La Bataille d'Arques. Attribué à Adriaen van Stalbemt (1580-1662). Fin XVIe-début XVIIe siècles. Photo Kohn

Panneau parqueté. H. 41 cm, L. 51,5 cm. Restaurations

Bibliographie: Reproduit et répertorié dans Jacques Perot, Scènes de Batailles, Musée National du Château de Pau, Quinze années d'acquisitions, 1970-1984, éd. RMN, Paris, 1985, pp. 37-38, note 11 , reproduit fig. E

Ce panneau représente une scène de bataille mettant en exergue le Roi de France Henri IV sur un élégant destrier blanc au centre de la composition. Tout autour de lui, cavaliers en armure et chevaux cabrés ou à terre se combattent avec violence.
En arrière plan, dans des tonalités bleutées accentuant la profondeur, une architecture de ville symbolisant le territoire conquis par le Roi à ses ennemis. Toute l'intensité est concentrée sur la gloire du Roi victorieux présenté dans des tons clairs tranchant du reste de la composition.

Cette ville a été identifiée comme étant Arques où Henri IV dû affronter en septembre 1589 les Ligueurs dirigés par Charles de Lorraine, Duc de Mayenne.
Par la suite, dans un esprit de propagande politique, les victoires du Roi, alors calviniste, sur les Ligueurs, et d'une manière générale contre les opposants au pouvoir, seront représentées à la gloire de la Couronne.
En 1601, une série de dix scènes de bataille est réalisée pour la galerie de la Reine à Fontainebleau par Ambroise Dubois et Jean de Hoey et représentant d'après la description qui en a été faite par l'abbé Guilbert «… des prises de Villes, des Batailles et Victoires d'Henry le Grand, entre autres, celles de Coutras, d'Arques, d'Ivry, de Fontaine-Françoise, d'Honfleur, et la Reddition de Mantes et Vernon sur Seine… ».

La mode se répandit alors d'exposer des scènes de batailles dans les galeries des châteaux. Ainsi au château de Vizille, la galerie présentait « neuf tableaux représentant neuf sièges ou batailles sous le roi Henri IV » qui faisaient pendant à « dix autres tableaux représentant tous également autant de sièges et batailles sous le connétable Lesdiguières » réalisés par des artistes flamands.
De même, au château de Berny près de Sceaux, la galerie décorée pour les Brulart de Sillery renfermait trente trois grands tableaux sur bois dont la prise de Chartres, celle de Fère ou celle de Laon.

Le château de Grosbois, alors propriété du Duc d'Angoulême, Charles de Valois, fut décoré entre 1620 et 1624, de huit scènes de batailles par Horace le Blanc. Plus tard, il est mentionné dans les inventaires des collections de Louis XIV, la présence de « dix tableaux représentant plusieurs faits et actions militaires de Henri IV ».

Ces oeuvres furent sorties des listes du Garde-meuble après un don fait à Madame de Montespan pour son château de Clagny. Avec nos connaissances actuelles, il a pu être identifié douze scènes de batailles d'Henri IV dispersées dans des musées ou des collections privées. Certaines ont un format très proche (42 x 51 cm) comme le panneau que nous présentons, et qui sont conservées notamment à Chartres au Musée des Beaux Arts, à Versailles au Musée National du Château, à Pau au Musée National ou à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Certaines autres, au nombre de cinq, reprennent le thème de la bataille d'Arques (Versailles, Pau, Odessa, une en collection privée et notre version).

L'identification des peintres qui ont conçus ces oeuvres est très ardue, compte tenu de l'absence de signature. Par comparaison avec d'autres oeuvres, des noms ont été avancés, mais sans aucune certitude.
D'après de récentes recherches effectuées par Cécile Scaillierez, le tableau conservé à Pau serait de la main de Jacob Bunel (1558- 1614), Peintre à la Cour qui réalisa de nombreux portraits du roi et participa à l'embellissement de demeures royales, dont le Louvre.
Ce que l'on constate dans toutes ces représentations, c'est l'influence notoire de la manière flamande, notamment dans la mise en place de la scène principale, le goût du clair-obscur, les tonalités bleutées accentuant l'effet de perspective, le maniérisme des personnages ou le souci du détail. Sous Henri IV, la Capitale drainait de nombreux artistes étrangers et surtout venant des Flandres.

Notre panneau fait donc partie du cercle très restreint des douze représentations de batailles d'Henri IV connues.
Une seule est entre les mains d'un collectionneur privé, toutes les autres étant conservées dans des institutions muséales.

Références bibliographiques: Collectif, Musée National du Château de Pau, Quinze années d'acquisitions, 1970-1984, éd. RMN, Paris, 1985, pp. 35-38

Kohn. Samedi 15 septembre 2012. Hôtel Le Bristol, Salon Castellane - 112, rue du Faubourg Saint Honoré - 75008 Paris. http://www.kohn.fr