Argenterie du Roy pour l’annee mill six cens dix./Maistre Pierre de La Bruyère Argentier, manuscrit, in-folio, 62 cahiers de feuilles de parchemin, reliure d’époque en parchemin à bords rabattus. Estimation : 40 000/50 000 €.

Au cours du XVII^e siècle, la Maison du roi prend de l’ampleur, pour atteindre son apogée sous le règne de Louis XIV. Chaque compte - chaque recette et, surtout, chaque dépense - doit être dûment noté. Ces livres de comptes sont devenus des documents précieux, car fourmillant de détails et donnant un état nominatif complet des maisons du roi et de la reine. En témoigne ce manuscrit de 492 feuillets écrits recto et verso pour l’an 1610, certes fertile en événements. Le 13 mai de cette année-là, Marie de Médicis est sacrée reine à Saint-Denis ; le lendemain, Henri IV est assassiné, sa dépouille exposée pendant dix-huit jours. Les funérailles ont lieu le 29 juin, à Notre-Dame, où le corps est porté en procession, puis un cortège solennel se dirige vers l’abbaye royale de Saint-Denis, où l’inhumation eut lieu le 1^er juillet. Enfin, Louis XIII est déclaré roi à Reims, le 17 octobre. À la suite de deux octrois de la charge de premier gentilhomme à MM. de Souvré et Concini, le manuscrit commence le "compte de Maistre Pierre de La Bruyère conseiller et argentier du roy des receptes et despences par luy faictes a cause de lordinaire et extraordinaire de l’argenterie dudict seigneur commencée le premier jour de janvier mil six cens dix et finie le dernier jour de decembre"... On apprend ainsi que Pierre Robin, marchand de draps de soie, est l’un des fournisseurs les plus fréquents de la maison royale. Un certain Guillaume Tourneminne, pelletier, figure quant à lui dans l’"ordinaire pour la personne du feu roy dernier décédé"», de janvier au 14 mai, "pour avoir fourré de martre subeline fort belle une paire de gandz parfumez...". Pour le sacre de Marie de Médicis, notre Pierre Robin reçoit plus de 113 000 livres pour "le grand manteau royal", les "«manteaux de Madame, de Madame Chrestienne, de la Reine Marguerite"», des dix princesses et duchesses, etc. On découvre encore "la seigneure Mathurine" (folle du roi), un "sieur Marin nain de la Royne portemanteau de Sa Majesté", entre autres. On retrouve d’ailleurs son nom avec celui de Jehan Royer pour les obsèques d’Henri IV. Tous deux sont chargés des vêtements de deuil de la maison du roi, une liste comprenant plus de 1 500 noms avec leur fonction et le détail des tissus délivrés. Terminons par la description de la couronne, réalisée par l’orfèvre Albin du Carnoy : "dor aux fleurs de lis et fleurons (...) esmaillée de plusieurs couleurs avec plusieurs pièces appliquées". La dépense totale de l’année se monte à 688 071 livres, cependant plusieurs dépenses détaillées dans le registre ne sont pas comptabilisées, n’ayant pas été payées... "faulte de fondz". www.gazette-drouot.com

Jeudi 20 mars, salle 2. Piasa SVV. M. Bodin.