étude des œuvres de Donatello, visibles à Padoue.

Le style de Bellini change de cap avec l’arrivée à Venise d’Antonello de Messine qui y introduit le goût flamand du détail et les constructions spatiales des artistes d’Italie centrale. Giovanni trouve une nouvelle intensité dramatique en perfectionnant la technique de la peinture à l’huile. Il puise dans l’art byzantin et du nord de l’Europe des éléments qui marqueront son style. En quête de renouveau, il développe des thématiques représentées par des peintres plus jeunes, comme par exemple celle des paysages topographiques inspirés de Cima da Conegliano. Enfin, l’ultime période de Bellini est marquée par une touche plus vibrante mais d’une grande modernité. De manière singulière, ce sont les innovations de ses meilleurs élèves – et notamment Giorgione et Titien – qui poussent le vieux Bellini à réinventer son style.

Cette exposition, en présentant Bellini et son contexte artistique, permettra de comprendre en quoi son langage pictural est fait de correspondances et de jeux d’influences, qu’il synthétise magistralement. L’exposition bénéficiera de prêts importants, venus notamment de la Gemäldegalerie de Berlin, du Petit Palais de Paris, du Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid, de la Galleria Borghese de Rome, du Museo Correr, des Gallerie dell’Accademia et de la Scuola Grande di San Rocco de Venise, du Musée Bagatti Valsecchi de Milan entre autres, ainsi que de nombreux prêts de collections privées.

Musée Jacquemart-André. Jusqu'au 17 juillet 2023.

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Gentile Bellini, Annonciation, vers 1464-1465, tempera et or sur panneau, 133 x 124 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, © Museo Nacional Thyssen-Bornemisza. Madrid.

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Antonello de Messine, Portrait d’un jeune homme, 1478, huile sur panneau de noyer, 20,4 x 14,5 cm, Gemäldegalerie, Staatliche Museen, Berlin, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt; Public Domain Mark 1.0

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Gentile Bellini, Vierge à l’Enfant (Madone de Constantinople), vers 1462-1463, tempera et or sur bois, 80 x 60 cm, Museo Piersanti, Matelica, © Museo Piersanti, Diocesi di Fabriano-Matelica

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Jacopo Bellini, Saint Bernardin de Sienne, saint Onuphre, saint Étienne, saint Barthélemy, saint Laurent, saint Sébastien, sainte Catherine d’Alexandrie, vers 1462-1463, tempera et or sur bois, 59,5 x 23 cm, Museo Piersanti, Matelica, © Museo Piersanti, Diocesi di Fabriano-Matelica

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Giovanni Bellini, Sainte Justine, 1475, détrempe sur bois, 128,4 x 54,5 cm, Museo Bagatti Valsecchi, Milan, Photo © ElenaDatrino / Culturespaces.

Considérée comme l’un des chefs-d’oeuvre de Giovanni Bellini, la Sainte Justine représente parfaitement la manière dont l’artiste s’approprie différentes sources visuelles - telles que l’oeuvre de son beau-frère Andrea Mantegna et celle du sculpteur florentin Donatello - qu’il retravaille et transforme afin de créer une synthèse stylistique unique et originale.

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Donatello, Christ mort (Imago pietatis), vers 1450-1453, marbre, 36,5 x 30,4 x 4,5 cm, Museo Diocesano, Padoue, © Diocesi di Padova - Archivio fotografico.

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Giovanni Bellini, Vierge à l’Enfant, vers 1475-1480, huile sur bois de peuplier, 76 x 54,2 cm, Gemäldegalerie, Berlin, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt; Public Domain Mark 1.0

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Giovanni Bellini, Vierge à l’Enfant, vers 1485, détrempe et huile (?) sur bois, 55,6 x 43,9 cm, Gemäldegalerie, Berlin, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt; Public Domain Mark 1.0

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Giovanni Bellini, Vierge à l’Enfant, vers 1450-1453, détrempe, huile et or sur bois, 76,8 x 53 cm, Collection particulière © ARRS - The Hague - The Netherlands.

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Giovanni Bellini, La Prudence (provenant du « Restello de Vincenzo Catena ») détail des Cinq allégories, vers 1490-1495, huile sur bois, 32 x 22 cm, Gallerie dell’Accademia, Venise, © G.A.V.E Archivio fotografico – su concessione del Ministero della Cultura.

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Hans Memling, Le Christ bénissant, vers 1480-1490, huile sur bois, 53,4 x 39,1 cm, Galleria di Palazzo Bianco, Gênes, © Musei di Strada Nuova, Genova.

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Giovanni Bellini, Christ mort soutenu par deux anges, vers 1470-1475, détrempe et huile (?) sur bois, 82,9 cm × 66,9 cm, Gemäldegalerie, Berlin, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt; Public Domain Mark 1.0.

Inspirée des icônes byzantines comme des modèles du sculpteur Donatello, cette représentation resserrée et monumentale du Christ sollicite la proximité du spectateur dans le cadre d’une dévotion privée. Bellini dépeint une anatomie réaliste, une image de la mort suscitant la compassion, à l’image des deux anges qui soutiennent ce corps sans vie. Les couleurs vibrantes sont typiques de cette période de la carrière de Bellini.

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Antonello de Messine, Christ mort soutenu par trois anges, vers 1476, huile sur bois, 115 x 85,5 cm, Fondazione Musei Civici di Venezia, Museo Correr, Venise, 2023 © Photo Archive - Fondazione Musei Civici di Venezia.

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Andrea Mantegna, Ecce Homo, vers 1500, tempera à la colle sur toile de lin tendue sur panneau de bois, 54 cm x 42 cm, Musée Jacquemart-André, Paris, © Culturespaces / Studio Sébert Photographes.

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Giorgione, Vierge à l’Enfant (dite Madone Cook), vers 1505, huile sur panneau de peuplier, 68 x 48,1 cm, Collection particulière en dépôt à la Gemäldegalerie, Staatliche Museen, Berlin, © Eckart Lingenauber

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Giovanni Bellini et atelier, Vierge à l’Enfant en trône, vers 1510-1515, tempera sur bois, 130 x 102 cm, Musée Jacquemart-André, Paris, © Culturespaces / Studio Sébert Photographes.

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Giovanni Bellini, La Vierge et l’Enfant entourés de saint Jean-Baptiste et d’une sainte (Sainte Conversation Giovanelli), vers 1500, tempera et huile sur bois, 54 x 76 cm, Gallerie dell’Accademia, Venise, © G.A.V.E Archivio fotografico – su concessione del Ministero della Cultura.

Peinte alors que la renommée de Giovanni Bellini était désormais bien établie à Venise, la Vierge et l’Enfant entourés de saint Jean-Baptiste et d’une sainte (Sainte Conversation Giovanelli) illustre le dialogue fécond de l’artiste avec les recherches de Giorgione, son élève, notamment dans la manière d’associer figures et paysage, ici une ville portuaire.

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Cima da Conegliano, Vierge à l’Enfant, vers 1500-1502, huile sur bois, 71,5 x 55 cm, Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Paris, © CC0 Paris Musées / Petit Palais, Musées des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

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Giovanni Bellini, Dieu le Père, 1505-1510, huile sur bois, 102 x 132, Musei  Civici, Pesaro, © Su gentile concessione del Comune di Pesaro/ U.O. Beni e Attività Culturali.

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Giorgione, Christ portant sa Croix, vers 1506, huile sur toile, 68,2 x 88,3 cm, Scuola Grande di San Rocco (Cereria), Venise, © Proprietà della Scuola Grande Arciconfraternita di San Rocco in Venezia.

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Giovanni Bellini, La Dérision de Noé, vers 1513-1515, huile sur toile, 103 x 157 cm, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon, © Leonard de Selva/Bridgeman Images

Cette oeuvre produite à la fin de la carrière de Giovanni Bellini est la seule dans toute sa production à illustrer une scène de l’Ancien Testament, un épisode postérieur au Déluge. Noé, enivré par le vin de ses vignes, est surpris dans cet état par ses trois fils, Cham au centre, moqueur, Sem et Japhet sur les côtés, détournant le regard en recouvrant le corps dénudé de leur père. Ici, le dessin, plus libre que dans ses oeuvres de jeunesse cède la place à la couleur qui semble vivre par elle-même : tel le rose du manteau du Patriarche dénudé.

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