Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 50 901 470
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
31 décembre 2006

Exposition des tableaux caravagesques de la collection Koelliker

a

1. Giuseppe Vermiglio (1587 - après 1635)
Saint Jean-l’Evangéliste
Huile sur toile - 55 x 45 cm
Collection Luigi Koelliker
Photo : Skira

a

2. Biagio (?) Manzoni (actif vers 1630/1640)
Miracle de la monnaie du tribut
Huile sur toile- 155,5 x 109 cm
Collection Luigi Koelliker
Photo : Skira

a

3. Nicolas Tournier (1590-1639)
Jeune fille offrant une rose à un jeune chanteur
Huile sur toile - 75 x 60 cm
Collection Luigi Koelliker
Photo : Skir
a

a

4. Anonyme
(Maître du joueur de luth de Dresde ?)
Portrait d’homme
Huile sur toile - 75 x 60 cm
Collection Luigi Koelliker
Photo : Skira

Ariccia, Palazzo Chigi - Au cours de ces quinze dernières années l’homme d’affaire italien Luigi Koelliker a rassemblé plus de deux mille œuvres d’art baroque, profitant à la fois d’un dédain des grandes institutions pour cette période (1) et de prix qui, s’il paraissent élevés au profane, sont largement inférieurs à ceux de l’art moderne et contemporain (preuve que ceux qui prétextent qu’il n’y a plus assez de pièces disponibles sur le marché pour constituer une collection se trompent). Les peintures italiennes du XVIIe siècle forment le cœur de cet ensemble, avec une importante présence des caravesques et des classiques bolonais (Luigi Koelliker a accumulé plusieurs dizaines de Guido Reni et Guerchin). Le XVIe (Titien, Lotto, Paris Bordone, Greco, Tintoret, Véronèse....) et le XVIIIe siècle sont aussi représentés, tout comme les sculptures et les objets d’art. Les artistes étrangers ayant travaillé dans la péninsule ou proches de l'art italien y sont nombreux. Plusieurs catalogues raisonnés consacrés à des parties cohérentes de cette collection sont récemment parus (2).

La sélection choisie pour être montrée cet hiver à Ariccia, aux environ de Rome, est recentrée sur le caravagisme et, par extension, sur le naturalisme sombre, entre la fin du maniérisme et 1630, par des artistes actifs dans la capitale (mais pas exclusivement, bien des tableaux lombards exposés à Milan au printemps dernier auraient pu y figurer, et inversement). Il s’agit presque exclusivement de sujets religieux, de scènes de genre et de quelques portraits (pas de nature morte et, bien évidemment, pas non plus de paysage). La collection, qui ne comprend pas d’œuvre du maître lui-même, en possède de la plupart de ses disciples : deux beaux Bartolomeo Manfredi, deux Orazio Borgiani, Orazio Riminaldi, un Orazio et deux Artemisia Gentileschi, quatre Carlo Saraceni, trois Tomasso Salini, deux Spadarino, Pensionate de Saraceni (Ecce Homo), cinq Angelo Caroselli, quatre Antiveduto Gramatica... D’autres centres sont évoqués : Bologne avec deux splendides Spada, Vérone avec Basseti et un Turchi inconnu, Gênes avec Fiasella, la Toscane (Riminaldi), Naples (Caracciolo, Maître de l’Emmaüs de Pau). D’une certaine façon, peut-être parce que plus disponibles sur le marché, les tableaux les plus surprenant reviennent à des personnalités provinciales, excentriques : deux Tanzio da Varallo, six Vermiglio (ill. 1), deux Paolo Ghidotti, Biaggio (?) Manzoni (ill. 2).

Parmi les épigones étrangers, on remarque des grands formats par les nordiques Mathias Stomer (trois, dont la Flagellation du Christ), Honthorst (Mort deSainte madeleine), des retables de Dirck van Baburen, Jan van Houbracken, deux superbes Nicolas Regnier, Finson, Douffet…. Pour les français, Vignon, Simon Vouet (3), Tournier (ill. 3)…

Cette manifestation dévoile quelques toiles inédites : l’Ivresse de Noé de Carlo Saraceni, Saint Pierre et saint Paul de Baglione , l’Amour à la Fontaine de Cecco da Caravaggio ou Le Christ et les docteurs d’Antiveduto Grammatica… Dans plusieurs cas, il s’agit d’une seconde version, de répliques présentées comme autographes. Certaines attributions seront peut être modifiées dans l’avenir, d’autres devront être précisées puisqu’on compte une dizaine d’anonymes, certains fort intrigants (ill. 4). L’ensemble demeure cependant inégal. Certaines peintures sont de purs chefs d’œuvre d’émotion avec cette poésie unique au caravagisme, mélange de trivialité et de raffinement pictural. D’autres, si elles paraissent autographes, sont peu attirantes, parfois à cause de leur état de conservation (surtout lorsque la sous-couche brune est remontée), soit parce qu’elles accusent des faiblesses, qu'il s'agisse d’œuvres de jeunesse encore non complètement maîtrisées, qu’elles reviennent en partie à l’atelier, ou qu'on soit face à de lacunaires fragments sauvés par la restauration.
Luigi Koelliker a constitué une vraie collection d’art de haut niveau, où l'on trouve aussi une multitude de tableaux d’amateur, acquis pour les sauver, ou les garder en Italie, et pour lesquels les recherches d’attribution devront se poursuivre. Ce à quoi contribue le catalogue rédigé par Gianni Pappi. Depuis 15 ans, à force d’articles, de monographies, de découvertes d’archives et de réattributions, cet historien a complètement revisité les corpus de la plupart des protagonistes de ce mouvement. Les notices lui servent à défendre et à développer avec brio ses points de vues, par des comparaisons acrobatiques et séduisantes, n’hésitant pas parfois à démonter quelques certitudes du temps des livres de Longhi et Nicholson. Depuis 2000; il a complètement redéfini le catalogue de José de Ribera et reconstitué les dix années de son séjour à Rome, notamment en lui rendant les œuvres connues sous le nom du Maître du jugement de Salomon. L’exposition en propose quatre, un peu disparates. (Michel de Piles, www.latribunedelart.com)

1.Koelliker, qui a parfois évoqué l’idée de créer une fondation à Milan, a pu ainsi acquérir, en 2002, la collection de l’historien d’art Eduard A. Safarik.
2. Catalogue de l’exposition The International Caravaggesque MovementDutch, French and Flemish Caravaggesque Paintings From the Koelliker Collection , Londres, Galerie Robiland-Voena, 20 juin au 15 juillet 2005.
Catalogue de l’exposition Maestri del '600 e del '700 lombardo nella Collezione Koelliker , par Francesco Frangi et Alessandro Morandotti, Milan, Palazzo Reale, 1avril au 2 juillet 2006. Milan, Edizioni Gabrielle Mazzotta, 2006.
Il y a deux ans, le Palais d’Ariccia avait déjà présenté, Mola e il suo tempo. Pittura di Figura a Roma dalla Collezione Koelliker, du 22 janvier au 23 avril 2005
Au printemps dernier, Sao Paolo accueillait l’exposition Luz e Sombra na Pintura Italiana - Entre o Renascimento e o Barroco , pinacothèque nationale du 4 mai au juillet 2006.
Voir les articles Caravaggio y la pintura realista europea et Guercino poesia e sentimento nella pittura de '600
3. Ces attributions seront très discutées. L'avis de Paola Pacht-Bassani n'est cité que pour un portrait, dont rien ne prouve que le modèle soit Simon Vouet, et pas pour les deux autres peintures inédites. Quand au Vouet, il s'agit encore une fois d'une Sainte Catherine à mi-corps qui, malgré une composition totalement différente, pose des problèmes semblables à ce même sujet traité dans la version récemment réapparue aux USA. Peut-on imaginer que sa femme, Virginia da Vezzo, soit l’auteur de plusieurs œuvres de cette série, par comparaison avec son seul tableau sûr, la Judith, connue anciennement et passée en vente le 7 juin 2006 à Milan (Christie’s). La notice approfondit la réflexion sur la collaboration entre Orazio Gentileschi et Vouet, sur le célèbre David de la Galerie Spada à Rome.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité