Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 50 901 470
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
6 novembre 2008

De Pavlovsk, Paire de candélabres "aux enfants chasseurs", bronze ciselé et doré au mat, fin du XVIIIe siècle

2

Paire de candélabres "aux enfants chasseurs", bronze ciselé et doré au mat, fin du XVIIIe siècle, 40 x 21,5 cm. Estimation : 80 000/100 000 €.

Après avoir parcouru ces chemins délicieusement ponctués de petits temples romains, croisé dans ce parc à l’anglaise des muses à la beauté d’airain, nous voilà sur l’allée centrale, face à la silhouette palladienne de Pavlovsk. Ah, Pavlovsk ! Ce palais d’été dessiné par Cameron et Brenna pour Paul Ier et Maria Feodorovna, dont le seul nom fait rêver ! Imaginez un Petit Trianon slave perdu dans 600 hectares de forêts apprivoisées, au bord de la rivière Slavianka. En 1777, la Grande Catherine fit présent du domaine situé à quelques kilomètres seulement de son palais de Tsarskoïe Selo à son fils Paul, pour le remercier de lui avoir donné un héritier, le grand-duc Alexandre. Loin du coeur, mais près des yeux ! Le couple créa Pavlovsk à son image, une demeure néoclassique plus intime qu’impériale, peuplée des souvenirs de leur fameuse promenade à travers l’Europe, en 1781 et 1782. Un pèlerinage qui aiguisa leur goût. Tous deux amateurs d’art, le comte et la comtesse du Nord - leur nom d’emprunt lors de ce voyage - rapportèrent quantité de meubles et d’objets sans jamais "épargner la dépense afin de rendre cette promenade aussi brillante que profitable". Ce qu’ils firent admirablement ! Copies de marbres antiques réalisées à Naples, tapisseries des Gobelins, soieries lyonnaises, porcelaines de Sèvres rapportées du royaume de France… Pavlovsk est un véritable musée du goût européen. Le palais abrite de surcroît l’une des plus belles collections de bronzes dorés français, dont le couple impérial raffolait. Ce qui, vous vous en doutez, nous mène finalement à nos deux candélabres aux enfants chasseurs, commande du tsar. Pour la petite histoire, leurs pendants se dressent aujourd’hui à l’entrée des appartements de la grande-duchesse, dans le salon de la Paix. Un mémoire de livraison du 13 août 1798 nous apprend que le négociant André Scholtzen fournit au château Michel de Saint-Pétersbourg - où Paul Ier ne vécut finalement que quarante jours - "deux girandoles à trois lumières représentant des enfants nus portant des cors de chasse". Le reçu est de la main même de Vincenzo Brenna, architecte du tsar. En 1801, à la mort de Paul Ier, Maria Feodorovna, qui avait une tendresse particulière pour Pavlovsk, y fit à nouveau livrer nombre de bronzes. On sait aussi qu’après la révolution d’octobre, dans les années 20 et 30, le gouvernement soviétique préleva de nombreux objets d’art provenant des palais impériaux pour les vendre, à Leningrad ainsi qu’à Berlin, lors des fameuses ventes Rudolph Lepke. C’est vraisemblablement de la sorte que les pendants des amours de Pavlovsk, nos deux chérubins pris dans le grand tourbillon du siècle, nous seraient parvenus. Ainsi parfois se dénoue le fil rouge et or de l’histoire !

Vendredi 21 novembre. Paris, Drouot - salle 1. Néret-Minet - Tessier SVV. M. Guillais.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité