"1810, la politique de l'amour. Napoléon Ier et Marie-Louise à Compiègne"
Baron Gérard François, "Portrait en buste de l’Impératrice Marie-Louise", Huile sur toile, 0,65 x 0,535 m. Musée du Louvre, département des peintures, Paris © Rmn / Hervé Lewandowski
Première exposition en France évoquant Marie-Louise, Impératrice des Français, elle entend célébrer le bicentenaire du deuxième mariage de Napoléon Ier avec la jeune archiduchesse d’Autriche, petite-nièce de Marie-Antoinette. Elle relate l’arrivée romanesque de la nouvelle Impératrice au Palais de Compiègne, les fastes des cérémonies parisiennes du mariage et la lune de miel compiégnoise qui suivit. Plus de 200 oeuvres, cadeaux de mariage, commandes pour le trousseau de la souveraine et pièces de mobilier, ont été rassemblés : peintures, dessins, estampes, sculptures, objets d’art, costumes, soieries et bijoux... L’exposition a bénéficié de prêts exceptionnels nationaux (Louvre, Versailles, Fontainebleau, Fondations Napoléon et Thiers...) et internationaux (Italie, Suisse, Allemagne...).
"Arrivée de l'impératrice Marie-Louise dans la galerie du château de Compiègne le 27 mars 1810", Pauline Auzou, 1810, Huile sur toile, 1,12 x 1,50 m. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles © Rmn / Gérard Blot
Alexandre Menjaud, 1810, L’Impératrice Marie-Louise faisant le portrait de son mari Napoléon Ier, Huile sur toile, 0,72 x 0,59 m. Musée national du château, Fontainebleau © Rmn / Daniel Arnaudet
C’est au Palais de Compiègne que Napoléon Ier choisit d’accueillir sa seconde épouse, comme Marie-Antoinette l’avait été en 1770 par Louis XV et le dauphin, le futur Louis XVI. L’événement se déroule le 27 mars 1810 et, sur ordre de l’Empereur dont l’impatience bouscule le protocole, la rencontre officielle prévue à Soissons est annulée. L’exposition s’attache à montrer les somptueux aménagements du palais et du parc avant 1810 : commencés depuis 1807 sous la direction de l’architecte Louis-Martin Berthault, les travaux sont accélérés pour la venue de l’archiduchesse. De grands portraits des dignitaires de l’Empire sont présentés dans la nouvelle Galerie des Ministres (Prud’hon, Fabre, Lefèvre...), des toiles de grands maîtres de toutes écoles (Le Dominiquin, Patel, Flinck...) constituent la nouvelle Galerie des Tableaux de l’Impératrice et les célèbres marbres de Canova, sur le thème de Psyché et l’Amour, dont la version debout est exceptionnellement prêtée par le Louvre. L’ameublement, réalisé par les ébénistes Jacob-Desmalter et Marcion, ainsi que les envois de porcelaines de Sèvres, illustrent l’un des plus hauts moments des arts décoratifs à l’apogée du style Empire.
Antonio Canova, 1797, L’amour et Psyché debout, Marbre, H 1,45 m. Musée du Louvre, département des Sculptures, Paris © Rmn / Stéphane Maréchalle
Martin-Guillaume Biennais, 1810, Service à thé de Napoléon Ier et Marie-Louise, Argent doré, ébène, cristal, nacre, fanon de baleine. Musée du Louvre, département des Objets d’art, Paris © Rmn / Jean-Gilles Berizzi
Les fastes des cérémonies des mariages civil et religieux au Palais de Saint-Cloud puis au Salon carré du Louvre ainsi que les fêtes parisiennes organisées jusqu’au 1er juillet 1810, à l’image d’un Empereur au faîte de sa puissance, ont suscité une abondante iconographie (peinture de Rouget inspirée du Sacre de David, dessins de Zix et de Prud’hon, portraits par Gérard, Isabey...).
Georges Rouget, Mariage de Napoléon Ier et de l’archiduchesse Marie-Louise, Huile sur toile, 1810, 1,85 x 1,82 m. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles © Rmn / Gérard Blot
Pajou / Augustin, 1808, Portrait de Berthier, prince de Wagram, Huile sur toile, 2,15 x 1,33 m. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles © Rmn / Gérard Blot
Après les cérémonies de mariage, le séjour compiégnois se prolonge jusqu’à la fin du mois d’avril. Pendant un mois d’état de grâce, Marie-Louise impose à l’Empereur le rythme d’une vie paisible, lui faisant découvrir son goût pour les arts, la peinture, la musique et la broderie, tout en partageant avec lui les attraits de la chasse, évoquée par le grand papier peint des Chasses de Compiègne (musée de la chasse et de la nature, Paris). Napoléon Ier, très attentionné, est en permanence aux côtés de la jeune femme ; bien qu’intimidée, elle est séduite d’emblée par celui qu’on lui a pourtant décrit depuis toujours comme le « monstre corsicain ». Des oeuvres quasiment inédites, notamment le mobilier livré et commandé spécialement pour Marie-Louise (métier à broder, chevalet, bibliothèques de Jacob-Desmalter, toilette de Marcion...) ou des objets de son quotidien (nécessaire à broder, pharmacie de voyage, livres à ses armes, lettres inédites...) parlent de cet accueil exceptionnel.
Alexandre Maigret, Métier à broder de Marie-Louise pour Compiègne, Acajou, bronze ciselé et doré, velours de soie verte, 0,96 x 1,40 x 0,53 m. Musée national du palais impérial, Compiègne © Marc Poirier
François-Regnault Nitot, 1810, Parure de Marie-Louise, Or, micromosaïque de pâte de verre. Collier (0,45 m), peigne (0,141 m), deux bracelets (0,185 m), boucles d’oreilles (0,043 m). Musée du Louvre, département des Objets d’art, Paris © Rmn
Enfin, le Salon de 1810, qui constitue l’élément majeur et artistique de l’année, est évoqué dans l’exposition par un choix significatif de peintures (Aurore et Céphale de Guérin, Allégorie de la France de Franque, Napoléon et ses neveux par Ducis, L’Arrivée du couple impérial à Anvers par Crépin...), et de sculptures (Chaudet, Chinard, Moutoni...) illustrant les fastes de la nation.
Baron Pierre Narcisse Guérin (1774-1833), L’Aurore et Céphale, 1810, Huile sur toile, 2,545 x 1,86 m. Musée du Louvre, département des Peintures, Paris © Rmn / droits réservés
Thomire et Odiot, d’après Prud’hon, 1810, Corbeille de mariage, Bois et bronze doré, 1,70 x 1,35. Musée Lombardi, Parme © museo Glauco Lombardi - Parme
Au-delà de la portée politique de cette union dynastique par laquelle l’Empereur, en quête de légitimité, se crée des ancêtres, cette alliance avec la plus ancienne famille impériale régnante d’Europe est aussi perçue comme un acte politique de réconciliation, en expiation du crime commis sur Marie-Antoinette. Elle s’inscrit dans une période de paix de courte durée favorable aux commandes artistiques. La consolidation de l’Empire, à son apogée territoriale, s’incarne enfin avec la naissance du Roi de Rome en mars 1811, moins d’un an après le mariage. Elle est illustrée par le Portrait de l’impératrice Marie-Louise présentant le roi de Rome, de François Gérard, sur lequel se clôt l’exposition.
Jean-Baptiste Isabey, Portrait inachevé de l’Impératrice Marie-Louise, Aquarelle et mince de plomb, 0,25 x 0,145. Musée national du Château, Fontainebleau © Rmn / Gérard Blot
Atelier de Louis Hyppolite Le Roy, 1810, Fragment de la traîne de Marie-Louise, Soie brodée de fils d’or. Musée Lombardi, Parme © museo Glauco Lombardi - Parme
Manufacture impériale de la Savonnerie, Chaillot d’après Michel-Bruno Bellengé, Tapis turc à consoles, 1809, 4,21 x 3,60 m. Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, Rueil-Malmaison © Rmn
"1810, la politique de l'amour. Napoléon Ier et Marie-Louise à Compiègne". 28 mars – 19 juillet 2010. Musée national du Palais impérial de Compiègne, Place du Général de Gaulle, 60 200 Compiègne - 03 44 38 47 00