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Alain.R.Truong
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18 décembre 2007

Rare Canapé à châssis d'époque Louis XV attribué à Nicolas Heurtaut, vers 1745

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Rare Canapé à châssis d'époque  Louis XV attribué à Nicolas Heurtaut, vers 1745

En bois sculpté et doré, le dossier mouvementé à décor de rocaille et guirlandes de rose, les accotoirs à motif de volutes de feuillage et godrons rocaille, la ceinture surmontée d'un ruban tors en frise, ornée de cartouches rocaille sur fond de résille et fleurs en agrafe, reposant sur huit pieds, garniture de velours de soie corail ancien, marqué au crayon gras bleu 7164583, le bout du pied arrière droit manquant - Hauteur : 105 cm. (41 3/8 in.), Largeur : 170 cm. (67 in.), Profondeur : 74 cm. (29 1/8 in.) - Estimé 250,000 - 400,000 Euros

Provenance : Acquis auprès de Seligmann et Cie. par M. René Smadja.
Duc et duchesse de Windsor, à Paris, 24 boulevard Suchet.

Notes : Ce canapé est un exemple accompli de l'art rocaille sous Louis XV. Très certainement conçu d'après le dessin d'un peintre ornemaniste, sa forme insolite suit très probablement les courbes d'une boiserie dont les contours répondraient aux lignes du dossier. A titre d'exemple signalons le projet pour une bibliothèque, vers 1735-1740, imaginé par Nicolas Pineau (1684-1754) illustrant un canapé dont la forme est assujettie à la traverse d'en bas des glaces, selon la formule de Blondel en 1737, conservé au Musée des Arts Décoratifs à Paris (voir ci-contre). Un autre exemple est l'ensemble du salon d'Abondant, conservé au musée du Louvre à Paris, illustré dans Bill G.B. Pallot, Le Mobilier du Louvre, Tome 2, Editions Faton, Dijon, 1993, pp. 66-68.

Le dessin sinueux du canapé est ici servi par le décor de courbes et contre-courbes, de cartouches asymétriques et de volutes animées de branchages fleuris et de rocaille. Les dessins de fantaisie, tel que celui illustré ci-contre, en sont la source de façon évidente. Alors que le rocaille est à la mode, les peintres ornemanistes rivalisent d'ingéniosité en reproduisant et travestissant la nature dans ce qu'elle a de plus organique et torturée. Ils créent alors des compositions extravagantes, sources d'inspiration inépuisables pour les artisans.

Cependant, rares sont les exemples traduisant aussi habilement l'imagination fertile régissant ces dessins que les artisans, pour la plupart, se contentaient d'interpréter avec mesure ne serait-ce que pour des questions pratiques de construction et de solidité.

Le présent canapé reflète l'esprit de Juste-Aurèle Meissonnier (1695-1750) et notamment le canapé qu'il dessina pour le comte Bielenski, illustré dans ses Oeuvres, publiées par Huquier en 1735. Né à Turin, il devint orfèvre du roi Louis XV en 1724 puis succède à Jean II Bérain, premier dessinateur de la chambre et du cabinet du Roi. Cependant des éléments tels que le cartouche ailé du centre de la ceinture rappellent plutôt les oeuvres de Nicolas Pineau (1684-1754).

Les canapés présentant une telle virtuosité sont rares. Commandes particulières pour des personnages importants, signalons cependant des exemples comparables, à châssis, datant de l'époque Louis XV:
- Vente Christie's Londres, collection Barbara Piasecka Johnson, le 11 juin 1992, lot 150 (GBP 132.000). Celui-ci légèrement antérieur au nôtre combine des éléments décoratifs encore Régence tels que lambrequins et fond quadrillé à d'autres annnoncant le rocaille tels qu'enroulements de fleurs, rinceaux de feuillage et dragons soulignés par une frise de perles. Il est en suite avec un ensemble provenant d'une part des collections de Madame Arturo Lopez-Wilshaw et du Baron de Rédé et d'autre part de la collection de Lord Wharton, vente Christie's Londres, le 19 avril 1970, lot 62, aujourd'hui conservé dans la chambre du Roi à Versailles, illustré dans P. Arizzoli-Clémentel, Le Mobilier de Versailles, Tome 2, Editions Faton, Dijon, 2002, p.178.

- Ancienne collection de M. et Mme René Grog-Carven, un canapé à la Reine - celui-ci n'est pas à châssis - aujourd'hui conservé au Musée du Louvre, illustré dans Bill G.B. Pallot, Le mobilier du Musée du Louvre, Tome 2, Editions Faton, Dijon, 1993, p. 48, n° 12. Bien que moins exubérant, le décor présente des similitudes avec le nôtre, notamment le décor rocaille des accoudoirs ou les cartouches asymétriques de la ceinture. Il est en suite avec un canapé plus grand passé en vente à Monaco, Sotheby's, le 5 février 1978, lot 67 puis Christie's Londres, le 3 juillet 1986, lot 81.

- Paris, Musée des Arts Décoratifs, canapé attribué à Nicolas Heurtaut, vers 1745 illustré dans Bill Pallot, L'Art du siège au XVIIIème siècle en France, Editions ACR, Paris, 1987, p. 227.

- Collection Antenor Patino, vente à Paris, Palais Galliera, étude Ader Picard Tajan, le 6 juin 1975, lot 102 puis vente Christie's Londres, le 19 mai 1983, lot 77. Ce canapé est estampillé de Nicolas Heurtaut et date sans doute du début de sa carrière de menuisier vers 1753. Il était sans doute destiné à être placé dans une niche.

Un canapé analogue dans sa description permettrait de supposer que le nôtre provient de la collection de Madame Declat, vente à Paris, hôtel Drouot, le 25 avril 1911, lot 260.

Nicolas Heurtaut
Fils d'un sculpteur en sièges, Nicolas Heurtaut entra à l'Académie de Saint-Luc en 1742 et débuta sa carrière en tant que sculpteur et ceci jusqu'en 1753, date à laquelle il est reçu maître-menuisier. Cette particularité marquera profondément son oeuvre. La virtuosité des sièges sortis de son atelier en fait des sculptures à part entière. Formé et conquis par le rocaille, Heurtaut n'abandonnera jamais ce style qu'il interprètera avec prédilection pendant toute une partie de sa carrière pour ensuite en donner une version plus assagie. Son talent pour créer des sièges littéralement enveloppés d'ornements s'enchaînant dans un même mouvement aura peu d'égal.

Bien que non estampillé, ce canapé, datant des années 1745, se rattache à son oeuvre par le brio de la sculpture. Sa richesse, son relief généreux, ses parties ajourées, la façon dont les motifs se suivent et se répondent, tout témoigne de son extrême habileté.

Christie's. COLLECTION DE MONSIEUR RENE SMADJA. 19 Décembre 2007. 9 avenue Matignon, Paris

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