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Alain.R.Truong
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13 avril 2009

La collection d’un amateur japonais, Makoto Kitani @ Alde - Paris

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Makoto Kitani 1953-2008)

Il n'est pas exagéré de dire de Makoto Kitani que toute sa vie a été consacrée au livre. Dès sa jeunesse familiarisé avec la poésie moderne française, il fut particulièrement admirateur de Baudelaire. Grâce aux livres, il a effectué des recherches sur l'époque où Baudelaire vivait, et il était heureux d'en comprendre son univers esthétique et de le partager. Il avait baptisé sa demeure « Maison Joujou » 玩具荘 (gangou-so) et la bibliothèque contenant ses livres occidentaux « Bibliothèque de la Maison Joujou ». D'après le nom de la villa de la mère de Baudelaire à Honfleur.

Son initiation à Baudelaire a commencé par Meryon, ce qui l'a conduit au fil du temps à l'époque des grands bibliophiles. Il a été profondément ému par la noblesse d'esprit de ces gens qui portaient une passion infinie à la création de beaux livres. De par les points communs de leur fonction, il devait se sentir familier de gens comme Nodier ou Asselineau. Ceux-ci partageaient avec Beraldi le privilège d'être considéré par Kitani comme des maîtres excellents empreints d'amour et de respect pour les livres. Sous leur conduite, par-delà le temps et l'espace, dans son salon de Tsukuba, si loin de la France, il a ainsi accueilli des invités prestigieux. Descamps-Scrive, Beraldi, et un peu plus tard, Grolier. Bien sûr à la place d'honneur. Il avait aussi rendu visite à Marius-Michel. Ils ont dû converser autour des livres en échangeant des propos animés.

On peut dire que Makoto Kitani a passé sa vie à rassembler des livres, à en écrire et à en publier, et tous ses ouvrages, conformes en cela à la sévère loi des bibliophiles, tenaient compte du fait que celui qui ne possède pas le livre ne peut en parler. Si on lui avait demandé s'il se considérait comme un bibliophile il aurait sans doute rougi, mais Kitani est sans aucun doute la première personne du Japon à incarner l'esprit des grands bibliophiles français dont il a hérité. On peut dire que sa réputation est grande. Tokyo, janvier 2009. Toshio Ohie, éditeur-relieur

Les masterpieces de la vente:

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AMBROISE (Saint). [Omnia quotquot extant opera. Bâle (Hieronymus Froben et Nicolas Episcopus), Froben, 1538].

In-folio, veau havane, plats ornés d'une importante composition géométrique du type losange rectangle réalisée par la combinaison de deux rectangles et d'un losange formés d'un double jeu de deux filets s'entrecroisant, courbes et cintrés aménageant des croissants évidant les angles du rectangle extérieur pour recevoir un fleuron tripartite, important compartiment quadrilobé au milieu des plats, sur le plat supérieur le titre de l'ouvrage et sur le bord inférieur le super libris : IO. GROLIERII ET AMICORUM ; au plat inférieur sur le même compartiment la devise PORTIO MEA DOMINE SIT IN TERRA VIVENTIUM ; entourant la grande composition des plats filet serti de motifs feuillagés, au milieu, aux bords et aux angles petits entrelacs, étoiles et fers aldins disposés sur le champs, traces d'attaches, dos orné de filets et fleurons, tranches dorées. Estimation : 20 000 / 25 000 €

Second tome seul de la monumentale édition des oeuvres complètes de saint Ambroise, évêque de Milan (vers 330-397), revue et corrigée par Erasme et parue à Bâle chez Froben, en 1538, en cinq volumes in-folio. La première édition des œuvres de ce père de l'Eglise avec les notes d'Erasme parut chez le même éditeur en 1527.
EXEMPLAIRE DE JEAN GROLIER (1479-1565) revêtu d'une extraordinaire reliure à décor d'entrelacs géométriques du type losange-rectangle exécutée entre 1540 et 1547 par le libraire et relieur parisien Jean Picard.
Reliure inédite, restée inconnue de tous les historiens du livre et des spécialistes de la reliure : Le Roux de Lincy, Shipman, Hobson père et fils, Michon, Brun, Guignard, Nixon, Austin... Jean Picard, de son vrai nom Jehan de Leschere, dict Picart, était l'agent parisien de Francesco Torresano d'Asola, le gendre d'Alde Manuce et directeur des presses aldines à Venise. Torresano mit à disposition de Jean Picard une boutique, rue Saint-Jacques, à l'enseigne de l'Ancre et du Dauphin, dont les comptes étaient contrôlés par Jean Grolier lui-même, chargé d'affaires françaises, entre autres, de l'illustre imprimerie vénitienne. C'est cette proximité qu'expliquerait selon Anthony Hobson la présence d'environ 230 reliures à décor d'entrelacs géométriques, majoritairement sur des éditions aldines, dans la bibliothèque de Grolier, et le rôle joué par Picard en qualité de fournisseur et relieur attitré du grand bibliophile. Jusqu'à une date récente ce type de reliures était attribué à l'atelier du relieur du roi Claude Picques. L'éminent A. Hobson propose désormais de lui enlever la paternité de toutes les reliures qui lui étaient attribuées et de donner à Jean Picard la direction de l'atelier aux entrelacs. La plupart des reliures à décor semblable au nôtre, à savoir des compositions géométriques entrelacées, sont ornées de motifs formés de trois filets, dont un écarté, tandis que notre reliure est presque la seule connue à présenter un double jeu de deux filets. Le seul autre exemple que nous pouvons citer de l'utilisation du double jeu de deux filets dans une reliure exécutée pour Grolier, se trouve dans le losange central d'une reliure de composition moins savante que la notre; elle recouvre les Antiquarum lectionum de Coelius Rhodiginus (Ricchieri) publiés à Bâle, chez Froben, en 1517, in-folio (Austin, n° 138.1, pl. III), ouvrage d'ailleurs dédié à Grolier par ce savant humaniste, qui reçut de nombreuses largesses et l'amitié du trésorier des finances. Les fleurons des angles, composés de la combinaison de trois fers (Nixon, Grolier, pl. C, n° 1, 2 et 3), se trouvent sur de très nombreuses reliures exécutées pour Grolier, notamment sur son Albert Pighius (Austin, n° 392.1), Savonarole (Austin, n° 147), Pline, Tacite et Maffeo Vegio (Shipman, n° 405, 501 et 522), Nicolas I pape (Austin, n° 345.1). La rosette placée dans la partie supérieure et inférieure du quadrilobe de notre reliure et le petit entrelacs des bords des plats (Nixon, Grolier, pl. C, n° 23 et 14) on les trouve réunis dans le Stephanus Niger (Nixon, n° 59, pl. LIII). Le fer compris dans le filet entourant la composition des plats (Nixon, Grolier, pl. C, n° 8a) se trouve dans Nicolo Leoniceno (Shipman, n° 269) et Tacite (Shipman, n° 501); on retrouve le fer aldin (Nixon, Grolier, pl. C, n° 12) dans le Lucien (Shipman, n° 300). CETTE ADMIRABLE RELIURE EXÉCUTÉE PAR JEAN PICARD POUR GROLIER au motif ornemental unique et heureusement décorée, frappée de son célèbre super libris et de sa devise, est restée inédite jusqu'à ce jour.
Ex-libris manuscrit du XVIIIe siècle en haut du titre non identifié. Travail de vers sur la marge inférieure du cahier k jusqu'à la fin du volume.
Mouillures claires sur la marge intérieure et sur la moitié de la page à partir du milieu du volume. Doublure et gardes renouvelées, coins restaurés, dos refait.
Quelques frottements sur les plats.

3

BAUDELAIRE (Charles). Les Fleurs du mal. Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857

In-12, maroquin olive, encastré dans le premier plat cuir incisé teinté et rehaussé d'or représentant une femme nue allongée, sous lequel on peut lire trois vers extraits du recueil estampés à froid, cadre de maroquin intérieur, double filet, doublure et gardes de faille mordorée, tranches dorées sur témoins, couverture, chemise demi maroquin brun à recouvrement, étui (Marius ). Estimation : 15 000 / 20 000 €

Édition originale.
Exemplaire complet des 6 pièces condamnées. Après le célèbre procès qui mit 6 pièces à l'index, la plus grande partie de l'édition (1300 exemplaires), sortie depuis 6 semaines, était déjà écoulée, et il ne restait que quelque 230 exemplaires en magasin auxquels on dut prélever les pièces incriminées.
TRÈS BEL EXEMPLAIRE DANS UNE RELIURE DE MARIUS MICHEL, ornée d'un cuir incisé illustrant une strophe de l'un des poèmes condamnés, Les Bijoux : Elle était donc couchée, et se laissait aimer, Et du haut du divan elle souriait d'aise A mon amour profond et doux comme la mer Qui vers elle montait comme vers sa falaise. De la bibliothèque Antoine, Joseph et Pierre Dumas (I, 1998, n° 590).
Petit manque de papier à l'angle d'un feuillet.

00340m

BARBET DE JOUY (Henry). Les Gemmes et joyaux de la couronne. Paris, Chalcographie des musées impériaux, 1865

2 tomes en un volume in-folio, maroquin bleu nuit, important décor compartimenté mosaïqué de maroquin citron, rouge, vert, prune, mauve, etc., orné d'un grand lys central dont les feuilles et les boutons se développent dans les compartiments latéraux, dos orné des mêmes feuilles et boutons, doublure de maroquin havane mosaïqué d'un listel noir bordé de boutons de lys bleu sertis de filets dorés, gardes de soie brochée bleu gris, tranches dorées, emboîtage doublé de feutrine bordeaux (Marius Michel). Estimation : 12 000 / 15 000 €

60 planches dessinées et gravées à l'eau-forte d'après les originaux par Jules Jacquemart, chacune accompagnée d'une notice explicative de Barbet de Jouy. Premier tirage. Le succès de cette belle entreprise fut tel, écrit Béraldi (Graveurs du XIXe siècle, VIII, p. 203), qu'à peine étaient parues les premières feuilles de la publication, que l'érudition et le goût de l'écrivain, ainsi que le talent de l'artiste, donnaient comme un modèle à suivre, comme un type définitif du livre d'or des musées.
Très belle illustration d'un graveur aujourd'hui méconnu, dont Béraldi écrivaient dans le même ouvrage : L'un des plus étonnants graveurs à l'eau-forte de son temps, - et de tous temps, - créateur d'un genre nouveau, le rendu des objets d'art (p. 192). Une troisième partie prévue pour cet ouvrage ne vit pas le jour. Jacquemart mourut en 1880, à l'âge de 42 ans.
Exemplaire sur Hollande, auquel on a ajouté sur un feuillet de garde un billet de remerciement autographe signé de Jacquemart adressé à Michelin, lui faisant part de l'envoi d'un exemplaire de cet ouvrage.
TRÈS IMPORTANTE RELIURE MOSAÏQUÉE, COMPARTIMENTÉE ET «FLEURDELISÉE», RÉMINISCENTE DES RELIURES ROYALES DU SEIZIÈME SIÈCLE, EXÉCUTÉE POUR HENRI BÉRALDI. Elle a figuré à l'exposition rétrospective de Marius Michel au Palais des Beaux-Arts en mai-juin 1927 (n° 34). Cette reliure monumentale, chef-d'oeuvre de technique, est d'un dessin extrêmement proche d'une reliure que Marius Michel choisit de présenter à l'Exposition Universelle en 1900 (reproduite par Crauzat, pl. XVIII, sur Coppée, Le Passant, Magnier, 1897), reliure figuré depuis au catalogue de la bibliothèque Jean Borderel (1938, n° 52, avec reproduction) et P. Girard (Giraud-Badin, 1962, n° 66), et dans le catalogue Auguste Blaizot n° 317, n° 8686 avec ce commentaire : Cette reliure de Marius Michel est un des plus étourdissants chefs d'oeuvres du maître, on rapprochera également notre reliure avec celle du Pater de Mucha, de la bibliothèque Grandjean (Giraud-Badin, 7 mai 1969, n° 185, reproduction en couleurs). Des bibliothèques Henri Béraldi (IV, 1935, n° 8), avec ex-libris frappé en lettres dorées au bas du premier contreplat et exlibris gravé, Henri Petiet (I, 1991, n° 5) et Bernard H. Breslauer (1995, n° 9).
Manque le titre en rouge et noir de la seconde partie. Deux mors de l'emboîtage fendus. Reproduction en frontispice de cette partie.

a

HÉRÉDIA (José-Maria de). Les Trophées. Paris, Carteret pour René Descamps-Scrive, 1907

In-4, maroquin vert de cinabre, composition d'entrelacs de maroquin noir sur laquelle se greffe une composition florale mosaïquée de maroquin brun et sertie de filets dorés issue d'une branche de laurier centrale et de larges feuilles de maroquin rouge, au centre de la composition titre doré inscrit sur une languette à enroulements de maroquin fauve (au premier plat uniquement), dos orné de même, doublure de maroquin blond mosaïquée dans les tons de brun d'une bordure de listels enroulés et filets dorés sur laquelle s'accrochent de nombreux rameaux de lauriers, gardes de soie brochée vieil or, tranches dorées sur témoins, chemise demi-maroquin rouge à recouvrement, étui (Marius Michel). Estimation : 10 000 / 12 000 €

50 compositions de Luc-Olivier Merson, dont un frontispice, 16 à pleine page, 24 bandeaux et 5 vignettes gravées à l'eauforte par Léopold Flameng. Cette édition contient une préface et 2 sonnets inédits : Les Rostres et Un Nom.
EXEMPLAIRE UNIQUE SUR VÉLIN DU MARAIS, IMPRIMÉ SPÉCIALEMENT POUR RENÉ DESCAMPS-SCRIVE. IL CONTIENT UNE GOUACHE ORIGINALE, EN COULEURS ET OR, DE LUC-OLIVIER MERSON, monogrammée, intitulée Hommage à la poésie, accompagnée d'un envoi autographe daté de l'artiste : A Monsieur Descamps-Scrive En souvenir d'une cordiale collaboration Luc Olivier Merson Février 1910 On joint à l'exemplaire une lettre autographe timbrée, avec adresse au verso, de Merson à Descamps-Scrive, non datée [26 février 1910], concernant la petite dédicace qui doit ouvrir son exemplaire des Trophées et s'excuse de l'avoir fait attendre si longtemps étant accablé de travaux [...].
TRÈS IMPORTANTE RELIURE MOSAÏQUÉE SUR LE THÈME DES LAURIERS VAINQUEURS, AU CHIFFRE DE DESCAMPS-SCRIVE HABILEMENT INSÉRÉ DANS LES ENTRELACS DU DÉCOR. Des bibliothèques Descamps-Scrive (III, 1925, n° 137) et Henri Petiet (IV, 1993, n° 63).

Vente du Samedi 18 avril 2009. Collection d’un amateur japonais, Livres illustrés & Estampes. Alde - Paris

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