Nicolas de Staël au Musée d’Art Moderne de Paris, du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024
Affiche de l'exposition Nicolas de Staël au Musée d'Art Moderne de Paris © DR © Photo Annik Wetter © ADAGP, Paris, 2023
PARIS - Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre une grande rétrospective à Nicolas de Staël (1914-1955), figure incontournable de la scène artistique française d’après-guerre. Vingt ans après celle organisée par le Centre Pompidou en 2003, l’exposition propose un nouveau regard sur le travail de l’artiste, en tirant parti d’expositions thématiques plus récentes ayant mis en lumière certains aspects méconnus de sa carrière (Antibes en 2014, Le Havre en 2014, Aix-en-Provence en 2018).
La rétrospective rassemble une sélection d’environ 200 tableaux, dessins, gravures et carnets venus de nombreuses collections publiques et privées, en Europe et aux Etats-Unis. À côté de chefs-d’oeuvre emblématiques tels que le Parc des Princes, elle présente un ensemble important d’œuvres rarement, sinon jamais, exposées, dont une cinquantaine montrées pour la première fois dans un musée français.
Nicolas de Staël dans son atelier rue Gauguet été 1954 © Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb © RMN-Grand Palais
Organisée de manière chronologique, l’exposition retrace les évolutions successives de l’artiste, depuis ses premiers pas figuratifs et ses toiles sombres et matiérées des années 1940, jusqu’à ses tableaux peints à la veille de sa mort prématurée en 1955. Si l’essentiel de son travail tient en une douzaine d’années, Staël ne cesse de se renouveler et d’explorer de nouvelles voies : son « inévitable besoin de tout casser quand la machine semble tourner trop rond » le conduit à produire une œuvre remarquablement riche et complexe, « sans esthétique a priori ». Insensible aux modes comme aux querelles de son temps, son travail bouleverse délibérément la distinction entre abstraction et figuration, et apparaît comme la poursuite, menée dans l’urgence, d’un art toujours plus dense et concis : « c’est si triste sans tableaux la vie que je fonce tant que je peux », écrivait-il. La rétrospective permet de suivre pas à pas cette quête picturale d’une rare intensité, en commençant par ses voyages de jeunesse et ses premières années parisiennes, puis en évoquant son installation dans le Vaucluse, son fameux voyage en Sicile en 1953, et enfin ses derniers mois à Antibes, dans un atelier face à la mer.
Nicolas de Staël, Eau de vie, 1948. Huile sur toile. Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris-Lisbonne. © Photo Georges Poncet © Adagp 2023
La biographie de Staël a d’emblée créé un mythe autour de son art : de son exil après la Révolution russe jusqu’à son suicide tragique à l’âge de 41 ans, la vie du peintre n’a cessé d’influer sur la compréhension de son œuvre. Sans négliger cette dimension mythique, la rétrospective entend rester au plus près des recherches graphiques et picturales de Staël, afin de montrer avant tout un peintre au travail, que ce soit face au paysage ou dans le silence de l’atelier. Enfant exilé devenu voyageur infatigable, l’artiste est fasciné par les spectacles du monde et leurs différentes lumières, qu’il se confronte à la mer, à un match de football, ou à un fruit posé sur une table. Variant inlassablement les outils, les techniques et les formats (du tableautin à la composition monumentale), Staël aime « mettre en chantier » plusieurs toiles en parallèle, les travaillant par superpositions et altérations successives. Le dessin joue, dans cette exploration, un rôle prépondérant dont une riche sélection d’œuvres sur papier souligne le caractère expérimental.
Nicolas de Staël, Composition grise, 1949. Huile sur toile. Fondation Gandur pour l'Art Genève. © Fondation Gandur pour l'Art Genève/Photo Sandra Pontet © Adagp 2023
Un extrait du documentaire Nicolas de Staël de François Lévy-Kuentz, co-écrit avec Stéphane Lambert et produit par Martin Laurent, Temps Noir sera présenté en permanence dans les salles de l’exposition et diffusé dans son intégralité sur Arte.
Le catalogue de l’exposition permet d’approfondir encore la connaissance du travail du peintre, grâce à des textes sur sa relation aux maîtres du passé et à son contemporain Georges Braque, ou encore son rapport au paysage et à la nature morte. Le catalogue contient également un entretien des commissaires avec Anne de Staël, fille aînée de l’artiste, ainsi que le texte intégral et inédit du « Journal des années Staël » de Pierre Lecuire, écrivain, éditeur et ami proche de Staël.
L’exposition sera présentée à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, du 9 février au 9 juin 2024.
Commissariat : Charlotte Barat-Mabille et Pierre Wat.
Nicolas de Staël, Grande composition bleue, 1950-1951. Huile sur Isorel, 200 x 150 cm. Collection privée. Courtesy Applicat-Prazan, Paris (© ADAGP, Paris, 2023 Courtesy Applicat-Prazan, Paris.
Nicolas de Staël, Fugue, 1951–1952, The Phillips Collection. Photographe Rolf Lenz
Nicolas de Staël, Paysage, 1952. Huile sur carton, 38 x 55 cm. Collection particulière © ADAGP, Paris, 2023 Courtesy Versailles Enchères / Photo François Mallet
Nicolas de Staël, Parc des Princes, 1952. Huile sur toile, 200 x 350 cm. Collection particulière © ADAGP, Paris, 2023 / Photo Christie’s
Nicolas de Staël, Arbre rouge, 1953. Huile sur toile, 46 x 61 cm. Collection particulière © ADAGP, Paris, 2023 / Photo Christie’s
Nicolas de Staël, Femme assise, 1953. Huile sur toile, 114 x 162 cm, Collection particulière © ADAGP, Paris, 2023 © Photo Jean-Louis Losi
Nicolas de Staël, Agrigente, 1954, Huile sur toile, 60 x 81 cm, Collection particulière © Photo Annik Wetter © ADAGP, Paris, 2023
Nicolas de Staël, Marseille, 1954. Huile sur toile, 80,5 x 60 cm. Courtesy Catherine et Nicolas Kairis / Courtesy Applicat-Prazan, Paris (© ADAGP, Paris, 2023 Courtesy Applicat-Prazan, Paris
Nicolas de Staël, Sicile, 1954, Huile sur toile, 114 x 146 cm, Musée de Grenoble © ADAGP, Paris, 2023 © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble / photo J.-L. Lacroix
Nicolas de Staël, Le Saladier, 1954. Huile sur toile, 54 x 65 cm, Collection particulière © ADAGP, Paris, 2023
Nicolas de Staël, Table à palette, 1954. Fusain sur papier. Centre Pompidou,Musée national d'art moderne, Paris. Photo Centre Pompidoi, MNAM-CCI.Dist RMN-GrandPalais / Georges Megueirditchian © ADAGP, Paris, 2023