Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alain.R.Truong
Alain.R.Truong
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 50 901 470
Archives
Newsletter
Alain.R.Truong
13 novembre 2013

Paire de cabinets en laque du Japon. Japon, (Kyoto), deuxieme moitie du XVII° siecle.

blue-and-white-porcelain-vase-with-shou-characters-qing-1383053355625233
blue-and-white-porcelain-vase-with-shou-characters-qing-1383053355971311
blue-and-white-porcelain-vase-with-shou-characters-qing-1383053356398060
blue-and-white-porcelain-vase-with-shou-characters-qing-1383053356902395
blue-and-white-porcelain-vase-with-shou-characters-qing-1383053357338190

Paire de cabinets en laque du Japon. Japon, (Kyoto), deuxième moitie du XVII° siècle. Photo courtesy Europ Auction

Ils ouvrent par deux portes en façade a charnières lancéolées de bronze dore, les coins et les angles renforces, avec deux poignées de transport sur les faces latérales.
La serrure, placée au milieu du panneau central, est solidaire du montage intérieur.
Chaque coffre renferme 10 tiroirs, chacun avec un décor particulier, indépendant de la composition générale, a boutons de tirage de bronze dore et fond d’aventurine.
Chaque plan est borde d’un cadre sang-de-boeuf semé de poussière d’or.
Il délimite un large espace, légèrement en ressaut, a fond noir.
L’un des deux coffres a reçu un décor de paysage anime, avec des maisons le long d’une cote.
Il est entièrement traite en camaïeu d’or et d’argent.
Le second présente des coqs, toujours avec des camaïeux d’or et d’argent, en fort relief sur le panneau supérieur, mais avec des renforts rouge et blanc tres marques, notamment par une fleur qui éclaire la façade.
H. 77, L. 93, P. 52 cm. Pas d'estimation

Provenance: nos coffres ont été redécouverts dans une demeure du centre de la France, propriété acquise en 1683 d’Anne de Gonzague, princesse de Clèves, par Jean-Baptiste Colbert (le grand ministre de Louis XIV), deux jours avant sa mort, et restée dans sa descendance depuis.
Les coffres sont attestes depuis le XVIII° siècle au château.
L’histoire des coffres japonais offre un bon exemple des allers-retours culturels entre Orient et Occident.
En effet, initialement ces coffres (ou cabinets) ne sont pas indigènes de l’archipel nippon ou du continent chinois.
Leur structure a été inspirée aux artisans sino-japonais par les premiers échanges avec les marins espagnols ou portugais au XVI° siècle.
Ces derniers avaient importe avec eux des meubles de leurs pays, les fameux « cabinets » dits « barguenos », eux-mêmes hérités de la conquête arabe !
Les ouvriers asiatiques s'emparèrent donc de la forme, en modifiant l’apparence.
En noyer massif, ou a marqueterie de nacre et d’ivoire en Europe, ils reçurent en Asie un revêtement de laque, matière inconnue dans ses contrées d’origine. Des lors, sous ce nouvel aspect, les cabinets ou les coffres suscitèrent un véritable engouement en Occident (Fig.1), engouement dont les différentes compagnies marchandes faisant le trafic avec l’Orient surent profiter.
Les Japonais, comme d’ailleurs les Chinois, renchérirent en créant des styles particulièrement adaptes a l’exportation, comme le « Namban » (qu’on peut traduire par « pour les barbares du Sud »).
Si le terme n'était guère louangeur, cet art a suscite depuis l'intérêt des Japonais au point d'être inscrit parmi les « trésors nationaux ». Exotiques et précieux, les meubles en laque étaient d’autant plus chers qu’ils étaient rares.
Et la production japonaise se raréfia avec la fermeture de l'île aux occidentaux (1638).
Objets de luxe, paravents ou cabinets étaient apprécies pour leur matière plus que pour leur fonction.
Aussi des le début du XVIII° siècle, ils devinrent l’objet d’une véritable traite (Fig. 2), tout comme les castors Amérique pour leur fourrure.
On les dépeça pour en plaquer des meubles, et on tenta d’en faire des ersatz, au même titre qu’on obtint une « porcelaine » tendre (avant de découvrir le secret de la « vraie » porcelaine avec l’utilisation de kaolin).
Les marchands-merciers achetaient les cargaisons a leur arrivée au port, et distribuaient ensuite a des ébénistes choisis des panneaux ou des morceaux dont ceux-ci plaquaient leurs meubles. Sous Louis XVI, on devrait dire sous Marie-Antoinette, des artisans comme Carlin ou Riesener se firent une spécialité de ces travaux délicats, mélangeant laques asiatiques, marqueterie précieuse, vernis européens et bronzes dores.
La Reine elle-même collectionnait les objets en laque qu’elle exposait dans ses appartements prives.
Les laques les plus appréciés étaient les « vieux laqs du Japon » dont il est vrai, la qualité était la plus belle.
Leur fabrication requerait un grand soin pour obtenir une matière exempte de tout défaut et particulièrement solide. Plusieurs étapes étaient nécessaires : a chaque passage, il fallait poncer, puis appliquer l’or et les couleurs,
etc.
Le résultat faisait apparaître des motifs en reliefs très prononces, caractéristiques, allies a une grande subtilité de tons.
Les paires sont une mode européenne plus qu’asiatique.
Les piètements ont été spécialement fabriques pour ces coffres au XIX° siècle. Faut-il imaginer qu’ils ont été réunis a cette époque Ou bien qu’ils étaient autrefois présentés plus classiquement sur une table de bois précieux ou dore En effet, sur le célèbre portrait de la marquise de Montespan dans son château de Glagny, on voit la galerie avec des cabinets japonais. Posés sur des consoles de bois dore, marquant a l'évidence l'intérêt et la fascination de l’aristocratie et de la Cour de France, pour ces merveilles du bout du monde.

Europ Auction.Mercredi 13 novembre 2013. Drouot Richelieu - Salle 1 - 9, rue Drouot - 75009 Paris

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité