La collection mise aux enchères chez Sotheby’s est celle d’un couple de passionnés installé dans le Sud de la France, féru d’objets et de meubles de la période du Moyen-Age et de la Renaissance. Commencée dans les années 1950, la collection s’est ainsi étoffée un peu plus chaque année, avec un goût particulier pour les coffrets en bois et en ivoire dont elle renferme de magnifiques exemples.

LES COFFRETS

Un important coffret en ivoire à décor peint, estimé 100 000-150 000 €* (Lot 5), véritable objet de luxe, existe en plusieurs exemplaires dans les grandes collections privées, telle la collection Frey, vendue à la Galerie Charpentier le 13 Juin 1933, ou publiques tels le Musée National du Moyen-âge de Paris (Musée de Cluny), le Museo Civico de Turin et la Walters Art Gallery de Baltimore. Le décor peint de motifs inspirés de l’art islamique, d’entrelacs et de hérons tenant un poisson dans leur bec, se détache de l’ivoire avec une grande élégance. Ce magnifique objet, issu de l’art siculo-arabe du XIIe siècle, a été réalisé par des artisans musulmans de Sicile, alors sous domination normande à l’époque de Roger II (1130-1154).

Parmi les autres coffrets, on distingue une boîte ovale vénitienne en ivoire peint du XVe siècle remarquable par son décor très raffiné (Lot 40, estimé 12 000-18 000 €).

Un bel exemple de travail allemand du XVe siècle est un coffret miniature en bois fruitier, dit « Minnekästchen » provenant du Haut-Rhin (Lot 39, estimé 6 000 à 8 000 €). Des traces de polychromie subsistent, mettant en valeur ce décor de bestiaire mêlant des animaux réels et fantastiques.

Le travail de l’ivoire est aussi très remarquable avec la belle boîte à jeux en bois et ivoire, Flandres, deuxième tiers du XVe siècle (Lot 16, estimation 6 000-8 000 €). Deux exemplaires au décor similaire à celui-ci sont conservés au Musée du Louvre. Elle est entièrement décorée de scènes de genre sur le couvercle (jongleurs, musiciens, danseuse), et sur les côtés tandis que le fond est orné d’un jeu de dames en bois noirci et ivoire.

UN IMPORTANT AQUAMANILE, LÜBECK, XIVE SIECLE

Ce rare objet d’art en bronze, estimé 100 000 à 150 000€ (Lot 19), sera sans doute le plus attendu de la vente. En forme de lion, il a été créé à Lübeck au milieu du XIVe siècle par un artiste travaillant dans l’entourage de Johannes Apengeter, qui dirigeait un atelier de fonte entre 1332 et 1350. L’aquamanile présenté chez Sotheby’s, typique par sa forme et son décor de l’Allemagne du Nord, et plus particulièrement de la Basse-Saxe, est à rapprocher de l’exemplaire du Nationalmuseet de Copenhague. Il se présente sous forme d’un lion à la crinière aux traits profondément incisés. La gueule est grande ouverte, les crocs sont plantés dans le corps d’un quadrupède à la queue enroulée dont la tête forme le bec verseur. D’autres animaux forment le reste du corps : un basilic pour l’anse et une tête de dragon à l’extrémité de la queue du lion. Destiné à l’origine aux prêtres pour purifier les mains avant l’Eucharistie, il devient un objet profane réservé aux tables princières.

TAPISSERIES MILLE FLEURS

La vente proposera deux fragments de tapisserie dite Mille Fleurs dans les années 1450-1460. Si ce style décoratif était produit essentiellement dans le Nord de la France et dans les Flandres (Arras, Lille, Tournai ou Bruges), c’est à Bruxelles que les artisans liciers excellaient. Le style décoratif qui apparaît dans les années 1450-1460 se popularise au cours du XVIe siècle.

Le premier fragment a été réalisé en Flandres, vers 1500-1530 (Lot 6, estimé 30 000-45 000 €). On y voit un décor aux nombreuses variétés de plantes (oeillets, narcisses, lys, rosier blanc) et quelques animaux (faucon, chien, perdrix, singe…). Ce modèle est à rapprocher de l’exemplaire de plus grandes dimensions du Minneapolis Institute of Art, et de celui du Rijksmuseum d’Amsterdam ainsi que celui, conservé au Victoria and Albert Museum, ornée des mêmes motifs sans le rosier.

Le deuxième bel exemple du savoir-faire de l’Europe du Nord date du XVIe siècle (Lot 31, estimé 30 000-40 000 €) diffère du précédent car il ne présente qu’un décor de bouquets de fleurs polychromes disposés à intervalles réguliers, en bandes verticales sans animaux.

OBJETS D’ART

Un exceptionnel seau en cristal de roche orné de masques en or émaillé se distingue par sa finesse d’exécution (Lot 52, estimé 15 000-20 000 €). Réalisé à Milan au début du XVIIe siècle, il gravé d’un décor d’une grande délicatesse représentant Orphée jouant de la viole assis sous un arbre sur une face et chevauchant un dauphin sur l’autre.

Au lot 21 figure une grande Vierge de l’Annonciation en bois polychrome réalisée vers 1520 aux Pays-Bas (Estimation : 7 000-10 000 €). Elle se distingue par la finesse des traits d’exécution, en particulier dans le traitement de la chevelure et de la robe. La particularité de cette statue tient à la représentation du commanditaire, agenouillé sous le pupitre.

Exposition du jeudi 20 novembre au lundi 24 novembre de 10h à 18h (dimanche excepté) - Vente le 25 Novembre 2008