Pablo Picasso, Portrait de mousquetaire, sur sa toile d’origine, 65 x 54 cm. Estimation : 1,5/2 M€.

À tout seigneur, tout honneur, commençons avec le tableau figurant en couverture du catalogue : une vue de Londres, Marble Arch du Norvégien Fritz Thaulow (30 000/40 000 €). Si l’oeuvre n’est pas datée, on sait que l’artiste, beau-frère durant quelques années d’un certain Paul Gauguin, séjourne sur les bords de la Tamise en 1892. Son succès est établi depuis les années 1880, tant en Norvège qu’en France, où il s’est fixé. Les paysages de ce pleinairiste sont appréciés tant en Scandinavie qu’à Paris, où son impressionnisme proche de celui de Whistler lui vaut un accueil enthousiaste. De 1890 à sa mort brutale, en 1906 au cours d’un voyage en Hollande, Thaulow envoie régulièrement des tableaux aux expositions de la Société nationale des beaux-arts, la plupart représentant des vues de Dieppe - cité à la mode où il s’est installé avec sa famille - des paysages de Normandie ou de la Seine aux différentes saisons. Une autre toile de l’artiste prend le chemin des enchères : un Paysage enneigé non signé, mais également sur sa toile d’origine (40 000/50 000 €). Tous deux, ainsi qu’un Bouquet de fleurs d’Albert Lebourg (10 000/12 000 €) et un Bord de rivière d’Henri Lebasque (35 000/45 000 €) ont appartenu à la collection d’Isidore Montaignac (1851-1924). Personnalité réputée du marché de l’art jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’homme a commencé sa carrière comme marchand de rubans. Préférant les tableaux aux colifichets, il se lance dans l’art en devenant administrateur de la célèbre galerie Georges Petit, puis chargé des relations internationales avec les succursales de cette dernière à l’étranger. En 1905, aux côtés du collectionneur et mécène Calouste Gulbenkian, il est l’un des principaux actionnaires de la galerie ouverte par son neveu et un ancien vendeur de chez Georges Petit, rue de Sèze, à deux pas de la Madeleine. Albert Lebourg ou Fritz Thaulow font partie des peintres que les galeristes soutiennent et exposent. À soixante-six ans, Montaignac se retire des affaires. Il se sépare alors d’une importante partie de son stock, lors d’une mémorable vente aux enchères les 3 et 4 décembre 1917, à la galerie Georges Petit bien sûr ! Autre époque, autre ambiance, en compagnie de Pablo Picasso, dont un Portrait de mousquetaire daté du 4 avril 1967 est la vedette de cette dispersion (voir photo). Le tableau a figuré dans la succession du Malaguène, puis a appartenu à sa petite-fille Marina, au marchand genevois Jan Krugier, enfin à une collection privée de Mexico dont il est issu aujourd’hui. Cette oeuvre appartient à la série dite "des Mousquetaires", réalisée dans les années 1967-1970. C’est sans conteste chez Rembrandt et les peintres de l’âge d’or espagnol, Vélasquez en tête, que Picasso puise son inspiration pour peindre ces portraits d’hommes à la moustache retroussée, chevelus et perruqués, parfois même chapeautés. À ces modèles imaginaires, l’artiste juxtapose parfois le portrait de certains de ses amis, ou même le sien. Qu’en est-il de celui-ci ? Si le mystère reste entier, la somme à prévoir pour se le voir adjuger, elle, se situe entre 1,5 et 2 M€. Affaire à suivre !

Vendredi 28 novembre, salle 1 - Drouot-Richelieu. Millon & Associés SVV. Mmes Marzet, Ritzenthaler, M. Mostini.