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Alain.R.Truong
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28 mai 2023

Exposition "Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914" à l'École des Arts Joailliers

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 Affiche - Exposition Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914 © ADAGP, Paris, 2023

PARISL’École des Arts Joailliers présente du 2 juin au 30 septembre 2023 une exposition inédite qui illustre la place singulière occupée par le bijou au tournant des XIXe et XXe siècles, à travers une sélection de près de 100 pièces provenant de collections muséales, patrimoniales et privées.

À partir des années 1880, l’esthétique connait une profonde évolution. Un imaginaire nouveau, enrichi par la diffusion extraordinaire des connaissances scientifiques, féconde toutes les sphères de l’art. À la fin du siècle ce mouvement converge en France vers l’Art nouveau, dans un souffle créateur qui vivifie le travail des ateliers. Loin d’être le simple reflet d’une histoire des formes qui s’écrit ailleurs, le bijou participe pleinement du regard émerveillé porté sur la nature et sur ses phénomènes. Libre de toute finalité́  pratique  et  subissant  comme  seule contrainte celle qu’impose le travail des métaux et des pierres, l’objet précieux se prête admirablement à toutes sortes d’expérimentations, autorisant les combinaisons les plus variées et les fantaisies les plus évocatrices. Des artistes comme René Lalique, Georges Fouquet, Élisabeth Bonté, Victor Prouvé, Jean Dampt, Jules Desbois, Edward Colonna ou Eugène Grasset s’emparent alors d’un art dont le premier ressort de l’invention est la matière.

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Georges Fouquet, Pendentif "Nymphe des mers", vers 1900-1905. Or, mosaïque d’opales, émail et diamants. H. 6 cm, l. 5,7 cm, L. 7,1 cm. Tokyo, Collection Albion Art. Photo Tsuneharu Doi © Albion Art Institute © ADAGP, Paris, 2023

D’un point de vue technique, la caractéristique majeure est le mélange subtil entre pierres, métaux et matériaux de valeur différente, suivant la conviction que la beauté d’un bijou relève de sa conception artistique plutôt que du coût des éléments qui le composent. Ceux-ci, ductiles, colorés, chatoyants, donnent forme à des silhouettes féminines, à des rinceaux et à des fleurs, à des insectes ou encore à des arabesques envoutantes. Broches, peignes, pendentifs ou bagues empruntent les lignes souples de la vie, dans une diversité déroutante de thèmes relus souvent au prisme d’un onirisme fantastique.

Si au début des années 1910 les artistes se tournent vers une esthétique davantage inspiré par la géométrie, l’héritage fécond de l’Art nouveau est définitivement acquis : le décloisonnement des arts, le contact avec la science, l’assimilation d’une culture visuelle vivante auront définitivement ouvert l’art du bijou à la modernité.

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Georges Fouquet, Devant de corsage "Serpent de mer". H. 18,3 cm ; L. 12,5 cm. Or, émail, émeraudes, perles. 1901. Tokyo, Collection Albion Art. Photo : Tsuneharu Doi © Albion Art Institute. ©ADAGP, Paris, 2023.

Des chefs-d’œuvre en trois chapitres

Repartie en trois sections, l’exposition de L’École des Arts Joailliers permet de découvrir une évolution qui repose aussi bien sur l’utilisation de matières inusitées que sur l’adoption de nouveaux répertoires visuels.

1. Natures féeriques
Si les styles du passé ne sont pas oubliés, le symbolisme, qui apparaît dans les années 1880, les réenchante. Monstres et créatures hybrides peuplent un univers fantasmatique, à l’instar de la broche Sphinx de René Lalique ou de l’ornement de corsage Serpent de mer ailé, de Georges Fouquet.

 

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René Lalique, Sphinx, broche, vers 1893, or, émail, diamants. Musée Lalique, Wingen-sur-Moder © Studio Y. Langlois

2. Éclosions

L’essor extraordinaire de la botanique et l’intérêt pour les phénomènes de la génération et de la croissance incitent les artistes à associer la plante à la fluidité de la sève, signifiée par la courbe et l’entrelacs.

Associés au monde végétal, reptiles, insectes, batraciens sont le symbole d’une prolifération apparemment désordonnée et parfois monstrueuse. L’intérêt pour les manifestations de la vie, du mouvement et de l’évolution renouvelle la perception du thème antique des métamorphoses. René Lalique en est le plus libre interprète : une femme naît d’une tige et étire ses ailes de libellule, des créatures s’épanouissent en floraisons. Par son art consommé de l’émail, Lucien Hirtz donne vie à une forêt crépusculaire dont la luminosité diaphane orne une broche pour la maison Boucheron.

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René Lalique, Plaque de Cou Sylphide, vers 1900. Collection Albion Art Institute. Photo Tsuneharu Doi ©Albion Art Institute

3. Abstractions

Enfin, la nature inspire par son processus de création même. L’infiniment petit, révélé sous la lentille du microscope comme cellule ou cristal, présente une structure géométrique abstraite et ordonnée. Ainsi, la nature n’est plus l’opposé de l’ornement abstrait, elle en est la source. En témoigne par exemple l’étincelant paysage marin qui recouvre de nacre et d’or le peigne en écaille de tortue réalisé par Georges Fouquet vers 1905.

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René Lalique, Broche aux quatres libellules, vers 1903-1904. © Musée des Beaux-Arts de Quimper.

Un regard sur une période faste de la création bijoutière
Sous le commissariat de Rossella Froissart (École Pratique des Hautes Études EPHE-PSL), l’exposition propose d’intégrer le bijou français des décennies 1880-1914 dans un discours historique plus large, qui n’enserre pas les créations dans la grille réductrice d’une étiquette stylistique. Afin de rendre au courant qu’il est convenu de qualifier d’Art nouveau sa complexité, quelque cent pièces ont été sélectionnées, provenant d’une dizaine de prêteurs parmi les plus prestigieux, tels le musée Lalique de Wingen-sur-Moder, le musée des Arts décoratifs de Paris, le musée d’Orsay, le Schmuckmuseum de Pforzheim (Allemagne) ou encore l’exceptionnelle collection privée Albion Art.

L’approche inédite choisie par l’exposition répond pleinement aux missions scientifiques que L’École des Arts Joailliers s’est donnée depuis sa création en 2012, grâce au soutien de la Maison Van Cleef & Arpels. Par les cours proposés ainsi que par les conférences et les ateliers, par les expositions, les publications, ou encore la recherche, L’École des Arts Joailliers s’attache à faire rayonner l’art du bijou dans toutes ses dimensions.

Exposition "Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914". École des Arts Joailliers, 31 rue Danielle Casanova 75001 Paris - du 2 juin 2023 au 30 septembre 2023.

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René Lalique, collier avec pendentifs Femme Papillon, vers 1897-1899, or, émail, verre, platine. Musée Lalique © Studio Y Langlois

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Lucien Falize, Pendentif d’après un dessin de Hans Collaert Or, émail, perle, diamants et saphir violet H. 7,1 cm ; L. 3,8 cm, vers 1885 Tokyo, Collection Albion Art. Photo : Tsuneharu Doi © Albion Art Institute.

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René Lalique, Pommeau de canne "Femme libellule" Or H. 21,1 cm, L. 12,1 cm, Pr. 0,8 cm 1900. Wingen sur Moder, musée Lalique. Photo : Musée Lalique © Karine Fabry.

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Lucien Hirtz pour la Maison Boucheron, La Forêt, broche, or vert et émail, 1910. Paris, collection Boucheron. Photo Benjamin Chelly

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René Lalique, verrier, bijoutier, joaillier (1860 – 1945), Broche-plaque Glycine, c. 1900. Or, opales, diamants. Chicago, The Richard H. Driehaus Collection © The Richard H. Driehaus Collection, photo : Michael Tropea

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Maurice Robin & Cie, Broche, c. 1900. Or, perles, diamants, rubis. Chicago, The Richard H. Driehaus Collection © The Richard H. Driehaus Collection, photo : Michael Tropea

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Louis Aucoc, bijoutier, orfèvre (1850 – 1932), Broche Femme et pieuvre, c. 1898 – 1900. Or, émail, diamants, rubis, perles. Inv. 1977/2, Schmuckmuseum Pforzheim © Rossella Froissart.

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E. Colin & Cie (1875 – 1903), Pendentif Algues, 1900. Or, émail, perles. Chicago, The Richard H. Driehaus Collection © The Richard H. Driehaus Collection, photo : Michael Tropea.

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Gaston Chopard, bijoutier (1883 – 1942), Peigne Cigales, c. 1903. Ecaille, émail, or émaillé, perles fines. Don Madame Gaston Chopard, 1952, inv. 37291. Paris, Musée des Arts décoratifs © Les Arts Décoratifs - Jean-Marie Del Moral.

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Attribué à Émile Saint-Yves, joaillier, actif au début du XXe siècle, Plaque de cou, 1895. Argent doré, émeraude. Chicago, The Richard H. Driehaus Collection © The Richard H. Driehaus Collection, photo : Michael Tropea

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René Lalique, verrier, bijoutier, joaillier (1860 – 1945), Broche Profil de femme et serpents, c. 1903 – 1905. Or, émail, topaze. Wingen-sur-Moder, Musée Lalique Dépôt Shai Bandmann & Ronald Ooi0. Photo : Musée Lalique © Karine Faby.

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René Lalique, verrier, bijoutier, joaillier (1860 – 1945), Broche, c. 1910 – 1915. Perle, miroir, métal. Wingen-sur-Moder, Musée Lalique, Dépôt Shai Bandmann & Ronald Ooi. Photo : Musée Lalique © Karine Faby.

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Broche, vers 1900, Edward Colonna, dessinateur, décorateur (1862-1948), Galerie L'Art nouveau, éditeur, Or, billes de nacre, Paris, musée des Arts décoratifs © Les Arts Décoratifs. Photo Christophe Dellière.

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Georges Fouquet, Pendentif "Vénus", c. 1900. Tokyo, Collection Albion Art. Photo Tsuneharu Doi. © Albion Art Institute.

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Cartier, Broche, or, platine, diamants et saphirs, collection Cartier.

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