Bouillon couvert et son présentoir en porcelaine blanche de Chine, époque Kangxi, monture en argent Paris, 1725, maître-orfèvre Pierre Loiseau, h. 18,5, diam. 23 cm. Estimation : 30 000 €.

Dans la famille Machault d’Arnouville, on connaît le fils Jean-Baptiste, l’homme des finances du règne de Louis XV, garde des Sceaux puis ministre de la Marine, protégé de la Pompadour, néanmoins disgracié en 1757 par ladite marquise... Un grand collectionneur devant l’Éternel. Ses oeuvres d’art réunies dans son château d’Arnouville et dans l’hôtel parisien de la rue du Grand-Chantier passaient pour être dignes d’un roi. En revanche, l’histoire est peu prolixe sur la figure paternelle. Louis Charles, surnommé "Machault coupe-têtes" en raison de son manque de fair-play dans la repression de la criminalité, fut lieutenant de police en 1718 et président du Grand Conseil en 1740. L’extrême sévérité dont fit preuve le zélé fonctionnaire contre la population canaille n’étant pas incompatible avec un certain amour de l’art. On lui doit en effet les premiers chefs-d’oeuvre de la collection familiale, le fameux pedigree Machault d’Arnouville, associé à des pièces d’une insigne valeur, dont certaines trônent aujourd’hui, après moult péripéties familiales, au château de Versailles, au musée des Arts décoratifs de Paris ou au Getty de Los Angeles. En avril 2003, la vente des bronzes de l’ancienne collection du fils Jean-Baptiste, notamment exécutés d’après des modèles de Jean de Boulogne, avait fait grand bruit à Paris (Beaussant - Lefèvre). En juin 2004, dans la capitale encore, le vase couvert en céladon vert d’époque Qianlong, de même provenance, serti d’une monture en bronze doré, avait frôlé le record mondial pour un objet en porcelaine monté, soit 1 520 000 € frais compris (Sotheby’s). Il s’agissait d’un présent de la marquise de Pompadour à son cher ministre de la Marine. Chez les Machault d’Arnouville, la passion des oeuvres d’art est donc une affaire de famille, comme l’atteste l’inventaire après décès de Louis Charles. Dressé le 15 mai 1750, il révèle déjà quantité d’objets d’art : consoles en porphyre, cabinets "de la Chine", tapisseries et commodes d’ébène, ainsi que cette «écuelle couverte montée en doublé d’argent avec son assiette bordée d’argent, ladite écuelle de porcelaine blanche prisée cent vingt livres". Une coquette somme pour l’époque, supérieure à une pendule de Gaudron, estimée, en ce temps là, quatre-vingts livres... Les porcelaines chinoises sont alors aux arts décoratifs ce que le grand équipage est à la vénerie : le parangon du bon goût. Ici, un blanc de Chine produit par les ateliers de Dehua dans la province Fujian, réputés pour leur couverte d’un blanc immaculé. La monture aux chimères, exceptionnelle, est due au maître orfèvre Pierre Loiseau, l’argent étant alors l’exclusivité des pièces les plus précieuses, destinées aux souverains ou à leurs ministres... Royal ! www.gazette-drouot.com

Dijon. Samedi 5 avril. Vrégille Bizoüard SVV. MM. Bacot et de Lencquesaing.