Tamara de Lempicka (1898-1980), Portrait de madame G, vers 1930, huile sur toile. 41 x 33 cm. Estimation : 200 000/300 000 €.

On se souvient des 1 950 000 F (375 355 € en valeur réactualisée) qu’avait recueilli son huile sur panneau Idylle. C’était le 2 juillet 1991, à Drouot-Montaigne, à l’occasion de la dispersion de la collection Alain Lesieutre. Deux toiles sont aujourd’hui proposées : une Composition abstraite, vers 1953, et ce Portrait de madame G. au regard "dirigé vers un ciel intérieur", comme l’écrit Alain Blondel dans son catalogue raisonné. Nous sommes dans les années 1930. Tamara Gorska, originaire de Varsovie, devenue en 1916 l’épouse du jeune avocat russe Tadeusz Lempicki, a fui la révolution russe et a trouvé refuge à Paris. À l’académie de la Grande Chaumière, elle a pour professeur André Lhote. Le succès ne se fait pas attendre et, vers 1925, son oeuvre se partage entre nus et portraits, au style sculptural reconnaissable entre tous - fort prisé de la bohème parisienne. Les visages élégants et froids semblent déborder du cadre, les corps charpentés et sensuels emplissent tout le tableau. Les messieurs sont riches ou célèbres, voire les deux à la fois, les dames issues de la jet-set et, surtout, symboles de l’émancipation de la gent féminine avec leurs cheveux courts. "Je veux qu’au milieu de cent autres, on remarque une de mes oeuvres au premier coup d’oeil", disait-elle. Souhait exaucé pour cette artiste au tempérament de feu, qui souhaita qu’après sa mort, ses cendres soient dispersées au-dessus du volcan Popocatépetl, au Mexique, où elle vivait.

Vendredi 14 décembre, salle 10. Maigret (Thierry de) SVV. Cabinet Maury