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Alain.R.Truong
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17 novembre 2008

Kees Van Dongen, Portrait de Fano Messan

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Kees Van Dongen, Portrait de Fano Messan, huile sur toile, 61 x 38 cm. Estimation : 200 000/280 000 €.

Né en Hollande dans le petit village de Delfshaven, près de Rotterdam, Cornelis Theodorus Marie, alias Kees Van Dongen, quitte la malterie familiale en 1897 et séjourne à Paris chez son confrère et compatriote, Siebe Ten Cate. Pour survivre, le jeune homme s’improvise lutteur, démonte des baraques foraines, fixe aussi des portraits et exécute des dessins satiriques pour Frou-Frou, L’Assiette au beurre ou L’Indiscret. Définitivement établi dans la capitale en 1900, il se lie bientôt au critique Félix Fénéon, qui le fait rentrer à La Revue blanche. Un bonheur n’arrivant jamais seul, ce dernier décide Ambroise Vollard à lui consacrer une exposition en 1904. La même année, les toiles de Van Dongen sont accrochées aux cimaises du Salon d’automne et aux Indépendants, puis ce sont les galeries Berthe Weill et Druet qui lui ouvrent leurs portes. En 1905, on le voit, avec Derain et Vlaminck, à la célèbre "cage aux Fauves". En 1908, Daniel-Henry Kahnweiler accueille ses oeuvres, puis ce sera Bernheim-Jeune. Sa carrière est lancée. Installé au Bateau-Lavoir, il fait partie de la bande à Picasso aux côtés de Salmon, Apollinaire, Dorgelès et Mac Orlan. Peintre voyageur, Van Dongen laisse des paysages ; ses acrobates, ses clowns et ses écuyères rencontrent le succès. Mais, ce sont incontestablement ses portraits, féminins surtout, qui établissent sa célébrité. La touche, fauve aux accents expressionnistes, devient plus lisse, les thèmes populaires font place à des sujets plus mondains. Les Années folles le consacrent peintre du Tout-Paris. "Le secret de mon succès ? Peindre les femmes plus minces et leurs bijoux plus gros", aimait-il dire. Une citation qui ne s’applique pourtant pas à notre tableau. La jeune femme semble fragile, mais déterminée, son regard lointain, mais pénétrant. Le blanc du chemisier contraste avec le rouge vif de ses lèvres et quelques touches de roux et de vert. Elle pose ici sans artifices. Ainsi était Fano Messan (1902-1998), née à Tarbes, qui, jeune femme, déserte rapidement les beaux-arts de Toulouse pour tenter sa chance à Paris comme sculpteur. Le beau sexe n’étant pas des mieux accueillis du côté des praticiens, elle se fait passer pour un homme, afin de suivre notamment les cours de Jean Martel. Au Salon d’automne de 1925, c’est en costume et cravate qu’elle pose aux côtés de son oeuvre au titre évocateur, L’Androgyne. Le Réveil du Nord salue "le plus jeune sculpteur du monde", tandis qu’un journaliste du Chicago Tribune signe un article intitulé "Le Quartier Latin s’amuse en essayant de déterminer le sexe de Fano Messan". Volontaire, sensible et un brin aventurière, celle-ci a apprivoisé dans ses sculptures le bois, la pierre, l’ivoire ou le verre. Ses animaux et ses figures, aux lignes fluides et harmonieuses, sont empreintes de sensibilité. Kees Van Dongen ou Valéry Larbaud ont posé pour elle, Man Ray laisse d’elle un séduisant portrait photographique. Moïse Kisling, Jean Cocteau, Léonard Foujita ou Tristan Tzara figurent parmi ses amis. Et puis en 1929, Luis Buñuel lui a offert le rôle de l‘hermaphrodite dans son fameux film surréaliste, Un chien andalou. Probablement réalisé cette année-là, ce portrait signé Van Dongen est resté dans la famille du modèle jusqu’à ce jour. Un atout supplémentaire, s’il en était besoin...

Mardi 18 novembre, salle Rossini. Rossini SVV. M. Maket.

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Commentaires
L
très belle découverte... merci
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